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BENOÎT PAIRE, L’INTERVIEW !

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Une matinée enso­leillée, une terrasse de restau­rant et une plage guade­lou­péenne à quelques pas. Benoît Paire termine son petit‐déjeuner et vient s’assoir à notre table : le voilà prêt à parler. La vérité, toute la vérité, rien que la vérité. Alors qu’on lui donne une image de joueur mal élevé, colé­rique et ingé­rable, c’est un jeune homme souriant, cour­tois et droit qui se présente à nous. L’espoir terrible du tennis fran­çais est un garçon formi­da­ble­ment sympa­thique. Et franc. Très franc. Tous les sujets y passent : ses débuts diffi­ciles ; ses problèmes de compor­te­ment ; son style de jeu ; ses ambi­tions… Jusqu’à son clash avec Michael Llodra, à Miami. Sans oublier son admi­ra­tion pour Roger Federer et son amitié avec Stanislas Wawrinka. Portrait d’un très beau caractère.

Un entre­tien à retrouver dans GrandChelem 33, le dernier numéro spécial chaussures.

Benoît, j’ai pu lire que tu avais hésité entre deux sports quand étais plus jeune : le tennis, évidem­ment, mais aussi le foot – comme beaucoup…

C’est vrai ! Plus jeune, je jouais au foot et au tennis. Le tennis, parce que mon père était Président d’un petit club. Du coup, forcé­ment, j’ai commencé assez tôt, à l’âge de cinq ans, comme mon frère. Et le foot, c’est l’un des sports que j’ado­rais. Mais, au bout d’un moment, c’est devenu compliqué de prati­quer les deux.

Qu’est ce qui a fait pencher la balance en faveur de la petite balle jaune ?

C’est simple : si j’avais choisi le foot, j’au­rais dû partir dans un centre de forma­tion dès l’âge de 13 ou 14 ans, assez loin de ma famille. Or, moi, j’étais très, très proche de ma famille. Le choix s’est fait là‐dessus. Le tennis, je pouvais y jouer chez moi, tran­quille­ment, avec mes parents et mon frère. Franchement, je ne me sentais pas prêt à partir. C’est ça qui a condi­tionné mon choix.

C’est fort, cette proxi­mité fami­liale… On sent que c’est quelque chose qui régit ta vie.

Oui, abso­lu­ment, c’est vrai­ment très impor­tant pour moi. J’ai mes parents au moins trois fois par jour au télé­phone (rires) ! Mais j’en ai besoin, c’est mon cadre de vie. Il faut que je leur parle souvent. Leur soutien est primor­dial. C’est vrai­ment ce qui m’a manqué, quand j’étais au CNE. Mais je pense que l’on y reviendra, non ? (Sourire)

En effet, c’est au programme ! (Rires)

Voilà, moi, ça a été un petit peu dur cette période. Quand je suis rentré dans le sud et que j’ai trouvé mon entraî­neur à Aix‐en‐Provence, j’ai à nouveau été très proche d’eux, il y a une compli­cité qui s’est recréée. Pour moi, c’était top.

Après avoir débuté dans le club de ton père, tu es allé à l’Académie Sophia Antipolis. Ça s’est fait comment ?

En fait, jusqu’à l’âge de 13 ou 14 ans, je faisais partie des meilleurs joueurs fran­çais. Du coup, je m’en­traî­nais avec des bourses de la Fédération. A partir de 15 ans, j’ai un peu lâché… Je ne m’en­traî­nais plus beau­coup, je n’étais vrai­ment pas sérieux, je m’éner­vais énor­mé­ment sur le terrain. J’ai commencé à régresser petit à petit. Jusqu’à ne plus être que le 20ème joueur de ma caté­gorie d’âge. Là, tu imagines bien que j’ai commencé à douter. Est‐ce que j’ar­rê­tais le tennis ? Est‐ce que je repre­nais le foot ? J’étais perdu. Et je ne te parle pas des études… Ce n’était vrai­ment pas ça ! Je détes­tais. C’est à ce moment qu’une personne proche de mon père est venue le voir et lui a dit : « Ecoute, je crois en Benoît, moi. Je pense qu’il peut faire quelque chose là‐dedans. Je suis prêt à lui payer une année où il le souhaite. » Au début, mes parents ont un peu hésité. Mais ils se sont dit que je n’étais pas bien du tout et qu’il fallait faire quelque chose. Ils ont accepté… et j’ai choisi d’aller à Sophia Antipolis, chez ISP, puisque c’était dans le sud. Ca a été un petit déclic : je me suis rendu compte à quel point l’en­traî­ne­ment était impor­tant. En plus, c’était quel­qu’un d’autre que mes parents qui payait… Je me devais de ne pas faire n’im­porte quoi. Je n’avais pas le droit de gâcher ce que le mec faisait pour moi. Je suis devenu plus sérieux. Et ça a payé, puisque, cette année‐là, j’ai gagné mes deux premiers tour­nois juniors au Cap d’Ail et à Istres. J’ai même gagné un tournoi Future un peu plus tard. 

