A l’occasion de la sortie de GrandChelem 23, Welovetennis vous propose de découvrir, cette semaine, des entretiens qui vous permettront de préparer, au mieux, le rendez‐vous de la Porte d’Auteuil.
A suivre : GC23 ; Martina Hingis ; Francesca Schiavone ; Sam Sumyk ; Alexandra Fusai ; Patrice Hagelauer ; Jo‐Wilfried Tsonga ; Nicolas Mahut ; Tomas Berdych ; Novak Djokovic ; Roland Garros : leur première fois.
La saison sur terre est loin d’être une partie de plaisir pour les attaquants. Allez parler de Roland Garros à Andy Roddick… Nicolas Mahut, lui, n’en affirme pas moins de vraies ambitions, loin d’être effrayé par l’ocre parisienne. Pour Nico, le challenge, c’est de ne pas dénaturer son jeu et attaquer en confiance la saison sur herbe. Entretien.
Commençons dans le dur : tu es allergique à la terre battue ?
(Rires) Bien sûr que non ! Si tu poses la même question à Michael Llodra, il répondra également par la négative. Ce sera d’ailleurs le cas de la majeure partie des attaquants. Pour nous, c’est juste plus difficile de trouver notre voie sur cette surface. Evidemment, être performant sur terre, c’est un challenge pour tous les joueurs offensifs. Heureusement, cette année, les conditions météo qu’on a connues laissent espérer une terre rapide à Roland. Ca me laisse l’espoir de réaliser de bonnes choses. Roland Garros, c’est un événement majeur de la saison. On ne m’y attend pas au top, donc j’espère profiter d’un effet de surprise. Réussir à Paris, c’est un superbe challenge à relever !
A Monte‐Carlo, Roger expliquait que la balle, sur terre, pouvait parfois être aussi vive que sur un ciment lent. Tout dépendait, selon lui, des conditions climatiques…
Oui, c’est sûr, suivant le temps qu’il fait, suivant les balles… S’il fait beau et sec, la belle peut être presque plus rapide sur terre que sur ciment lent. Après, quel que soit l’état de la terre, le souci reste le même pour un attaquant : la qualité des appuis. On a forcément plus de mal à volleyer, il faut toujours en rajouter un peu. Si on joue une balle neutre, l’adversaire a le temps d’être dessus et de faire la différence. Et puis, tactiquement, il faut savoir attaquer sans se précipiter.
Dans ces conditions, comment peut‐on se préparer ?
J’ai commencé la saison 135ème mondial. Pour moi, le calendrier, c’était forcément le circuit Challenger et les qualifs de Grand Chelem. Heureusement, j’ai très bien démarré 2011, avec le grand tableau de l’Open d’Australie, un titre, une finale et une demie en Challenger, donc j’ai pris pas mal de points. Ca ma permis de passer la fameuse barre des 100…
… Ce qui était ton objectif annoncé quand on avait discuté avant l’US Open…
Exactement ! C’est la première étape. Et puis, entre fin mars et début mai, j’ai dû soigner une blessure au genou. Ca m’a obligé à arrêter. Au cours de cette période, j’ai pu renforcer mon tendon, ainsi que le bas de mon corps. Au final, je pense que c’est positif. Je me sens frais et c’est important : les mois qui arrivent vont être très denses pour moi, entre Roland, la saison sur herbe et l’été sur dur. C’est bon d’arriver affuté et prêt, tant mentalement que physiquement.
D’ailleurs, pour un attaquant comme toi, il vaut mieux beaucoup jouer sur terre pour s’adapter et réussir ou gérer son état de fraîcheur, en évitant la lassitude mentale qu’on accumule en pratiquant un jeu offensif sur une surface difficile ?
