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Dans le rétro – Frank Hadow, l’in­ven­teur du lob

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Dans le rétro, quelques balles le long des lignes. Quelques joueurs ayant fait l’Histoire. Des anec­dotes, des matchs, des lieux : le tennis écrit depuis long­temps sa légende. Parce qu’au­jourd’hui ne se comprend qu’à travers hier, parce que les histoires sont belles, WLT vous propose de revivre, les lundis et jeudis soir, certains grands moments de tennis. Aujourd’hui, l’in­croyable victoire de Frank Hadow à Wimbledon en 1878.

Nous sommes en 1878. Le tennis n’existe pas, ou presque. Le All England Club, qui avait orga­nisé pour la première fois le tournoi de Wimbledon l’année précé­dente, remet le couvert cette fois encore. Ils sont 34 à se présenter en début de compé­ti­tion. Ils sont 34 pour rentrer dans l’his­toire, même s’il ne le savent pas encore. Alors que les habi­tués, néo‐passionnés et rési­dents du coin se sont préparés à l’événement, c’est fina­le­ment Frank Hadow, un paysan en vacances, qui leur souffle le trophée à la surprise géné­rale. Et qui révo­lu­tionne le tennis.

La trajec­toire du bonhomme est pour le moins surpre­nante. Né en 1855 à Londres, Hadow habite désor­mais à Ceylan, futur Sri‐Lanka, alors colonie britan­nique, où il est culti­va­teur. Le tennis ? A ce moment là, l’Anglais ne sait proba­ble­ment même pas ce que c’est. Il préfère le cricket, qu’il pratique beau­coup avec ses frères. Et c’est lors d’un voyage à Londres, où il passe des vacances, qu’il tente le pari fou de jouer Wimbledon avec l’un d’eux. Il a alors 23 ans. 

Personne n’y avait encore pensé

Le vain­queur précé­dent, Spencer Gore, attend tran­quille­ment son adver­saire. A l’époque, le tenant du titre était en effet direc­te­ment qualifié pour la finale, et les autres parti­ci­pants s’af­fron­taient dans un tournoi paral­lèle qui dési­gnait son adver­saire. C’est là que Frank Hadow s’ap­prête à jouer. S’apprête à gagner. Déconcertant d’ai­sance, il balaye un à un ses adver­saires, sans perdre le moindre set, pour parvenir jusqu’à cette petite finale. Et le scénario se répète : 6–4 6–4 6–4. Aussi surpre­nant que cela puisse paraître, le voilà en finale contre Spencer Gore, dont le jeu agressif fait trem­bler tous ses adver­saires. Et là, l’Anglais invente quelque chose. « Avec un homme de grande taille, aux longues jambes et aux bras tenta­cu­laires au filet, la balle me reve­nait aussi vite que je l’avais frappée », explique‐t‐il. Face aux filets de l’époque, plus hauts qu’au­jourd’hui et ne faci­li­tant pas les passings, il tente alors d’en­voyer la balle par‐dessus son adver­saire : le lob est né. C’est systé­ma­tique : à chaque montée de Gore, Hadow le lobe. Usant et abusant de cette nouvelle arme, il remporte sa finale et s’ad­juge Wimbledon, 7–5 6–1 9–7. Les montées au filet ne seront désor­mais plus jamais les mêmes. 

Et c’est sur cette géniale inspi­ra­tion, dont il s’étonne que personne n’y ait pensé avant lui, qu’il met fin à sa très courte carrière de tennisman. Un sport de « poule‐mouillée à balle molle », pour lui. Ce n’est qu’en 1926 qu’il reviendra à Wimbledon, invité par les orga­ni­sa­teurs pour les 50 ans du tournoi. Un tournoi, un titre, au revoir Monsieur. Depuis, la tech­nique du lob a été revue, corrigée, améliorée. Pour vous, et en mémoire de cet impro­bable joueur, voici quelques‐un des plus beaux lobs jamais vus sur le circuit.

Ceux de Norman et Federer sont aussi à voir !

Retrouvez le premier numéro de cette série Histoire : « Dans le rétro n°1 : Bruguera / Champion, 1993