Né en 2014, le programme Tennis Sport Santé Bien‐Être, piloté par Christian Forbin, médecin fédéral, en charge de la diversité sociale, rentre dans une phase importante, même si les tests et les expérimentations menées depuis quelques années portent déjà leurs fruits.
Comment est né le programme Tennis Sport Santé Bien‐Être ?
À partir du moment où le ministère de la Santé a publié un décret sur le fait que l’activité physique était primordiale pour notre santé, il était clair que les fédérations allaient être impactées par cette décision à un moment donné. Dès 2014, à la Fédération française de tennis, nous nous sommes donc penchés sur ce sujet. Il s’agissait également d’écarter certaines idées reçues vivaces concernant la pratique du tennis, sa dureté, le fait qu’il ne serait pas bénéfique à partir d’un certain âge, voire dangereux.
Qui émettait ce type de messages ?
La Fédération française de cardiologie, par exemple, qui préconisait carrément de ne plus faire de tennis après 40 ans. Heureusement, certaines études sont venues prouver le contraire. Mais à l’époque, ces travaux n’étaient pas encore effectués et publiés et le tennis n’avait pas bonne réputation, notamment quand on parlait de maladies cardiovasculaires. Nous avons donc réuni des experts de toutes les disciplines médicales à la FFT et nous avons travaillé sur des modules adaptés à certaines pathologies très connues comme le diabète, par exemple, ou le vieillissement. Ces travaux ont permis de créer des programmes précis et de décliner par la suite une formation pour que les moniteurs de tennis puissent les proposer au sein de leurs clubs.
Vous avez alors pu engager une phase de tests…
Disons qu’il y a la théorie et la pratique. Nous avons donc choisi cinq ligues pilotes : la Champagne, le Centre, le Dauphiné‐Savoie, la Provence et la Franche‐Comté. L’idée était de contrôler sur le terrain si nos programmes étaient efficaces pour les pathologies que nous avions identifiées. Chaque ligue, en fonction de ses relations avec des collèges de médecins, des associations, des hôpitaux, a donc pu tester nos modules. Et cela a été un vrai succès. Ces expérimentations ont donc validé nos travaux. Ce n’était pas un soulagement, mais cela confirmait que nous avions eu raison d’investir dans un tel programme. Ensuite, il y a eu un temps de latence lié à la réforme territoriale.
Une fois cette réforme terminée, vous avez pu tisser une toile.
Notre but était d’avoir un interlocuteur, un enseignant formé au Tennis Sport Santé Bien‐Être, par ligue. Une fois cela acquis, nous avons formé un trinôme référent avec le médecin de chaque ligue et le conseiller en développement. C’est ce trinôme qui est chargé de former d’autres enseignants au programme dans leurs clubs. D’ailleurs, tous les trinômes de chaque ligue ont un suivi spécifique, une formation continue effectuée chaque année à la fédération. Dans ce domaine, il y a toujours de nouvelles découvertes. Par ailleurs, échanger avec les trinômes permet de partager nos expériences et de progresser ensemble.
« Il y a toujours de nouvelles découvertes »
Où en êtes‐vous en termes de volume de clubs pouvant dispenser des cours de Tennis Bien‐Être ?
Aujourd’hui, le mouvement continue, 137 clubs disposent d’un référent. Le but est d’arriver rapidement à 200 et de monter en charge progressivement. Dans un deuxième temps, nous espérons développer des centres d’expertise pour qu’un médecin connaisse le maillage Tennis Sport Santé Bien‐Être qui existe autour de lui. Cela l’aiderait à prescrire à terme des séances de tennis.
Vous avez été étudiant en médecine. Est‐on particulièrement sensibilisé à ces problématiques lors de sa formation à l’université ?
De mon temps pas vraiment, et toujours pas suffisamment aujourd’hui, même si beaucoup d’articles et d’études ont permis de faire évoluer les mentalités, notamment concernant le tennis, mais aussi tous les autres sports de raquette.
Au sein des clubs, sentez‐vous une certaine forme de réticence à s’ouvrir vers ce type de démarche ?
Pas du tout, bien au contraire. Lors des premiers États généraux, 90 % des clubs ont jugé utile et logique que l’on puisse proposer ce type d’activité au sein de leur structure. Cela se passe de commentaire.
En tant que médecin, tout cela doit vous réjouir !
C’est vrai, même si j’aimerais que cela aille un peu plus vite quelquefois. Mais je connais aussi mes collègues qui sont encore ancrés dans certaines idées reçues. Le défi sera aussi de pouvoir les informer efficacement, car à l’avenir, ils seront le point de départ, les donneurs d’ordres.
Publié le mardi 30 avril 2019 à 16:03