Le Cap d’Ail, c’est une histoire un peu dingue… Tu décroches une wild­card, tu débarques de nulle part… et tu gagnes !

Oui, comme tu dis, c’est dingue (rires). En plus, je n’ai pas reçu la wild­card parce que je jouais parti­cu­liè­re­ment bien au tennis. En fait, comme je m’en­traî­nais à Sophia Antipolis, j’étais très proche de Léo Dominguez, le fils de Patrice (NDLR : à l’époque DTN). Léo a parlé à son père en lui disant : « Voilà, il y a un gars qui joue vrai­ment très bien à l’académie… »

Ah ! C’est une histoire de pistons en fait ! (Rires)

Oui, c’est ça, un piston (rires) ! Enfin bon, Patrice ne m’a pas filé une wild­card simple­ment parce que son fils lui a parlé. Il a d’abord appelé Charles Auffray (NDLR : Directeur de l’ISP Tennis Academy) pour lui demander si j’étais un bon joueur et si on pouvait me la donner. Charles lui a dit « c’est bon ». Premier set là‐bas, je prends 6–0. Là, je pense : « Merde, qu’est‐ce qui se passe ? » Puis, fina­le­ment, je me reprends et je gagne le match, ensuite le tournoi, avant d’enchaîner avec Istres où je gagne égale­ment. C’est une histoire assez sympa pour moi ! (Rires)

Tu vis rapi­de­ment une autre belle expé­rience : les Championnats de France Juniors. Tu y atteins la finale, où tu perds contre Guillaume Rufin…

C’était parti­cu­lier, puisque je venais de gagner mon premier tournoi Future à Bourg‐en‐Bresse. Du coup, les gens se deman­daient ce que je venais faire dans un tournoi junior. Est‐ce que j’au­rais dû faire l’impasse ? Pour moi, ça restait quelque chose d’im­por­tant. Guillaume a fait une super finale. Ce jour‐là, il a vrai­ment très bien joué. J’ai été un peu tendu, d’ailleurs, quand j’ai compris que j’al­lais perdre. J’ai pris trois points de péna­lité ! Ca a fait toute une histoire, parce que mon compor­te­ment n’était pas bon. A partir de là, mes parents en ont souf­fert ; on commen­çait à dire : « Benoît Paire, il n’y arri­vera jamais. Dans sa tête, il est trop faible. » Bon, aujourd’hui, je regarde le clas­se­ment, je suis 33ème mondial.

« Quand j’étais jeune, mon compor­te­ment n’était pas bon. Mes parents en ont souf­fert ; on commen­çait à dire : « Benoît Paire, il n’y arri­vera jamais. Dans sa tête, il est trop faible. » Bon, aujourd’hui, je regarde le clas­se­ment, je suis 33ème mondial. »

Quand tu as intégré le CNE (Centre National d’Entraînement, à Roland Garros), tu as décou­vert une toute autre dimen­sion ? Avec l’éloi­gne­ment de ta famille…

Sophia, c’était déjà un peu loin (sourire). Mais je pouvais rentrer tous les week‐ends. J’étais avec de très bons amis, j’avais des copains qui étaient à l’aca­démie depuis deux ans, ça se passait vrai­ment très, très bien. Et puis, là, le CNE… Je me suis retrouvé à Paris, tout seul. J’ai eu du mal à le supporter. D’autant que les parents sont vrai­ment mis à l’écart, c’est l’en­traî­neur, et seule­ment l’entraîneur, qui encadre les jeunes. Moi, je ne fonc­tion­nais pas comme ça. Alors si tu ajoutes mon départ préci­pité du CNE, au moment du chan­ge­ment de DTN, parce que je n’entrais plus dans les plans de la Fédération… Bref, je ne garde fran­che­ment pas des souve­nirs impé­ris­sables de cette période.

Oui, mais, au final, ce fut un mal pour un bien ?

Un peu, oui, mais ça a été un vrai choc. J’ai arrêté le tennis les deux mois qui ont suivi. Je n’étais pas très bien classé, top 500 ou top 600. Je me suis carré­ment demandé si j’al­lais conti­nuer. Il fallait abso­lu­ment retrouver une struc­ture pour s’en­traîner, trouver un coach, ce qui n’est jamais facile. Je suis allé voir Rodolphe Cadart, à Aix‐en‐Provence. Il avait une petite struc­ture d’en­traî­ne­ment de quatre ou cinq joueurs. Il m’a proposé de faire un essai. Essai concluant, puisque j’y ai rencontré Lionel Zimbler, mon entraî­neur actuel, qui venait de se faire virer de Lagardère et qui était dans la même situa­tion que moi. Rodolphe nous a permis de faire connais­sance pour voir s’il y avait un truc à faire. On s’est découvert…

Et vous avez eu le feeling !