C’est exactement ça qu’il faut savoir gérer. J’ai remarqué que je n’avais pas besoin de jouer beaucoup de tournois. L’essentiel, pour moi, c’est de garder mon instinct d’attaquant. Or, la répétition des efforts sur terre me fait vite perdre cette qualité. Il me faut donc doser ma préparation pour m’adapter aux déplacements et aux glissades, sans perdre ma grinta en restant trop longtemps sur le court.
On approche de la date anniversaire de ton fameux match contre Isner, à Wimbledon. Tu n’en as pas ras le bol qu’on t’en parle ?
Non, pas du tout. Ca fait partie de ma vie de joueur de tennis et, même, de ma vie d’homme. Je ne m’en lasse pas.
Tu as peur de revenir sur le gazon londonien ?
Pas plus que ça. Quand je commence ma saison, je pense toujours en premier à Wimbledon. Et, plus le temps passe, plus j’ai envie d’y être. C’est le tournoi qui me fait vibrer. D’ailleurs, ma saison sur terre et Roland Garros doivent me servir à préparer cette échéance. C’est pour ça qu’il me faut éviter de trop cogiter sur terre. Il ne faut pas que je remette en cause mon jeu à chaque fois, sinon je vais me griller pour Wim’.
Autre sujet : tu es surpris par le niveau de Djokovic en ce début de saison ?
Non, pas vraiment. Avec mon coach, on s’était déjà fait la réflexion, à Perth, en tout début d’année, lors de la Hopman Cup. On avait trouvé Novak très affuté, très véloce, plus rapide dans ses déplacements et, surtout, plus performant au service. Sincèrement, j’en avais fait mon favori pour l’Open d’Australie, tant j’avais été impressionné par les évolutions apportées à son jeu. Depuis son titre à Melbourne, il a encore passé un cap. Maintenant, ça va être intéressant de voir comment il va négocier Roland Garros et la saison sur herbe. Tout le monde attend sa confrontation avec Nadal.
Toi qui es assez proche de Jo‐Wilfried Tsonga, tu as été surpris par sa séparation d’Eric Winogradsky ? Vous en avez parlé ?
Non, nous n’en avons pas parlé, mais j’avoue que ça m’a surpris, oui. J’avais l’impression que ça fonctionnait bien. Mais, si Jo a fait ce choix, c’est qu’il pensait qu’ils étaient en bout de piste. Après, Jo est de toute façon bien entouré, il n’est pas complètement seul. Il va profiter de cette période pour réfléchir à son jeu. Peut‐être en avait‐il besoin pour redéfinir son projet, ses objectifs et qu’il voulait mener cette réflexion tout seul ? On peut penser que la période n’est pas propice, mais, s’il a pris cette décision maintenant, c’est qu’il sentait qu’il fallait le faire. C’est aussi ça, la faculté d’un grand champion : sentir quand il faut faire des choix, avec tous les risques que ça comporte.
On sent que Roger Federer pose de nouveaux jalons dans son jeu. Il le fait en pensant à Wimbledon, en se servant notamment de Roland comme préparation ?
Non, personne ne pense à Wimbledon. Si Roger tente d’être plus offensif sur le court, ce n’est pas pour se préparer à Wimbledon, mais pour trouver les solutions qui lui permettront battre à nouveau Djokovic ou Nadal. Il cherche les armes pour écourter les échanges, car, sur les filières longues, il sait qu’il aura du mal à les déborder.
Tu te souviens de ton premier Roland Garros ?
Mon premier à la télé, c’est le Roland où Chang bat Edberg (en 1989). Edberg, c’est mon idole à ce moment‐là. Le premier vu des tribunes, c’est quand Connors abandonne, toujours face à Chang (en 1991). J’avais fait le déplacement dans la journée avec mon père, le temps était superbe et on s’était régalé. Enfin, le premier que j’ai joué, c’était en 2000, en Junior. J’avais atteint les demi‐finales et je m’étais qualifié pour le grand tableau. Un super souvenir !
Publié le jeudi 19 mai 2011 à 10:00