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François‐Xavier Demaison : « Je suis tombé dans la marmite du tennis quand j’étais petit »

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Ex‐trader à Manhattan revenu au théâtre depuis les atten­tats du World Trade Center, François‐Xavier Demaison vit depuis toujours une rela­tion très étroite avec la petite balle jaune. Celui que l’on décou­vrira bientôt dans « disco » sur grand écran a baigné dans le tennis depuis tout petit, époque à laquelle le petit François‐ Xavier se prenait pour Björn Borg. Entretien avec la valeur montante du cinéma fran­çais qui ne jure que par un certain Rafael Nadal.

Quand as‐tu décou­vert le tennis ?

Comme Obélix, je suis tombé dans la marmite quand j’étais petit. En fait, c’est une histoire de famille, je dois cette passion à mon grand‐père, un très bon joueur et à mon père. C’est eux qui m’ont formé, m’ont fait taper mes premières balles dans le centre de la France. J’en garde vrai­ment d’ex­cel­lents souvenirs.

A quel niveau jouait ton grand‐père ?

Au meilleur de sa forme, il évoluait à 26, ce qui n’était pas une mince affaire à son époque. Il a même eu la chance de jouer avec Jean Borotra en Indochine. Dans ces années‐là, les très bons joueurs n’étaient pas nombreux, alors quand ils le pouvaient ils se retrou­vaient autour de la petite balle jaune. D’ailleurs, j’ai une vidéo qui remonte à une bonne dizaine d’an­nées où on voit mon grand‐père me battre encore, c’est te dire. A cette époque, la tech­nique avait encore le dessus sur le physique.

Qu’est‐ce qui te plait dans le tennis que tu ne retrouves pas dans les autres sports ?

Pour moi le tennis, c’est l’un des rares sports indi­vi­duels dans lequel on fait des efforts sans vrai­ment s’en rendre compte. Par oppo­si­tion par exemple au footing où person­nel­le­ment je me fais vrai­ment chier.

Quel type de joueur es‐tu ?

J’ai pris énor­mé­ment de cours. J’ai toujours été très assidu sauf durant les cours collec­tifs où je faisais déjà le pitre. Du coup,j’ai vrai­ment un très beau style, très élégant, très tech­nique mais mon problème c’est que je n’ai pas de résul­tats ! Souvent à la fin d’un match, mon adver­sai­reque j’au­rais dû battre cent fois et contre lequel je perds viens me voir et me dit : « T’es vrai­ment très beau à voir jouer ! » ça m’énerve mais j’as­sume. Au niveau du jeu, je suis ultra offensif pendant trois, quatre jeux durant lesquels je me rue à la volée. Après ce laps de temps, j’es­saie de terminer la rencontre. Depuis que je fais de la scène, je n’ai plus trop le temps de m’en­traîner, et ça se ressent sur ma condi­tion physique.

Avec quelle raquette joues‐tu ?

En ce moment j’ai une Wilson, mais je ne sais pas quel modèle exac­te­ment. En revanche, je me rappelle durant mon enfance avoir eu la pano­plie complète de Borg ! La première fois que je suis arrivé sur un court en l’ar­bo­rant fière­ment, tous les gens ont pensé que j’étais un jeune prodige. Je devais avoir 11–12 ans. On a commencé à faire des échanges avec mon grand‐père mais je ne suis pas parvenu à renvoyer une seule balle ! J’étais vexé. Avec le recul c’est ridicule.

Pourquoi Borg était ton joueur préféré ?

Il n’y a pas eu que lui. J’ai adoré John McEnroe un véri­table génie, j’ai­mais Henri Leconte et son talent incom­pa­rable, je restais bouche‐bée devant Edberg et ses volées cinglantes. Plus qu’un joueur, c’est une ère qui m’a marqué. Celle où les grands joueurs avaient un supplé­ment d’âme, une manière de se dépasser dans l’ef­fort qui faisaient d’eux des très grands.

Ton avis sur la saison qui vient de s’écouler ?

Ce qui m’a marqué durant cette saison, c’est l’ab­sence quasi­ment totale d’émo­tion. Là, est la grande diffé­rence avec le tennis que j’aime, celui qui m’a fait vibrer. J’ai été à Roland‐Garros cette année, c’est sympa, j’ai vu Federer, Venus,mais à aucun moment je n’ai eu la chair de poule. C’est ce qui me manque dans le tennis actuel.

Plutôt Federer ou Nadal ?

Je vais te surprendre mais tota­le­ment Nadal. C’est vrai qu’en tant que « beau joueur », c’est toujours un régal de voir évoluer le Suisse. Quelle élégance, quelle classe, mais là encore, l’émo­tion n’est pas au rendez‐vous. Nadal, lui, est plus charis­ma­tique. Il a la grinta, c’est un guer­rier, il met ses tripes sur le court. Avec Rafa, on ne sait jamais comment va se dérouler la rencontre.

Est‐ce que tu regardes le tennis féminin ?

Oui, je ne fais pas partie de ceux qui cassent du sucre sur le tennis féminin. Certes il a évolué, les joueuses sont un peu moins fémi­nines et un peu plus en muscles, mais ce sont quand même des spor­tives de très haut niveau, et rien que pour ça elles méritent le respect. Amélie ? J’espère que le plus dur est derrière elle, qu’elle va pouvoir revenir à son meilleur niveau et nous redonner des frissons.

Ton opinion sur Richard Gasquet et Gaël Monfils ?

Il faut les laisser se déve­lopper tran­quille­ment, faire leur bonhomme de chemin. Ce n’est pas évident de confirmer toutes les attentes qui sont placées en eux. J’aime bien Gaël, il me rappelle Yannick Noah. Noah est un mec excep­tionnel, un super meneur d’hommes, charis­ma­tique, qui a tout compris au tennis, et qui a beau­coup apporté au sport français.

En tennis 2008 sera l’année de ?

Encore une fois de Nadal et Federer qui vont se partager les grands titres. C’est dommage pour le suspens mais ils sont vrai­ment audessus du lot.