Oui, le feeling, tout de suite ! Moi, j’étais très tendu pendant cet entraî­ne­ment. Je m’éner­vais dès que je loupais un coup. On a fait une réunion où l’on a discuté. Très rapi­de­ment, il m’a dit : « Ok, je suis prêt à accepter le chal­lenge et à bosser avec toi. » Résultat, aujourd’hui, ça a plutôt bien marché. Je suis 33ème alors que j’étais 500ème quand on a commencé.

Aujourd’hui, tu es 33ème, en effet. J’ai pu lire que, plus jeune, ton but était de « tout faire pour percer »…

Quand ça ? A quel âge ?

Lors de ton passage au CNE.

Peut‐être. Ce n’était pas à l’ISP, ça, c’est sûr (sourire).

C’est une belle réussite…

C’est clair. Mais ça a été très dur, surtout quand j’étais jeune. Tout le monde disait que je n’avais pas d’avenir avec mon compor­te­ment, que je ne m’en sorti­rais jamais et que ça ne servait à rien d’espérer… Mes parents ont dû entendre des choses qui… C’est vrai que c’était mérité, je ne peux pas le nier ! Mais il faut bien comprendre que j’avais aussi une énorme envie de gagner. J’étais vrai­ment très triste à chaque fois que je perdais un match. Ok, je m’éner­vais. Mais on peut se cana­liser et progresser dans ce domaine, à force d’efforts. Comme quand on a un mauvais revers ou un mauvais coup droit. On peut bosser. Et ça peut même devenir un point fort au final. Aujourd’hui, je déteste toujours autant la défaite. Mais je m’énerve fran­che­ment moins. Et c’est une belle revanche par rapport à toutes ces personnes qui affir­maient que je n’y arri­ve­rais jamais…

A quoi tu l’attribues cette réussite ?

Beaucoup à ma famille. A mes premiers entraî­neurs, égale­ment, certains plus que d’autres. Mais, surtout, à mon coach actuel, Lionel Zimbler, avec qui j’ai quasi­ment tout appris du circuit…

Tu peux nous décrire cette rela­tion parti­cu­lière que tu entre­tiens avec Lionel ?

Il m’écoute, c’est ultra impor­tant. Il est là pour moi et il essaie de me comprendre. Il n’est pas là pour m’asséner des vérités toutes faites : « Tu fais comme ça et tu vas y arriver. » Il me prend comme je suis et tente de me faire progresser dans les domaines où il voit que j’ai des problèmes. Toujours en dialo­guant, toujours en discu­tant. Il cherche à savoir pour­quoi je m’énerve, par exemple. Il va toujours à la source des problèmes. Et puis, il n’y a pas un seul truc de ma vie qu’il ne sait pas. Ca aussi, c’est impor­tant. C’est grâce à ça que j’ai progressé.

En fait, tu as besoin de t’exprimer…

Exactement ! Je me souviens, l’année dernière, ici (NDLR : au Gosier, en Guadeloupe), on a discuté pendant trois heures sur la digue. On s’est posé les bonnes ques­tions : pour­quoi et comment je pouvais m’énerver autant sur le court. A l’époque, j’étais en sous‐confiance et j’avais l’im­pres­sion de ne plus pouvoir faire un revers. Or, le revers, à mon sens, c’est mon point fort. J’étais dans un état de détresse terrible, je me disais : « Putain, je ne saurai plus jamais faire un revers de toute ma vie… Qu’est‐ce qui m’ar­rive ? » Toujours dans la demi‐mesure, quoi ! (Rires) Et, grâce au dialogue, c’est formi­dable, on a réglé tout ça… La semaine d’après, j’ai bien joué, le problème avait été solu­tionné. Je pense que c’est impor­tant d’avoir un entraî­neur qui tente de comprendre son joueur.

Tu évoques ton revers… Ca tombe bien, je voulais te parler de ton style de jeu. On peut te définir comme un joueur d’attaque…

Oui, je parle­rais d’attaque égale­ment. Mais, évidem­ment, ce n’est pas aussi simple. Je peux aussi très bien défendre. Mais je me consi­dère quand même plus comme un attaquant.

Tu es une espèce en voie de dispa­ri­tion quand on regarde le haut du clas­se­ment ATP. Les meilleurs, Djokovic, Murray ou Nadal, se basent sur de très grosses capa­cités défen­sives. Comment tu fais pour garder ce style de jeu alors que la donne est à l’uni­for­mi­sa­tion vers la défense ?

