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Federer et la ques­tion du « style »

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Posté à 14h00, repro­posé à 17h45

Nos recherches sur Roger Federer, en vue de la sortie de notre livre « Roger, mon amour », nous ont amenés à visionner beau­coup de vidéos, lire encore plus d’in­ter­views et compulser un nombre incroyable de ses prises de parole. Ainsi, derniè­re­ment, nous avons ressorti un entre­tien donné au Temps, en avril ou mai dernier. Roger y parle du style. Le style, pour Charles Bukowski, fameux écri­vain améri­cain, c’est ça : « Le style est la réponse à tout. L’approche neuve d’une chose terne et dange­reuse. Mieux vaut faire une chose terne avec du style qu’une chose dange­reuse sans style. Faire une chose dange­reuse avec style, c’est ça l’art. J’ai vu des chiens avoir plus de style que les hommes. Bien que peu de chiens aient du style. Le style, c’est une diffé­rence. Une façon de faire, une façon d’être. » Le point de vue de Roger sur la ques­tion est le suivant – pour ceux qui ne l’avaient pas lu il y a quelques mois…

« Au début de ma carrière j’ai essayé de jouer de manière… je ne vais pas dire belle… mais avec une tech­nique qui me plaise et me corres­ponde. Je me souviens que je regar­dais beau­coup mes matchs pour voir comment jouer au mieux tacti­que­ment. Et je me disais que je ne voulais pas être un deuxième Sampras, un deuxième Edberg en revers ou un deuxième Becker au service. Je tenais à avoir mon propre style. Et plus je suis devenu musclé et fort physi­que­ment, plus j’ai pu varier et jouer de diffé­rentes façons. Si je prends le revers, par exemple. Au début je le passais davan­tage avec le corps alors que main­te­nant je peux le faire plus avec le bras et le poignet. Du coup, c’est plus beau. Même si c’est plus brusque aussi. En effet, aujourd’hui, on n’a plus le temps d’adopter la posi­tion clas­sique qui consiste à mettre la jambe gauche en avant sur le coup droit et la droite sur le revers. On joue désor­mais les jambes écar­tées. Je suis donc surpris de parvenir à garder malgré cela une certaine élégance. Grâce à un travail physique de mon jeu de jambes, j’arrive à me déplacer élégam­ment. Parvenir à bouger d’une façon qui plaît aux gens est inté­res­sant. […] Je me souviens que je regar­dais, plus jeune, des joueurs monter au filet. Je trou­vais ça telle­ment beau à voir. Une volée un peu diffi­cile suivie d’un coup gagnant. C’était des choses que j’appréciais aussi pour leur côté esthé­tique. Comme le slice. Ce n’est pas pour rien que ça a toujours été mon coup favori. »