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Patrick Mouratoglou : « J’en croyais pas mes oreille »

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Patrick Mouratoglou, répond à nos ques­tions comme d’ha­bi­tude sans langue de bois, aujourd’hui c’est Wimbledon qui est au centre de notre discus­sion avec une anec­dote tout simple­ment hallucinante.

Les tour­nois du Grand Chelem sont tous très diffé­rents et c’est cela qui fait leur charme. Si l’on doit en opposer deux, je dirai que l’US Open et Wimbledon sont radi­ca­le­ment diffé­rents. L’un (US Open) est le royaume du spec­tacle : présen­ta­tion des joueurs en night session à l’aide de video‐clips sur écrans géants, stéréo plein pot entre les jeux avec invi­ta­tion à la danse dans le public etc… Lorsque l’autre, Wimbledon, propose simple­ment une atmo­sphère feutrée, demande au public de ne pas s’ex­primer trop fort, impose de jouer en blanc, demande discré­tion et réclame un respect absolu de la tradi­tion. Ajouter à cela la néces­sité pour les joueurs de s’adapter à une surface pour le moins étrange et peu rencon­trée sur le circuit : le gazon, et la descrip­tion est complète.
En 2006, Marcos Baghdatis atteint les demi‐finales du tournoi. Il est opposé à Rafael Nadal. La veille du match, nous répé­tons quelques gammes sur un court d’en­traî­ne­ment. Nous sommes trois sur le terrain : deux contre Marcos qui aime devoir se sublimer et gagner les points face à deux adver­saires. Les courts sont déserts, nous arri­vons en fin de tournoi et il ne reste presque plus personne. Un homme, en charge de ces terrains s’avance vers nous et nous lance :

- Messieurs, vous ne pouvez pas jouer à trois sur ce terrain.

- « Pardon ? » demande Marcos 

- Vous ne pouvez jouer à trois. Deux ou quatre, mais pas trois.

Marcos reste sans voix, tant la remarque semble surréaliste.

- C’est une plai­san­terie… Pourquoi ça ?

- Parce que c’est le règlement.

- Pourquoi ce règlement ?

- C’est comme ça, je ne peux pas vous dire pour­quoi, je peux juste vous informer du règlement.

 Finalement nous sommes dans l’obli­ga­tion de faire rentrer ma fille de 5 ans sur le court et de l’as­seoir pour pouvoir être quatre et conti­nuer notre entraî­ne­ment dans de bonnes condi­tions. Cette anec­dote tend à rendre l’or­ga­ni­sa­tion du tournoi ridi­cule j’en suis conscient, mais pour autant, cela fait partie de son charme. La tradi­tion apporte forcé­ment de la rigi­dité, mais c’est en cela que se singu­la­rise ce tournoi.

 Patrick Mouratoglou à Wimbledon pour welovetennis