Parce que j’ai une frappe de balle qui est quand même assez lourde et diffé­rente des autres. J’ai une arme, aussi : le service – et c’est une arme très impor­tante. Si on sert bien, on a forcé­ment des balles plus faciles et plus courtes à jouer, ce qui nous pousse à rentrer dans le court et aller vers l’avant. Bien sûr, Djokovic, Murray, c’est avant tout défensif ou de l’attaque du fond du court. Mais si on regarde d’autres joueurs, il y a quand même pas mal d’at­ta­quants, je trouve. Ce qui fait la diffé­rence avec moi – et j’ai­me­rais que ça la fasse encore plus, la diffé­rence –, c’est cette lourde frappe de balle, d’une part, et ma volonté de créer du jeu, d’autre part. Faire des amor­ties et jouer, avant tout, des balles toujours diffé­rentes. Toujours. Je ne veux pas que le mec soit réglé sur un style de frappes et qu’il soit constam­ment sur la défen­sive, comme le fait Djokovic, scotché sur sa ligne. J’essaie de varier le jeu et de ne jamais jouer deux balles simi­laires à la suite. C’est ce qui m’a permis d’être 33ème mondial. Et ce qui me permet d’espérer plus. Bon, c’est vrai que je fais quand même beau­coup plus de fautes que ces mecs‐là (rires). Si j’ar­rive à en faire moins… Peut‐être que je me rappro­cherai d’eux… Mais… Moi, je suis un atta­quant, j’aime les amor­ties, j’aime les coups droits gagnants, j’aime la varia­tion. C’est mon style de jeu.

« Moi, je suis un atta­quant, j’aime les amor­ties, j’aime les coups droits gagnants, j’aime la varia­tion. C’est mon style de jeu. »

Pourtant, ta surface préférée, c’est la terre battue ? Ce n’est pas un peu paradoxal ?

Non, parce que j’aime avoir le temps de jouer. J’aime pouvoir créer du jeu. Quand je suis sur dur inté­rieur, par exemple, je sers et le retour arrive très vite. Est‐ce que j’ai le temps de faire ce que je veux ? Non. Alors que, sur terre battue, je peux servir et, derrière, m’organiser pour frapper la balle correc­te­ment. Et, ça, j’aime ! 

La terre battue… Le sujet est lancé ! Comment tu comptes te préparer cette année ?

Ca va être une prépa­ra­tion assez courte. Je n’ai pas besoin de trop m’en­traîner pour arriver à être à mon meilleur niveau sur terre. Je m’habitue et m’adapte très rapi­de­ment au chan­ge­ment, en deux ou trois sessions. Pour le reste, je pense que ce sont les matches qui font la différence.

Tu ne rencontres aucune compli­ca­tion particulière ?

Non. J’ai les réflexes. La terre, c’est ma surface. C’est plus diffi­cile pour moi de passer sur dur, par exemple, j’ai plus de mal à prendre la balle. Alors que, sur terre, non ! Direct, je vais glisser et je vais me sentir bien. C’est plus en termes de physique que c’est moins évident. Les rallies durent un peu plus long­temps. Mais rien ne vaut les matches pour s’y préparer. Je vais jouer prati­que­ment toutes les semaines jusqu’à Roland pour essayer d’être bien physi­que­ment. Je n’ai pas besoin d’une grosse adap­ta­tion. D’autant que je ne suis pas, non plus, un immense fan de l’en­traî­ne­ment (rires). Ce n’est pas parce que je vais entrer sur un court en ayant peu d’entraînements derrière moi que je vais partir battu ou voir mes ambi­tions à la baisse. Non. J’arrive en me disant que je peux gagner et que ce sera toujours un match de plus sur terre. Il y a d’autres joueurs, comme Stan’ (Wawrinka) par exemple, qui ont besoin de trois à quatre semaines d’en­traî­ne­ment pour commencer à jouer. Ce n’est pas mon cas !

J’ai évoqué le sujet avec Edouard (Roger‐Vasselin), un de tes amis. Lui consi­dères que tous les tour­nois précé­dant Roland Garros ne sont rien d’autre qu’une prépa­ra­tion pour notre Grand Chelem national…

Edouard, il n’a pas pu dire ça ! Ce n’est pas possible !

Je te le jure, il a même été catégorique…

Il a dit que c’était de la prépa­ra­tion pour Roland ? (Rires)

Tout ce qui est joué avant ne vise qu’un objectif : Roland Garros.

