Lionel Zimbler, coach d’Antoine Hoang la révélation de cette édition de Roland‐Garros, a bien voulu répondre à nos questions avant le nouveau défi que va relever son joueur face à un certain Gaël Monfils ce samedi.
Est‐ce que vous êtes surpris par votre joueur ?
Non, c’est toujours un peu le cas avec Antoine, on ne sait pas sur quel pied danser. Depuis le début du tournoi, il est vraiment étonnant, notamment face à Fernando Verdasco car c’était un adversaire connu sur un grand court et il y avait un risque qu’il passe à travers, qu’il soit pris par l’événement. Finalement, cela a eu l’effet inverse car il s’est transcendé en jouant son jeu du premier au dernier point.
Ceux qui suivent de près le classement ATP savent finalement qu’Antoine a une progression assez linéaire depuis un certain temps…
Il est en train de progresser. Après, ce n’est jamais facile quand tu es classé entre 100 et 150, c’est là que l’entonnoir est le plus rétréci. Donc quand il a su qu’il était invité à Roland‐Garros, on s’est tout de suite centré sur l’idée du plaisir, de profiter de cette chance. Et cela fonctionne, Antoine joue sans pression alors même qu’elle augmente au fil des tours. Là dessus, je dois bien avouer qu’il me surprend vraiment dans sa capacité à gérer ces événements.
Il nous a confié être assez réservé…
C’est vrai mais il progresse là encore. Il s’exprime de mieux en mieux que ce soit sur et en‐dehors du court. De ce fait, il a aussi plus confiance en lui. Après, il garde un caractère très introverti. Il réfléchit le tennis, il a toujours envie de comprendre, je dirai que ce n’est pas assez naturel, pas assez instinctif. On essaye de le faire sortir de ça. J’aimerais qu’il analyse moins, que les choses soient plus simples, plus limpides, plus naturelles. Sur ce Roland‐Garros, on voit que notre travail commence à fonctionner.
Tout le monde a parlé du fait qu’il a été ambidextre, qu’en pensez‐vous ?
Pour moi, c’est un détail, cela ne compte pas. Sur un match, cela lui rapporte rien : un point au maximum, donc ce n’est pas une caractéristique de son jeu. En revanche, cela lui a permis d’avoir une main gauche forte et donc d’avoir un revers solide et puissant.
Qu’est‐ce qu’il faut encore travailler ?
Il y a encore de la marge dans la gestion des points importants et l’idée de prendre une décision et de s’y tenir car il veut toujours avoir la certitude qu’il a fait le bon choix. Physiquement cela fait que deux ans et demi qu’il travaille donc on a un peu de retard en terme de puissance sur le haut du corps et au service. On devrait pouvoir servir à plus de 195 voire 200, on s’est fixé deux ans pour y parvenir. Après techniquement, il faut aussi qu’il puisse avoir plus de clés quand il faut défendre car il ne peut pas toujours être offensif, même Roger Federer n’y parvient pas.
Propos recueillis à Roland‐Garros
Publié le samedi 1 juin 2019 à 11:01