Sliman Taghzouit, parti en Italie, aujourd’hui coach au sein de l’académie de Riccardo Piatti.
Comment et pourquoi as‐tu décidé de partir à l’étranger ?
J’ai commencé mon expérience à l’étranger en partant sur le circuit avec un joueur. C’est grâce à cette expérience que je me suis retrouvé au Piatti Tennis Center en Italie. Je savais depuis le début de ma carrière que je voulais vivre de nouvelles expériences en dehors de la France, donc cela s’est produit assez naturellement.
Comment est accueilli un enseignant tricolore quand il arrive en Italie ?
Il n’y a pas de grande différence de traitement en fonction du pays d’origine. Ceci dit, dans beaucoup de pays où j’ai eu la chance de me trouver, nous avons la réputation d’avoir un savoir‐faire riche.
Quelles sont les différences en Italie par rapport à ta formation à la française ?
Il y a certaines différences au niveau technique. Mais c’est surtout dans la formation des enseignants que je trouve la plus grande différence. Nos enseignants sont très complets et profitent tous de la même formation, par la fédération, ce qui facilite la communication entre eux. Ici, cette situation est moins concrète.
Est‐ce que tu es heureux de ton choix ? Est‐ce que tu progresses dans ton enseignement ?
Je suis content aujourd’hui d’avoir un regard sur ce qu’il se passe ailleurs qu’en France. Chaque expérience apporte quelque chose, de nouveaux savoirs, et je reconnais volontiers qu’une simple discussion avec Riccardo Piatti vaut bien son pesant d’or, comme le volume de joueurs que je vois passer ici. Deux concepts sont importants pour progresser : sortir de sa zone de confort, mais aussi rester (ou devenir) ouvert aux autres et à leurs méthodes.
Quels conseils donnerais‐tu à un DE qui veut partir ?
Go ! Le premier serait de se connecter avec ce qu’il se passe à l’étranger. Aujourd’hui, nous avons accès à tellement d’informations, de vidéos, de méthodes qu’il faut en profiter.
Est‐ce que tu ne penses pas que la France est un peu trop tournée vers elle‐même ?
Nous avons un système qui fonctionne plutôt bien, avec un énorme paradoxe : une masse de bons à très bons joueurs, mais pas de vainqueurs de Grand Chelem, ce qui est dû selon moi à plusieurs facteurs, dont la concurrence féroce qui existe sur le circuit. Pourtant, je pense que nous devrions nous inspirer des tout meilleurs, de leur manière d’aborder les matchs, les entraînements, de leur état d’esprit, si nous voulons rivaliser un jour avec eux. Refuser de se satisfaire de ce que nous proposons déjà me semble important.
On parle beaucoup du mental en ce moment en France. Est‐ce que tu as l’impression que cette idée est liée à notre culture ? Qu’en est‐il en Italie ?
Il est certain que nous avons tous une mentalité et une culture différentes. Chaque joueur est aussi différent. Le travail mental revient avant tout à s’adapter aux besoins du joueur, d’où qu’il vienne, afin de l’aider au mieux. La prise de conscience est déjà effective en France, mais celle‐ci se fait attendre en Italie.
Publié le vendredi 15 février 2019 à 13:30