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La chaussure de tennis a‑t‐elle lancé la mode de la basket dans la rue ? Pour le savoir, nous sommes allés à la rencontre d’un expert de la culture urbaine, Nicolas Guthart, le fondateur du célèbre magazine Shoes‐Up. Décryptage.
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La chaussure de tennis a‑t‐elle lancé la mode de la basket dans la rue ? Pour le savoir, nous sommes allés à la rencontre d’un expert de la culture urbaine, Nicolas Guthart, le fondateur du célèbre magazine Shoes‐Up. Décryptage.
La France est un vrai pays de la basket ?
Oui. D’ailleurs, toutes proportions gardées, les Français marchent beaucoup plus que les Américains. Aux Etats‐Unis, les urbains se déplacent tous en voiture, excepté à New‐York. Et le développement du vélo dans les grandes villes va aussi dans ce sens. Et puis, beaucoup de marques et de modèles ont été créés en France. Aujourd’hui, nous participons à la relance de la marque Noël, avec une collection fabriquée en Bretagne. Souvenez‐vous des pubs à la télé : « Méfiez‐vous d’un partenaire en Noël », avec les premières chaussures de tennis à velcro, en 1983, année de la victoire de Yannick Noah à Roland Garros. C’était la toute première pub d’une marque de basket en France. René Lacoste, qui était également un ingénieur, n’avait pas seulement créé un polo adapté à son sport – la fameuse double‐maille –, mais également une paire de chaussures que la marque Lacoste réédite, désormais, sous le nom « René ».
C’est la basket de tennis qui a permis à la basket en général de devenir un produit de mode ?
En quelque sorte, oui, car elles étaient les seules chaussures blanches, en contraste avec les chaussures noires classiques. Le blanc permettait également la customisation du modèle ou sa transformation, via des collaborations avec des designers ou des artistes. Et puis, elle oeuvrait, bien sûr, à sa reconnaissance dans la rue. La tennis, légère, avec sa forme simple, en toile ou en cuir souple, a favorisé le port de la basket en after‐sport. La légèreté et le confort sont, évidemment, les premiers vecteurs de développement de la chaussure de sport hors‐pratique.
J’ai lu, dans Shoes‐Up, un mot de Jean‐ Charles de Castelbaljac : « La chaussure de tennis fut la première chaussure de luxe lifestyle, car il fallait avoir du temps et des moyens pour jouer au tennis. »
Il répondait ainsi à une question : la basket ou la chaussure de sport est‐elle devenue un objet de luxe ? Il y a 20 ans, on désignait sa paire de chaussures pour faire du sport par « paire de tennis ». Au rayon sport des grands magasins ou dans les magasins de chaussures, vous trouviez seulement quelques références de ces « paires de tennis ». Puis, les réseaux de distribution ont évolué. Les grands magasins spécialisés ont fait leur apparition et, avec eux, les rayons et la classification, pas seulement par sport, mais, surtout, par catégorisation pour chaque sport : chaque coureur est différent, chaque joueur de tennis est différent, chaque sportif est différent, par sa morphologie, ses habitudes et son terrain de pratique. Dans le tennis, vous avez les fameuses semelles à picots pour le gazon… Nous ne les trouvons que chez les hyperspécialistes. Et, tout cela, avant même de parler de différences de budgets d’achat. Vous pouvez avoir, aujourd’hui, plus de 300 références de chaussures de sport dans un magasin spécialisé. Mais si vous analysez le prix des chaussures de sport actuellement, il est quasiment identique à celui des paires vendues il y a quinze ans. C’est l’un des seuls produits pour lequel cela se vérifie.
C’est la Stan Smith qui a révolutionné le monde de la basket ? On dit que c’est la première chaussure qui est sortie du sport pour aller dans la rue…
Encore une preuve que la France occupe une belle place dans l’histoire des baskets, car la Stan Smith a initialement été créée par le joueur Robert Haillet. Sa forme, son confort et sa signature simple rend le modèle transgénérationnel. L’annonce de l’arrêt de sa production par Adidas, il y a quelques mois, génère encore le buzz !
On a essayé de lister les modèles qui ont marqué l’histoire du tennis… Il y en a un qui ressort à tes yeux ?
La Converse de Jimmy Connors ! Mais aussi la Nike de John McEnroe avec un scratch, les Adidas Nastase ou encore les Nike d’Andre Agassi, qui accompagnaient son fameux short en jean.
Si je te dis Spring Court, tu penses à quoi ?
Clay, le nom du modèle phare de la marque ! C’était le premier modèle de chaussures de tennis en cuir et respirant. Une belle histoire, encore, pour une chaussure française. Spring Court annonce, d’ailleurs, une collection printemps/été 2013 « Terre battue ».
Dans le tennis, on est entré dans une période très technique. Que penses‐tu de l’esthétique des modèles d’aujourd’hui ?
C’est toujours très subjectif ! Les marques paient cher pour avoir leurs produits aux pieds des joueurs et visibles sur les images. Ces chaussures doivent donc être reconnaissables. Et, pour cela, rien de mieux que de mettre en avant les formes, les matières et les innovations techniques, avec des associations de matériaux et couleurs pas toujours très sexy… Difficile, du coup, de lier la technique et l’esthétique. Mais les marques font des efforts ! Le travail doit surtout se concentrer sur la création d’une cohérence entre les chaussures et la tenue.
Quelle est l’influence du tennis, aujourd’hui, dans la mode des baskets ?
Faible, à vrai dire…
Une marque comme Reebok est presque née par et grâce au tennis. Tu te souviens de la révolution Pump et du joueur qui en était l’ambassadeur ?
Difficile de ne pas s’en souvenir ! Comment oublier Michael Chang et ce quart de finale à Roland Garros face à Lendl… C’est impossible, c’est un monument ! En gros, un peu de pump dans la languette, un service à la cuillère et hop ! on déstabilise la machine à gagner. C’était énorme…
Publié le jeudi 25 avril 2013 à 19:00