Oui, euh… Moi, je ne suis pas trop d’ac­cord. A mon sens, tous les tour­nois sont impor­tants. Pour moi, en tout cas. Parce que, pour l’ins­tant, je ne suis pas tête de série dans les Grands Chelems. J’en ai déjà fait l’ex­pé­rience à Melbourne. J’arrive là‐bas, je me sens super bien, je sors d’une demi‐finale à Chennai. Je m’étais préparé pour ça, quoi ! Et je tire Federer au premier tour. Je prends 6–2 6–4 6–1, je passe complè­te­ment à côté. Je ne pouvais pour­tant pas mieux préparer l’Australie que je ne l’avais fait. Pourtant, je prends une tôle face à Federer au premier tour, alors que Melbourne, c’est quand même plus impor­tant que Chennai. Alors tu imagines, je ne suis pas tête de série et je prends Nadal à Roland, au premier tour… Toute ta prépa­ra­tion ne t’a servi à rien ? C’est pour ça que je préfère vrai­ment me dire que chaque tournoi est impor­tant. On peut se retrouver à l’emporter, gagner 250 points et passer 25ème mondial. C’est quand même quelque chose de beau. Même Casablanca est très impor­tant pour moi. Parce qu’à Roland, je ne peux pas arriver et me dire que je vais tout gagner. Alors qu’à Casa, c’est possible.

Tu préfères faire finale à Casa que troi­sième tour à Roland, par exemple ?

Honnêtement, oui. Je préfère jouer des finales et des demies. Je veux gagner le plus de points possibles avant d’en­vi­sager un meilleur résultat à Roland !

D’ailleurs, puisqu’on l’évoque, c’est quoi ton ambi­tion Porte d’Auteuil, cette année ?

Une deuxième semaine là‐bas.

Pas facile !

Ça fait beau­coup, oui, mais je me rends compte qu’à Wimbledon, l’année passée, j’ai quand même atteint le troi­sième tour. J’étais à seule­ment un match de la deuxième semaine. Pour moi, ce serait telle­ment beau d’y arriver à Roland Garros, là où je me suis fait virer (rires), là où on m’a dit de partir sans expli­ca­tions ! En tout cas, cet objectif de la deuxième semaine en Grand Chelem, c’est un objectif en 2013. Je suis quand même 33ème mondial. A mon clas­se­ment, il faut réussir aussi de très bons résul­tats en Grand Chelem. Sinon, c’est dur d’avancer.

Pour revenir à la terre battue : c’est quoi, pour toi, une bonne terre ?

Pour moi, déjà, il faut qu’elle soit belle. Qu’elle ait une belle couleur (sourire). Ensuite, il ne faut surtout pas qu’il y ait des faux rebonds. Même s’il y en a toujours quelques uns. Enfin, il ne faut pas non plus qu’elle soit trop rapide, comme à Roland. Attention, la terre battue, là‐bas, elle est bonne, hein, je ne la critique pas ! Mais elle est très rapide, les rebonds sont très hauts, ça se rapproche du dur. Moi, je préfère les terres bien lourdes. 

Si ce n’est pas Roland, ta préférée, c’est laquelle ?

Barcelone, par exemple. En plus, j’aime bien l’am­biance qu’il y a là‐bas, autour du club… C’est vrai­ment un endroit que j’aime bien.

A l’inverse, tu as déjà joué sur des courts impraticables ?

Bof… En Allemagne, par exemple, c’est diffé­rent. La terre battue est faite avec des petits graviers. C’est assez rapide, ça glisse beau­coup… Je n’aime pas trop. 

« Je vise une deuxième semaine à Roland Garros. »

Et il y a un adver­saire qui t’en a fait baver sur cette surface ?

Oh oui… J’ai rencontré Ferrer, l’année dernière, à Roland. J’étais arrivé un petit peu fatigué, parce que j’avais vécu un match assez dur au tour précé­dent. Et là… Ferrer, c’est quand même une machine. Le déborder, sur terre, ce n’est pas simple. Heureusement, depuis, j’ai progressé un peu et j’ai­me­rais bien me jauger par rapport à ces joueurs‐là. Si je pouvais avoir quelques tests de ce genre avant Roland, ce serait bien.

Tu parles de te rappro­cher des meilleurs. Qu’est‐ce qu’il te manque encore ?

Ce qu’il me manque ? (Rires) C’est clair, je pense ! Du physique et du mental. Physiquement, je dois m’améliorer, du haut du corps comme du bas. J’en ai besoin pour être capable d’enchaîner des gros matches. L’année dernière, à Roland, je fais un bon gros match au premier tour contre Ramos, un excellent terrien. Et, au deuxième, j’ai des cour­ba­tures de partout et je n’arrive plus à suivre. Le haut du corps, c’est aussi impor­tant pour être en mesure de servir à fond à la fin d’un match en cinq sets. Mais, menta­le­ment, il y a égale­ment un gros boulot. Il faut que je progresse encore, c’est l’objectif numéro un, parce que j’ai toujours des rechutes. Même si ça va vrai­ment mieux, sincè­re­ment. Pour le reste, ça s’améliore un peu partout petit à petit. J’essaie de faire mon maximum, crois‐moi ! (Sourire) Je dois travailler la volée, le coup droit, mon point faible, et un petit peu mon revers. 

Et pour ce qui est du clas­se­ment en fin de saison, tu as une idée ?

