AccueilInterviewsPatrick Mouratoglou: "Roger est dans une impasse"

Patrick Mouratoglou : « Roger est dans une impasse »

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Notre spécia­liste revient pour nous sur la finale de dimanche, et se penche sur le cas Federer sans langue de bois !

C’est amusant ce monde du tennis. Il est à l’image de la société. Il y a le poli­ti­que­ment correct, ce qui se fait et ce qui ne se fait pas. Lorsque Roger décide de se passer de Peter Lundgren, son coach de toujours qui l’a amené à son premier titre du Grand Chelem, et qu’il annonce qu’il va fonc­tionner sans coach, certains crient au crime de lèse majesté. Bien entendu, ils prédisent pour le cham­pion suisse le début de la fin : on ne peut pas réussir sans coach. Ce sont les mêmes qui ont annoncé à Nadal qu’il ne gagne­rait jamais un tournoi sur une autre surface que la terre‐battue. 12 titres du Grand Chelem plus loin, Federer n’a toujours pas de coach. Il est en passe de devenir malgré cela le plus grand joueur de tous les temps, alors…
Ces mêmes obser­va­teurs « avisés » se réjouissent aujourd’hui de voir déjouer Roger face à Nadal, car cela leur donne une oppor­tu­nité de justi­fier leurs thèses d’alors…

Que dire de la finale de dimanche comme de la majo­rité des rencontres Federer‐Nadal de ses dernières années ? 
Incontestablement, Roger possède toutes les armes pour s’imposer. Je me risquerai même à dire qu’il est large­ment supé­rieur à l’Espagnol dans le jeu. Reste qu’il perd quasi‐systématiquement.

Plus le temps passe, plus Rafa prend le dessus psycho­lo­gi­que­ment sur son adver­saire, et plus les chances du Suisse de s’imposer à l’avenir face à lui s’amenuisent.
Notre spécia­liste revient pour WLT sur la finale de dimanche, et se penche sur le cas de Federer sans langue de bois !

Je suis d’accord avec Mats Wilander lorsqu’il fait remar­quer que Roger joue toutes ses balles de break de la même manière, et qu’il n’apprend pas de ses erreurs. Je pense cepen­dant que le Suisse fait, lorsqu’il est opposé à Nadal ce qu’il ne fait face à aucun autre joueur. Je pense que Federer possède un sens du jeu excep­tionnel, et toutes les armes tech­niques pour briller face à n’importe qui. Cependant, il manque de convic­tion face à Rafaël, il est hési­tant, il joue mal tacti­que­ment, certes, mais c’est parce qu’il n’aborde pas le match avec le même état d’esprit que les autres rencontres. 
Alors quelle est la solution ? 
Probablement l’apport d’un coach peut lui être béné­fique sur ce plan. Le coach devra lui faire croire plus à ses chances, il devra l’aider à rede­venir conqué­rant face à Rafa, à croire que c’est possible, à se battre pour prendre le pouvoir plutôt que d’accepter la domi­na­tion de l’autre.

Roger est aujourd’hui clai­re­ment dans une impasse. C’est la première fois qu’il est confronté à ce type de situa­tion depuis des années. S’il ressent le besoin de béné­fi­cier d’aide pour passer ce cap, qu’il souhaite réel­le­ment colla­borer et construire avec l’aide de quelqu’un, alors je pense qu’il a une bonne chance d’y parvenir. 
S’il reste seul ou s’il prend un coach par dépit, parce qu’il ne trouve pas la solu­tion à son problème, mais sans réel­le­ment s’investir dans la colla­bo­ra­tion, alors je pense que cela ne sera pas effi­cace, et je suis pessi­miste pour son avenir d’autant que Murray est en pleine ascen­sion et risque égale­ment de lui donner du fil à retordre très rapidement…