Edouard Roger‐Vasselin pourrait bien faire un coup, cette année, à Paris. Le Français de 29 ans, 74ème mondial, réalise l’une des meilleures saisons de sa carrière avec une place dans le top 100 consolidée par sa première finale en simple, disputée début mars à Delray Beach. Ce vrai fou de Roland Garros n’a qu’un rêve en tête : atteindre la deuxième semaine Porte d’Auteuil. Un objectif nécessitant néanmoins une préparation optimale. Comment l’envisage-t-il ? Confidences.
Edouard, comme est‐ce que tu appréhendes la terre battue, par rapport au jeu que tu pratiques ?
Pour moi, c’est assez simple : le but de la saison sur terre battue, c’est d’arriver dans la meilleure des formes à Roland Garros. Evidemment, je joue à fond tous les matches que je dispute avant. J’essaie de faire les choses correctement. Mais je dois reconnaître que, dès mon premier jour sur terre, dès ma première balle… Je pense à la fin du mois de mai…
Tu n’as que cela en tête ?
Complètement ! Je joue chaque tournoi dans l’objectif d’arriver à Roland Garros parfaitement prêt physiquement. Toutes les compétitions sont importantes, bien sûr, mais elles sont surtout une préparation…
Ces autres tournois sont secondaires par rapport à Roland ?
Non, je ne peux pas dire cela non plus. Avec mon classement, je ne peux pas prétendre avoir des ambitions à Roland Garros. J’en ai quelques unes, malgré tout, parce que j’ai envie de bien faire, que c’est mon tournoi favori et que j’ai toujours le désir, un jour, de me qualifier pour la deuxième semaine (NDLR : en 2007, il a perdu au troisième tour). Mais je suis forcément exposé : si je tombe sur Nadal au premier tour, cela va tout de suite être plus difficile… Les tournois que je dispute avant sont importants au sens où ils me permettent de me sentir de mieux en mieux, d’accumuler de la confiance et de m’attaquer sereinement à Roland. Tous les matches engrangés sur terre battue me donnent une chance de jouer le meilleur tennis possible au moment où je dois le faire.
Ce n’est pas un risque de penser ainsi ?
Peut‐être… Mais mon rêve – et c’est celui de beaucoup de joueurs, je te rassure –, c’est de faire, un jour, un énorme truc à Roland Garros. Plus qu’à Barcelone ou qu’à Casablanca. Si j’atteins les demi‐finales à Casablanca, personne ne va s’en souvenir (rires) ! Alors que si je joue un huitième de finale à Roland, cela va marquer les esprits. Il y aura un véritable impact. Evidemment, je dois être honnête : sur le plan comptable, il vaut mieux faire un quart en Masters 1000 qu’un simple deuxième tour Porte d’Auteuil. Cela peut d’ailleurs s’avérer hyper important, puisque s’ensuit un bond au classement. Mais, que veux‐tu… Roland Garros, c’est un Grand Chelem et c’est le nôtre… Et une émotion indescriptible.
Passer de la saison nord‐américaine sur dur à la saison européenne sur terre battue, c’est une opération délicate ? J’imagine qu’il y a tout un processus de réadaptation…
Oui, oui ! C’est un peu réapprendre à glisser, par exemple… Il faut retrouver tous les automatismes, alors que tu viens de passer cinq ou six mois sur dur. Lors des premiers entraînements, je peux te dire que c’est loin d’être parfait… On n’a plus l’habitude, on glisse trop tard, on glisse trop tôt… On a du mal sur les amorties et les courses vers l’avant. Il faut appréhender correctement les rebonds et se réhabituer à disputer plus d’échanges. Quelques jours d’adaptation sont franchement nécessaires. Mais, après, cela revient très vite quand même ! On a généralement joué sur terre il y a un an de cela (rires) Et puis, toutes ces différences sont aussi très sympas.
Tu as déjà rencontré des joueurs particulièrement coriaces sur cette surface ?
Non, sur terre, des cadors qui m’en ont fait baver… Je n’en ai pas trop joué. Peut‐être Juan Monaco, au troisième tour, à Roland Garros (NDLR : défaite 6–4 6–2 6–4). J’en avais pris une bonne (rires) ! Il n’était que 15ème mondial, mais il ne faisait aucune faute. Il m’avait complètement défoncé ! Mais je n’ai jamais vraiment joué de bons rats sur cette surface. Même contre Almagro, une fois, j’ai perdu 7–5 7–6 (NDLR : à Barcelone, en 2012). J’ai disputé de bons matches accrochés, quoi.
Physiquement, la terre, cela te sollicite quand même beaucoup…
Oui, c’est différent, parce que les échanges sont plus longs. En plus, là, avec l’histoire des 25 secondes, on va voir comment cela va se passer. A Roland, si on enchaîne deux ou trois points difficiles, avec des glissades et tout, on va avoir du mal à tenir les 25 secondes ! Le combat physique va être encore plus important cette année…
Entretien réalisé par Simon Alves
Publié le mardi 21 mai 2013 à 19:30