Je n’ai pas d’ob­jec­tifs ! (Rires)

Aucun ?

Non, je n’ai jamais eu d’ob­jec­tifs de clas­se­ment. Je cherche juste à progresser. Bien sûr, mon clas­se­ment, je le regarde à fond, je cherche sans cesse à l’améliorer. Mais je me dis, avant tout, que si je progresse, je finirai par monter. Pour l’ins­tant, ça a toujours marché. Je n’ai­me­rais pas me fixer un objectif, le top 30 ou le top 20 par exemple, pour être vrai­ment déçu, derrière, en cas d’échec. Je préfère ne pas me mouiller. Ne rien dire. Bien sûr, dans un petit coin de ma tête, j’ai une idée…

Si tu as une idée, tu peux bien me la confier, Benoît (sourire)…

(Rires) Oui, bon, c’est vrai. Si je pouvais être tête de série à Roland et passer la barre du top 30 cette année, j’ai­me­rais bien ! Mais si je n’y arrive pas, ce ne sera pas une immense déception. 

Cette montée en puis­sance, ça te rapproche de quelque chose d’un peu plus national et international…

La Coupe Davis (sourire).

Tu lis dans mes pensées (rires) ! Ça doit repré­senter quelque chose pour toi…

Oui, c’est très, très impor­tant, comme pour tout joueur fran­çais. La Coupe Davis, c’est… C’est le Graal.

Le Graal ?

Oui, le Graal. Je ne sais pas comment dire… Mais la malchance, entre guille­mets, d’être joueur fran­çais à l’heure actuelle, c’est qu’on a des mecs, devant, qui sont huitième, 10ème et 12ème mondiaux. Dans n’im­porte quel pays, je serais déjà sélec­tionné en Coupe Davis. Evidemment, c’est un rêve ! J’ai trop envie d’y être ! Mais, pour l’ins­tant, c’est inac­ces­sible. De jouer, j’en­tends ! C’est toujours possible d’être cinquième joueur et j’en serais super heureux. Mais pour jouer un match de Coupe Davis, par contre, il faut limite être top 10 pour l’instant. Ce n’est pas pour tout de suite ! (Rires) Là, je la regarde encore à la télé en me disant que ce sera peut‐être mon tour bientôt… mais ce n’est pas encore le cas.

Tu penses que ton alter­ca­tion avec Michael Llodra, ça peut jouer dans la tête d’Arnaud Clément au moment de faire ses sélections ?

Non. Si je ne suis pas sélec­tionné, c’est juste que les mecs devant moi sont bien meilleurs. J’en ai parlé avec Arnaud, déjà ! On ne s’est pas caché les choses. L’altercation, okay, c’est un truc, mais… (Rires)

« Mika… C’est quel­qu’un qui a été faux avec moi. Il était là, super, super, mais, à la première occa­sion, il m’a insulté sur le terrain. Je n’ai plus envie de parler à un gars qui m’a traité comme ça. C’est un mec qui n’en a rien à foutre des autres. »

On en a déjà parlé dans les médias, mais tu peux nous rappeler ce qui s’est passé à Miami, avec Mika ?

Ce qui s’est passé, c’est simple. Je débute bien la rencontre, je le breake, je fais trois bons jeux. Il ne se passe rien du tout pendant ces trois jeux. Tout le monde était présent, tout le monde peut témoi­gner, même l’ar­bitre. On est à 3–0 en ma faveur, on tourne, on est assis. Et, là, il me regarde et me dit : « Te comporte pas comme un petit merdeux, je ne suis pas Gilles Simon. » Moi, je suis sur le cul, je lui fais : « Qu’est‐ce que tu dis ? Qu’est ce qui se passe ? » Là, il me dit : « Ecoute, tu me dois le respect, j’ai huit ans de plus que toi, donc ferme ta gueule. » Moi, forcé­ment, je lui réponds : « Ecoute, Mika, tu ne me parles pas comme ça, j’suis pas ton chien. » Mais il continue en disant des trucs du genre : « Ah ouais, c’est bien, continue, t’iras loin dans ta carrière ! » Des trucs ridi­cules, quoi ! Alors ok, peut‐être qu’il peut craquer sur un match. Mais, ensuite, qu’il n’aille pas dire dans la presse que c’est moi qui l’ai insulté. L’arbitre a la version, l’ATP a la version. Tout le monde sait ce qui s’est passé ; je n’ai pas dit une insulte. Alors quand j’ai lu dans les médias que je l’aurais traité de « mange‐merde »… Franchement, ça me déçoit encore plus. Il aurait au moins pu avouer la vérité, au lieu de me faire passer pour le mec qui l’insulte – alors que ce n’est pas vrai.

Evidemment, l’ar­bitre et l’ATP ne peuvent pas parler en ta faveur.

