Photo Médiathèque de la mer
Dans le rétro, quelques balles le long des lignes. Quelques joueurs ayant fait l’Histoire. Des anecdotes, des matchs, des lieux : le tennis écrit depuis longtemps sa légende. Parce qu’aujourd’hui ne se comprend qu’à travers hier, parce que les histoires sont belles, WLT vous propose de revivre, deux fois par semaine, certains grands moments de tennis. Aujourd’hui, l’incroyable histoire de Richard ‘Dick’ Williams, naufragé du Titanic en 1912.
« Nous étions sur le pont et nous regardions les canots de sauvetage se remplir. L’eau était presque arrivée jusqu’à notre taille et le paquebot vivait ses derniers moments. Soudain, une des grandes cheminées est tombée. J’ai bondi en m’efforçant d’emmener mon père avec moi. La cheminée a été emportée par une vague et mon père avec ». L’histoire de Richard Norris Williams est à peine croyable. Malgré son naufrage avec le Titanic et les nombreuses heures passées dans l’eau gelée, ce jeune tennisman américain parvient à s’en sortir. Et remporte même l’US Open deux ans plus tard.
Alors qu’il n’a que 21 ans, et que sa carrière débute à peine, Dick Williams – comme il est surnommé – décide de partir pour Harvard pour terminer ses études. Le hasard le fait embarquer sur le Titanic, où il perdra son père, à l’origine de la fondation de l’ITF. Lui est contraint d’attendre plusieurs heures dans l’eau glacée, attaché à un morceau de bois qui flotte. « C’était un bateau démontable. Je m’y suis accroché, l’eau était jusqu’à ma taille. Environ trente d’entre nous s’y sont accrochés. Quand le bateau de sauvetage est arrivé, nous n’étions plus que onze à être vivants », explique‐t‐il plus tard dans un ouvrage. Repêché par le Carpathia après avoir lutté pour sa survie, Richard ne sent plus ses jambes, menacées par la gangrène. Sur le bateau, les médecins proposent alors une amputation.
Un autre tennisman s’en sort… et affronte Williams
Pour lui, c’est impossible. Il refuse l’amputation, expliquant qu’il a tout simplement besoin de ses jambes s’il veut poursuivre sa carrière. « Pendant le voyage qui a suivi, je me promenais en permanence sur le pont, même la nuit. Je me levais toutes les deux heures pour marcher un petit peu plus. » Williams veut y croire. Et il a raison. L’Américain se remet sur pied, reçoit son diplôme à Harvard et, surtout, remporte les Internationaux des Etats‐Unis – sur gazon à l’époque – en 1914, un an après avoir atteint la finale. Ironie du sort, il y croise en quart de finale son compatriote Karl Behr, qui était lui aussi à bord du Titanic ! Les deux joueurs s’étaient même rencontrés pour la première fois à bord du Carpathia, leur bateau de sauvetage.
Richard Williams remporte le trophée pour la deuxième fois en 1916. Devenu numéro quatre mondial, il est aussi médaillé d’or au Jeux Olympiques de 1924 en double mixte avec Hazel Hotchkiss. Il s’adjuge aussi cinq fois la Coupe Davis – qu’il remporte aux côtés de Karl Behr – et devient même capitaine de son équipe plus tard. Pour sa participation active à la seconde Guerre Mondiale, il est décoré en France de la légion d’honneur et de la Croix de guerre. Il entre au Hall of Fame en 1957, douze ans avant Behr qui y fera son entrée en 1969. Devenu banquier, il s’éteint le 2 juin 1968 au terme d’une vie aussi chargée que surprenante. Une vie… titanesque.
Retrouvez les premiers numéros de cette série Histoire :
« Dans le rétro n°1 : Bruguera / Champion, 1993″
« Dans le rétro n°2 : Frank Hadow, l’inventeur du lob »
« Dans le rétro n°3 : Chang / Lendl, 1989″
« Dans le rétro n°4 : Vilas, Nastase, et des spaghettis… »
« Dans le rétro n°5 : 1973, match nul à Roland Garros »
« Dans le rétro n°6 : Chris Evert, reine de la terre battue »
Publié le mardi 6 août 2013 à 08:58