Grégory Brussot et Martin Besançon sont allés au bout de leur projet puisque le Lawn Tennis Club a ouvert ses portes le mercredi 8 juin. Construire un complexe de tennis sur gazon naturel était un défi incroyable, et ces deux amoureux du jeu service‐volée sont parvenus à l’atteindre tout en respectant les délais annoncés. Maintenant, il faut que tous les passionnés prennent conscience qu’ils peuvent goûter à cette expérience unique de jouer sur herbe et c’est une vraie chance quand on sait combien de courts en gazon dignes de ce nom existent en Europe. Les deux compères nous ont accordés une interview dans GrandChelem 52.
Votre projet est maintenant abouti, c’est un soulagement ?
« Oui, le début du projet date de 2007. Après la lecture d’un sujet dans l’Equipe en juin qui s’intitulait « Pourquoi il n’y a pas de courts en gazon naturel en France », l’idée a jailli. À l’époque je travaillais chez Octagon (NDRL : Octagon est une société de marketing sportif qui organise des événements et gère la carrière des sportifs de haut niveau) et j’avais des contacts à Wimbledon. On a rencontré l’AELTC, l’accueil a été incroyable et le soutien technique aussi. Dans un deuxième temps, il a fallu convaincre les collectivités en Normandie et aussi la FFT. Puis il fallait trouver un terrain à Deauville de six hectares, faire une étude des sols et entamer les travaux qui ont finalement duré deux ans. »
Est‐ce que l’on vous a pris pour des fous au départ ?
« Un peu oui, du style : « si personne ne l’a fait avant, c’est qu’il y a une raison », « la culture en France, c’est la terre battue… Cela ne marchera pas », « le gazon, cela va trop vite et c’est plein de faux rebonds », « il pleut tout le temps en Normandie. Comment vous allez faire ?», « cela coûte trop cher à l’entretien, vous n’allez pas amortir les coûts ». Voilà une petite compilation de tout ce que nous avons entendu, mais cela n’a pas eu réellement d’impact sur notre motivation ; nous avons toujours été très déterminés sur le sujet. »
Y a‑t‐il eu des soucis auxquels vous ne vous attendiez pas ?
« Personne n’a jamais construit de courts en gazon naturel de qualité – sur les standards de Wimbledon – en France. Donc sans aucun retour d’expérience et même en travaillant avec les meilleurs experts français, comme les sociétés Novaréa (cabinet conseil) et Natural Grass (construction de terrains de sports en gazon), on a découvert les problèmes et les soucis avec l’avancement du chantier. C’est sûr que si on avait fait des courts en terre battue, cela aurait été beaucoup plus simple (rires). »
Est‐ce que l’accueil par la famille du tennis a été favorable ?
« Dans l’ensemble oui. D’abord les personnes étaient perplexes au début et, maintenant, c’est de la curiosité. Nous avons eu la chance d’avoir, en la personne de Patrice Hagelauer, quelqu’un de convaincu par notre projet et qui nous a bien aidés. Aujourd’hui, les clubs normands sont clairement dans l’attente de l’ouverture de notre structure et le Président de la Ligue de Normandie de Tennis, Olivier Halbout, est notre meilleur ambassadeur. Jean Gachassin aussi nous supporte bien. Il est venu lui‐même à Deauville en octobre 2012 pour signer notre convention de partenariat et sera également présent le 8 juin prochain pour l’inauguration du club. »
Est‐ce que l’idée d’installer un tournoi d’envergure sur gazon en France fait partie de vos projets pour l’avenir du club ?
« Oui, nous aimerions. Nous ne sommes pas encore fixés sur la nature du tournoi. Probablement un Challenger à partir de 2017. Evidemment un tournoi ATP ou WTA nous plairait aussi. Cela peut être considéré comme un objectif de moyen terme…
à condition de réunir les financements nécessaires, ce qui n’est pas évidemment. Surtout que les collectivités territoriales n’ont plus les mêmes budgets que par le passé pour ce type de projet. On parle quand même d’au moins 3 millions d’euros. Et le plus difficile est peut‐être d’obtenir une date dans le calendrier déjà très dense de la saison sur gazon qui ne dure que trois semaines avant Wimbledon. »
Avant d’être le théâtre du tennis de haut niveau, votre première intention est de faire découvrir au plus grand nombre le tennis sur gazon. Comment allez‐vous réaliser cet objectif ?
« Oui, c’est bien notre ambition première ! Permettre à tous les passionnés de découvrir le tennis sur gazon. Rares sont ceux qui ont eu le privilège de jouer sur herbe. Aucun club en Europe n’ouvre ses portes aux joueurs non membres. Et il n’y a plus autant de courts en gazon dans les parcs anglais que dans les années 80–90. Le Lawn Tennis Club Deauville Normandie sera non seulement le seul club de tennis sur gazon en France, mais il sera aussi l’unique en Europe à accueillir tous les joueurs, sans obligation d’adhésion à l’année. Ils pourront louer un court pour 40Ä de l’heure en simple (soit 20Ä par personne) ou 60Ä en double (15Ä par personne). Ou alors s’inscrire à nos stages cet été. »
Avez vous eu des contacts avec d’autres clubs sur gazon pour avancer sur vos objectifs ?
« Oui avec l’AELTC qui organise Wimbledon dans un premier temps, puis avec le Queens, Eastbourne et Stoke Park dans un second temps. Leurs conseils techniques ont été très précieux. Nous avons pu aussi tester les courts, ce qui a été très important. Cela nous a permis de vérifier que l’expérience était à la hauteur de l’idée qu’on s’en faisait. »
Comment êtes‐vous tombés amoureux du gazon ?
« C’est difficile à expliquer. Déjà Martin et moi, on est des serveurs‐volleyeurs. Donc plus prédestinés à cette surface. Et disons que j’ai toujours été plus porté vers des joueurs comme Edberg et Becker, que Wilander ou Lendl. La beauté des courts en gazon aussi. Il y a aussi la magie du tournoi de Wimbledon. »
Est‐ce que l’on peut considérer qu’à terme, votre club sera le centre d’entraînement des joueurs tricolores avant de partir sur la tournée sur gazon ?
« S’ils souhaitent venir, on les accueillera à bras ouverts. Et pas que les meilleurs Français. Notre objectif est aussi d’accueillir les espoirs afin qu’ils ne découvrent pas le jeu sur herbe à l’occasion de leur premier tour au tournoi de Wimbledon junior… Ce qui
est souvent le cas. C’est d’ailleurs prévu dans notre convention avec la FFT. Accueillir un junior de 18 ans et le voir gagner Wimbledon quelques années plus tard, ce
serait magique ! »
Pouvez‐vous nous donner votre Top 3 des joueurs sur gazon ?
« 1/ Edberg • 2/ Federer • 3/ Navratilova »
Pour plus de renseignements : www.ltcdn.fr
Les dates clés du Lawn Tennis Club de Deauville‐Normandie
2007 : début du projet avec visites techniques à Wimbledon et dans d’autres clubs anglais (Queens, Eastbourne, Stoke Park).
2010 : terrain trouvé à Deauville.
2012–2014 : signature des conventions de partenariat avec les collectivités de Normandie.
2012 : signatures des conventions de partenariat avec la FFT.
2014 : début des travaux.
8 juin 2016 : inauguration officielle.
10 et 11 juin 2016 : Open exhibition Deauville‐Trouville.
13 juin 2016 : ouverture du club au public
Publié le mercredi 15 juin 2016 à 10:30