Ils ont la version, mais ils n’ont pas le droit de parler, oui.

On n’est pas prêts de connaître la version offi­cielle des faits !

C’est une impasse. Mais je vais te dire, sur le circuit, tout le monde sait ce qui s’est passé. Et tout le monde l’a, la vraie version. Tout le monde sait comment Mika se comporte. Tu peux aller voir n’im­porte quel joueur, n’im­porte quel arbitre et tu auras la vérité. Ce qui m’embête, avec ses mensonges, c’est que tout le monde va encore dire que c’est Benoît qui a mis le feu aux poudres, alors que ce n’est fran­che­ment pas vrai. J’étais devant au score, je faisais un bon début de match, j’étais content. Et là…

Tu parles de cet événe­ment, mais tu gardes le sourire quand même ?

Non, c’est encore trop tôt pour le digérer. C’est quelque chose qui m’a vrai­ment fait souf­frir, parce que je ne m’y atten­dais pas du tout.

Pourquoi ? Parce que, Mika, c’est un gars que tu respectes énormément ?

Oui, Mika, c’est quel­qu’un que j’ap­précie beau­coup. Avec lui, jusqu’ici, ça s’est toujours très bien passé à l’ex­té­rieur. Il aime bien déconner et, moi, je suis aussi un mec comme ça, qui rigole, qui aime bien s’amuser. Mais, d’un coup, me prendre un coup de poignard… Je n’ai pas compris… La veille, on mangeait ensemble, avec les joueurs fran­çais, on s’en­ten­dait super bien… Et, le lende­main, sur le court, au bout de trois jeux, il m’insulte ! 

Tu as dit que tu ne voulais plus parler à Mika. C’était une réac­tion à chaud ou…

Non. Encore une fois, je l’appréciais énor­mé­ment, c’était un ami. Sur le circuit, je m’en­tends bien avec tout le monde, je n’ai pas de soucis avec des joueurs. Je suis quand même plutôt ouvert, alors que ce n’est pas le cas de tout le monde. En‐dehors, on peut déconner, on peut s’amuser. Et, là, Mika… C’est quel­qu’un qui a été faux avec moi. Il était là, super, super, mais, à la première occa­sion, il m’a insulté sur le terrain. Ca ne peut pas passer quand ça vient de quelqu’un que tu appré­cies. On ne fait pas ce genre de choses, non ? On ne dit pas : « Ferme ta gueule » ! Moi, je n’ai plus envie de parler à un gars qui m’a traité comme ça. Pour moi, Mika, c’est un mec qui n’en a rien à foutre des autres, en fait, et qui veut simple­ment gagner son match par n’im­porte quel moyen. 

Tu attends un premier pas de sa part ?

Non, même s’il y a un premier pas, je ne sais pas si je serais capable… Ça a été très dur, parce que je marche beau­coup à l’af­fectif, parce que je suis quel­qu’un de très sensible. Sur le terrain, ça m’a vrai­ment touché. Je savais qu’il le faisait pour gagner le match et pour m’embêter. Même s’il fait un premier pas… Avec mon entraî­neur, on en a pris plein la gueule, ça a pris des propor­tions énormes. Et, à la fin, c’est moi qui me fait limite engueuler… C’est dur.

Ça tient aussi à ta réputation !

Oui, c’est vrai, mais j’ai toujours été impulsif envers moi‐même. Je n’ai jamais insulté le mec en face, je ne me suis jamais battu. Ok, je casse mes raquettes, ok. Mais mon éner­ve­ment, il est toujours en rapport avec moi. Je n’ai jamais dit à quel­qu’un « toi, t’es un enculé » ou un truc comme ça. C’est contre moi.

Mais tu es d’accord avec ton image de joueur colérique ?

Ah mais oui, je suis complè­te­ment d’ac­cord, je sais comment je suis ! Je sais que je peux être un petit con sur le terrain. Mais c’est toujours par rapport à moi, par rapport à mon jeu. Parfois, c’est vrai aussi, je joue un peu en marchant. Franchement, j’ac­cepte tout ce qu’on dit sur moi tant que c’est vrai ! Sincèrement. C’est vrai que je m’énerve, que je suis colé­rique. Mais ça va de mieux en mieux. Si certains m’avaient vu il y a dix ans… Ils se diraient, aujourd’hui, « c’est un ange » ! (Rires) Je suis colé­rique, mais je fais des efforts, crois‐moi. 

On parle de ton côté impulsif. Il y a un autre joueur qui était un peu comme ça dans sa jeunesse. Et pas des moindres… C’est Roger Federer. Toi qui l’as déjà côtoyé, tu lui en as parlé ?

