Directeur du Moselle Open, Julien Boutter évoque pour Welovetennis Magazine l’attrait des joueurs caractériels pour un tournoi.
Julien, que pensez‐vous de l’attitude de l’Australien ?
Aujourd’hui, il y a plusieurs façons de faire parler de soi, de générer du buzz et ce qui va avec. Soit on a des résultats sur le court, soit on défraie la chronique de façon permanente en s’appuyant sur les réseaux sociaux. Nick a clairement choisi son camp et je dois dire qu’il a beaucoup de talent et qu’il est plutôt créatif.
Est‐ce que cela veut dire que vous condamnez ses comportements ?
Je n’ai jamais dit ça et l’ATP a des règles très précises, un code de bonne conduite. D’ailleurs, je crois savoir que Nick a été sanctionné quand il a dépassé les limites.
Aimeriez‐vous l’accueillir au Moselle Open de Metz ?
Nick Kyrgios, quel directeur de tournoi n’en voudrait pas ? Je vous le demande. Il est devenu à lui tout seul une véritable attraction, d’autant que sur le court, quoi qu’on en dise, il est inventif. Si on prend son comportement au second degré, c’est même très drôle. Il est devenu un personnage, qu’on l’aime ou pas. Il est clivant, c’est un joueur qui offre de vraies possibilités pour un directeur de tournoi en termes de communication et qui donne donc une belle visibilité à votre événement.
« Kyrgios, quel directeur de tournoi n’en voudrait pas ? »
En 2006, dans un autre style, vous aviez dans votre tableau un certain Marat Safin, qui était lui aussi considéré comme un bad boy…
Sincèrement, il faut comparer ce qui est comparable. Safin a été numéro 1 mondial, il a gagné deux tournois du Grand Chelem [US Open 2000, Open d’Australie 2005, ndlr]. Marat n’était pas vraiment un « bad boy », c’était quelqu’un d’exigeant et c’est pour cela qu’il lui arrivait de dépasser certaines limites. Mais ce n’était jamais antisportif ou pour se moquer de son adversaire du jour. Alors c’est vrai qu’il détient le record de raquettes cassées sur le circuit, mais ça, c’est un détail par rapport à l’immense champion qu’il a été.
Quand il est venu au Moselle Open, tout s’est bien passé ?
Évidemment [rires], Marat est adorable. C’est comme Marcelo Ríos, beaucoup de personnes m’ont expliqué que c’était un sale gosse. Quand j’étais sur le circuit, je l’ai souvent côtoyé, on était même un peu potes, et je n’ai jamais eu de problèmes avec lui, il était charmant. Par ailleurs, je pense que quand tu as beaucoup de talent, tu as souvent un niveau d’exigence qui te pousse à aller plus loin ; et quand tu n’y arrives pas, tu peux débloquer, partir en vrille.
C’est du vécu ?
Non, pas vraiment [rires]. Je pense surtout à mon ami Olivier Mutis qui avait une main de fou, un timing incroyable. Moi, j’étais un peu plus brut, comme on dit.
Publié le vendredi 26 juillet 2019 à 18:00