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Davydenko : « Quand tu perds un set, psycho­lo­gi­que­ment c’est très dur »

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Ancien numéro 3 et grand marte­leur du fond du court, Nikolay Davydenko a souvent posé des problèmes à Rafael Nadal. Après un début de saison atro­phié par une bles­sure, le Russe est revenu mais semble à nouveau sous le menace d’un forfait à Paris. En tout cas, hors de ses bles­sures, Davydenko s’y connaît dans le rayon 5 sets et c’est ce dont GrandChelem‐Welovetennis voulait parler avec lui. Avant que le Russe ne s’en aille sur une drôle de vanne. 

Nikolay, est‐ce que c’est le même jeu de tennis en trois sets et en cinq sets ?

Non, tu ne peux pas avoir la même approche. Ce sont deux efforts diffé­rents. Jouer en cinq sets est compliqué parce que tu dois être toujours concentré à chacun des sets, avec la même intensité. 

Mais autant concentré qu’un premier set sur un match en deux sets ?

Mais même sur un match en deux sets, chaque set est impor­tant, pas unique­ment le premier. Il faut être à fond tout de suite. Le truc dans les matches en cinq sets, c’est que si tu perds un set, ça ne te fait jamais plaisir d’avoir à gagner le match en quatre ou en cinq. Tu sais que tu as encore tout à refaire. Psychologiquement c’est très dur. 

Y a‑t‐il des matches en cinq sets que tu as gagné et qui t’ont rendu très heureux ?

Il y a des gros matches que j’ai faits à Roland Garros. Il y a celui contre Gaston Gaudio en 2006 et celui contre David Nalbandian en 2007 (en fait 4 sets) qui ont été des moments très agréables. J’ai vrai­ment bien joué sur ces matches‐là.

Ne penses‐tu pas que les femmes devraient jouer les finales de Grand Chelem en 5 sets. Ca lais­se­rait du suspense même quand elles ont perdu deux sets.

Oui, mais c’est quand même très dur physi­que­ment. Je ne suis pas sûr que les filles soient prépa­rées pour des matches aussi longs. 

Difficile de parler de 5 sets sans parler de Nadal, quelles sont les nouvelles clefs dont tu disposes pour battre Nadal ?

Tout le monde parle toujours de nouvelles clefs mais il n’y a pas de nouvelles clefs. Il y a des clefs que tu trouves unique­ment pendant le match selon ce qu’il s’y passe, selon le score, l’avancée du match. La situa­tion change toujours en tennis. Ce qui t’a permis de battre Nadal une fois sur un certain match ne te permettra pas de le battre au match suivant.

Mais est‐ce que tu as déjà senti en plein match que tu étais en train de le battre ?

Oui, mais plus souvent sur surfaces rapides qu’ailleurs. Il y a un moment où je sens que je suis en train de trouver la clef et que je lui pose des problèmes. C’est pour ça que je reste toujours positif, même face à Rafael. Je sais que je peux toujours le battre. 

On a croisé Marco Baghdatis qui nous a dit que depuis deux ans, Nadal avait obligé tout le monde à augmenter consi­dé­ra­ble­ment la prépa­ra­tion physique.

C’est vrai, le jeu est devenu beau­coup plus physique. Moi avant j’étais parmi ceux qui étaient capables d’imposer une cadence très impor­tante pendant les matches. Aujourd’hui Rafael a obligé tout le monde à être prêt. Le niveau de prépa­ra­tion a changé. 

Mais tu trouves qu’il a encore progressé physi­que­ment ?

Oui, je l’ai joué en exhi­bi­tion à Abu Dhabi (victoire de Nadal 6–2 6–3). Je trou­vais qu’il était encore plus impres­sion­nant. Il court encore plus vite et encore plus long­temps qu’avant, il met beau­coup de puis­sance dans la balle. Maintenant est‐ce que ça va durer 10 ans, je ne sais pas. 

Bonne ques­tion, est‐ce que tu penses qu’il peut être celui qui va battre Sampras et fina­le­ment Federer au nombre de victoires en Grand Chelem ?

Il a déjà six titres, il a gagné sur toutes les surfaces, sur terre, sur herbe, sur surfaces rapides, et il n’a que 22 ans, donc je pense qu’il peut effec­ti­ve­ment battre ce record. 

Mais est‐ce que ça veut dire que des joueurs avec ton physique peuvent encore lutter ?

C’est vrai que c’est de plus en plus dur. Je ne sais pas ce qu’il faut que je mange mais sur l’île de Majorque, ils doivent avoir une nour­ri­ture spéciale.… 

Note de la rédac­tion : Nous aurions pu enlever cette dernière ques­tion et surtout la réponse qu’elle a entrainée par l’ami Davydenko, mais nous avons décidé de la garder. Elle ne manquera pas de faire parler sur ce site, mais en l’oc­cur­rence pas sous ce texte qui sera fermé aux commen­taire. On précise donc deux choses pour les posts paral­lèles. Aussi sûre­ment que nul n’a le début d’une preuve sur ce que Davydenko « mange­rait » (et Dieu sait si on a déjà entendu des horreurs sur lui), lui‐même n’a pas le début d’une preuve sur ce que Nadal « mange­rait » (et on égale­ment entendu les mêmes horreurs). Mais cette vanne, il nous l’a lâché à nous seuls puisque nous étions les seuls à être venus lui poser des ques­tions et à passer du temps avec lui lors de la table ronde de Monte‐Carlo qui réunis­sait tout le top 10 en même temps. En ce qui concerne la forme, cette phrase, Davydenko nous l’a lâché avec un mélange très russe de laco­nisme et de dépit. Il s’est levé dans la foulée et il est parti sans un regard.