Pour moi, Roger, c’est quel­qu’un de parfait. Alors, bien sûr, si jamais il veut jouer l’après‐midi et que son adver­saire préfère le soir… le match se jouera l’après‐midi (sourire). Mais c’est un homme qui est très, très sympa­thique, très agréable, toujours souriant, qui dit toujours bonjour. Franchement, je le respecte énor­mé­ment. En plus, main­te­nant, c’est quel­qu’un que je connais un peu plus humai­ne­ment. Et non plus comme le gamin fan de son idole. Je joue avec lui, on s’entraîne parfois ensemble. En‐dehors du terrain, il est top.

« Roger, c’est quel­qu’un de parfait. C’est un homme qui est très, très sympa­thique, très agréable, toujours souriant, qui dit toujours bonjour. Franchement, je le respecte énormément. »

Il y a d’autres simi­li­tudes : lui aussi a hésité entre le foot et le tennis…

Oui et il cassait égale­ment toutes ses raquettes. On a quelques points communs, mais bon… Je l’écoute. On discute, notam­ment, du compor­te­ment. L’année dernière, à Roland, on a eu une belle discus­sion à ce sujet‐là. Il m’a raconté qu’il était, lui aussi, très nerveux, plus jeune. Et qu’il avait eu un déclic qui l’avait trans­formé. A partir de ce moment‐là, il a franchi toutes les étapes et il est devenu numéro un ! Bien sûr, je ne suis pas Federer, je ne me fais pas de films là‐dessus, je sais très bien que je ne serai jamais numéro un mondial. Mais, voilà, pour moi, c’est un exemple à suivre, c’est un mec que j’écoute, que je respecte. L’entendre raconter son histoire, parler de son compor­te­ment, de ses pétages de plombs… Quand je le vois aujourd’hui, honnê­te­ment, je me dis que ce n’est pas possible, quoi ! (Rires) C’est qu’il a énor­mé­ment travaillé là‐dessus et que ça a payé. Pourquoi ça ne le ferait pas avec moi ?

J’ai constaté, Benoît, que tu es un joueur qui a beau­coup de meilleurs souve­nirs. Le Cap d’Ail, les qualifs à Roland… Quand on te pose la ques­tion, tu as toujours du mal à répondre clai­re­ment ! (Rires) Alors, fais un effort : si tu dois en retenir un seul et unique ?

(Rires) Bah… des souve­nirs de tennis, comme tu dis, j’en ai plein de bons ! Des fris­sons, j’en ai eu beau­coup. Mais, allez, je fais un effort… Il y en a un qui restera vrai­ment gravé à jamais, c’est ma victoire en double avec Stan (NDLR : Wawrinka, à Chennai, en 2013). Stan, c’est quel­qu’un que j’ap­précie vrai­ment énor­mé­ment, énor­mé­ment. Alors gagner un titre avec lui, en double… J’étais limite plus heureux que si j’avais gagné un titre en simple ! Pour moi, ça repré­sen­tait vrai­ment quelque chose. Faire ça avec lui, gagner avec lui. Je me suis dit « putain »… C’est une amitié en‐dehors du court et, fina­le­ment, même sur le terrain on arrive à profiter et à s’amuser. Toute la semaine, on a été ensemble, on a rigolé et on s’est motivés, on s’est encou­ragés. Ca restera quelque chose de très, très fort. Une victoire en double avec Stan, mon meilleur ami… Trop bon !

Tu anti­cipes mes ques­tions… Comment vous vous êtes trouvés avec Stan’ Wawrinka ?

C’est simple. En fait, mon entraî­neur le connais­sait un petit peu. Il m’a présenté Stan il y a trois ans, sur un tournoi, à Stockholm. Moi, j’étais seule­ment en quali­fi­ca­tions et, à mes yeux, c’était un joueur très fort. Petit à petit, on a commencé à se connaître. Il y a un an, on a passé toute la semaine ensemble, à Chennai, on a bien rigolé, on s’est bien entendus. Il n’y a aucune riva­lité entre nous ! Lui, il est Suisse. Moi, je suis Français. Je suis jeune, lui l’est un peu moins. Notre rela­tion est saine. Quand il gagne un match, je suis super content. 

Il te donne des conseils ?

Oui, il me conseille et, moi, je l’écoute quand il me parle de tennis. Il a quand même été top 10, donc il sait de quoi il parle. On reste ensemble, quand on est en tournoi. On peut se dire la vérité, il sait tout sur moi, je sais tout sur lui. On a une rela­tion de confiance, on sait qu’il n’y aura pas de coups de pute. On s’est déjà joués trois fois, il n’y a jamais eu de problèmes. C’est quel­qu’un de très franc et, ça, c’est impor­tant, parce que je suis aussi comme ça. Il est très sensible égale­ment. On a quelques points communs, même s’il est plus fan de hockey que de foot ! (Rires) C’est vrai­ment un mec sympa.

Entretien réalisé par Simon Alves, au Gosier (Guadeloupe), le 28 mars 2013.