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Novak Djokovic : « La place de numéro un, c’est le but de ma vie »

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A l’oc­ca­sion de la sortie de GrandChelem 23, Welovetennis vous propose de décou­vrir, cette semaine, des entre­tiens qui vous permet­tront de préparer, au mieux, le rendez‐vous de la Porte d’Auteuil.

A suivre : GC23 ; Martina Hingis ; Francesca Schiavone ; Sam Sumyk ; Alexandra Fusai ; Patrice Hagelauer ; Jo‐Wilfried Tsonga ; Nicolas Mahut ; Tomas Berdych ; Novak Djokovic ; Roland Garros : leur première fois.

Invaincu, invin­cible, Novak Djokovic réalise une première partie de saison de rêve. En quelques mois, le Serbe est passé du statut de troi­sième homme, à poten­tiel numéro un mondial et chas­seur de records. C’est un joueur plein de confiance et solide comme un roc que GrandChelem/Welovetennis a rencontré. « Un joueur diffé­rent », confirme l’intéressé. Et ambitieux…

Qu’attends-tu de Roland Garros ?

Je sais désor­mais que j’ai suffi­sam­ment de qualités pour riva­liser avec les meilleurs joueurs de terre. En 2009, j’avais fait une belle saison et joué deux finales contre Nadal. A l’époque, je ne l’avais encore jamais battu sur cette surface. Mais, cette année, je suis un joueur diffé­rent. Physiquement, je suis très bien préparé. Je vais très vite sur le court, j’ai plus de puis­sance et ma confiance est au plus haut. Et, surtout, j’ai plus d’expérience dans beau­coup de domaines. Je sais comment gérer la pres­sion, je sais comment jouer sur terre… D’ailleurs, j’ai grandi dessus ! En Serbie, 90% des courts sont en terre battue. Quoi qu’il en soit, j’ai toujours été très ambi­tieux et ce n’est pas cette année que ça va changer.

Cette victoire en Coupe Davis t’a vrai­ment lancé comme un boulet de canon…
Oui, tout a proba­ble­ment commencé lors de cette finale, à Belgrade. Ce titre, c’était le senti­ment le plus incroyable et le plus fort que j’ai jamais ressenti sur un court de tennis. Individuellement, j’ai gagné deux Grands Chelems. On peut les consi­dérer comme étant mes plus grands résul­tats. Mais on ne peut pas les comparer au titre acquis en Coupe Davis. En fait, la Coupe Davis est incom­pa­rable. Tu ne joues pas pour toi, mais pour tout un pays. Il y a dix personnes du staff sur le banc qui te supportent à chaque point. Mieux, ensuite, le succès se partage avec tout le monde. C’est juste énorme ! Ca m’a donné beau­coup d’énergie posi­tive, un vrai coup de boost. J’avais encore plus faim après ce titre. L’intersaison a été vrai­ment courte, mais j’ai réussi à être vite perfor­mant. Ca montre à quel point cette victoire est cruciale dans ma carrière. C’est un tour­nant, un point de passage. Après ce week‐end de folie, j’ai entamé une série incroyable en prati­quant le meilleur tennis de ma vie, même si ma vie n’est pas encore finie ! (Rires)

Tu as égale­ment progressé dans ta manière de gérer ta saison ? A quel point c’est impor­tant, d’ailleurs, pour avoir de bons résultats ?

C’est primor­dial d’être accom­pagné de gens en qui on a confiance, des gens qui sont profes­sion­nels et savent exac­te­ment ce qu’ils font. Elaborer son programme de manière très précise et réflé­chie, c’est essen­tiel dans le tennis actuel. Aujourd’hui, une carrière demande beau­coup de temps, entre les dépla­ce­ments en avions, l’ensemble des solli­ci­ta­tions… Le tennis est un sport mondial. Pis, d’un point de vue tech­nique, on est confrontés à des chan­ge­ments de surface semaine après semaine. Ca, il faut bien l’ap­pré­hender, c’est une néces­sité. Par exemple, après Roland Garros, on passe de la surface la plus lente à une surface plus rapide, avec la terre et le gazon. Votre temps de prépa­ra­tion est extrê­me­ment réduit, surtout si vous êtes en finale. C’est la réalité de notre sport et il faut savoir s’y adapter. Ainsi organise‐t‐on notre programme, en essayant de trouver l’alchimie qui nous permettra d’être prêts à chaque tournoi et au top pour les gros événe­ments. Ce n’est pas évident ! Un exemple : si j’avais été en forme, j’aurais disputé le tournoi de Monte Carlo. Parce que c’est là‐bas que je réside, que c’est très impor­tant pour moi, que ça l’est aussi pour mes spon­sors… Mais j’ai dû faire l’im­passe. Après, je suis allé à Belgrade, mais si ça n’avait pas été mon tournoi, dans ma ville, je n’aurais pas joué. 

On se rappelle de ton match contre Rafa, à Madrid, en 2009 (demi‐finale, défaite 3–6 7–6 7–6). Il t’avait coûté beau­coup d’énergie, avec un impact sur les semaines suivantes. Aujourd’hui, alors que tu sembles avoir passé un cap sur le plan physique, tu aurais autant de mal à t’en remettre ?

En effet, c’est un bon exemple ! Un match qui m’a énor­mé­ment coûté, menta­le­ment et physi­que­ment. Mais c’était il y a deux ans. Aujourd’hui, non, je ne me senti­rais pas aussi mal après un match, que ce soit une défaite face à Nadal après quatre heures de jeu, quelles que soient les circons­tances… Désormais – et c’est récent –, je sais comment ration­na­liser mon énergie, comment avoir l’approche mentale adéquate et comment récu­pérer de ce type de duels très durs physi­que­ment. Je suis un meilleur joueur que je ne l’étais à l’époque, c’est une certitude.

Avec tes derniers résul­tats, tu penses forcé­ment à la place de numéro un mondial…
Dans ma tête, aujourd’hui, les mots clés sont » récu­pé­ra­tion » et « prépa­ra­tion ». C’est tout. Je sais que les gens parlent beau­coup de ça, c’est normal, on te prête toujours plus d’attention quand tu as aligné quelques succès. (Rires) C’est clair que je ne peux pas me plaindre de mon début de saison ! J’ai gagné sept titres, joué un excellent tennis, battu Rafa quatre fois d’affilée en finale – c’est très impor­tant menta­le­ment… Désormais, je sais que je peux le battre en finale d’un tournoi et sur terre battue, des certi­tudes que je n’avais pas jusqu’à main­te­nant. La place de numéro un mondial, c’est le but de ma vie, je le recon­nais. C’est un but que j’ai toujours voulu atteindre. Mais, comme je l’ai dit et redit, être numéro un mondial, ça passe par de la constance et des perfor­mances en Grand Chelem. Car, si je ne remplis pas ces condi­tions, je sais que Roger et Rafa le feront à ma place. En fait, c’est simple : tout ça implique que je joue très, très bien.

Dernière ques­tion : qu’est-ce que tu peux nous dire du Nole off‐court ? C’est quoi ta vie, ton quotidien ?

Une vie normale (rires), surtout si l’on habite dans un coin tran­quille. C’est le cas à Monte‐Carlo. On peut marcher dans la rue sans se faire arrêter. C’est un endroit où j’adore être, l’endroit où je m’entraîne et où je me repose le mieux, un endroit qui me donne de l’énergie. D’ailleurs, la Côte d’Azur est un des plus belles régions d’Europe. J’aimerais passer plus de temps en Serbie, mais Monte‐Carlo est idéal pour opti­miser ma prépa­ra­tion. On a tous une vie à 100 à l’heure, on joue plein de tour­nois, on est entouré de plein de gens, d’une atten­tion perma­nente… C’est beau­coup de stress. D’où l’importance d’avoir des lieux pour être au calme.