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WLT rencontre… Josselin Ouanna

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Josselin Ouanna dispute le deuxième tour des quali­fi­ca­tions, à Roland Garros. La rédac­tion de Welovetennis a rencontré le Français. Après une saison 2011 à oublier, Josselin repart de zéro cette saison. Les bons résul­tats de début d ‘année redonnent confiance au 202ème mondial qui a très envie de bien figurer Porte d’Auteuil. Le jeune homme d’origine guade­lou­péenne évoque son Grand Chelem préféré, un tournoi très spécial où les souve­nirs sont déjà nombreux.

Josselin, 2012, c’est l’année du renou­veau, la saison galère 2011 est derrière toi ?

2011, c’est désor­mais du passé. Tout d’abord, j’ai souf­fert d’une phlé­bite pendant quatre mois, puis le trai­te­ment a pris du temps. Quand je suis guéri, je suis redes­cendu à la 250ème place mondiale. Derrière, j’ai vécu six mois de galère, je n’avais plus de moti­va­tion, je me posais pas mal de ques­tions… de gros moments de doute et je retombe 500ème. Puis, j’ai décidé de couper complè­te­ment. De là, j’intègre la Fédé en septembre pour m’y remettre à fond. Je me sens bien là bas, je réalise des entraî­ne­ments corrects et je sens que ça commence à payer en match. J’espère que ça va conti­nuer ainsi. L’important, c’est de m’éloigner des Futures. Grâce à mes victoires dans ces tour­nois en début d’année, je suis remonté à la 240ème place mondiale. Désormais, j’évolue sur les Challengers, c’est bien. L’objectif est de parti­ciper aux quali­fi­ca­tions, à Roland.

Retrouver la Fédé, ça a fait un déclic ?

Oui, c’est clair que ça a produit un chan­ge­ment positif. Mais, après, je ne l’avais quittée qu’une année. Donc, je reve­nais en terrain connu. De plus, j’ai décidé de me remettre au boulot avec mon ancien entraî­neur qui m’a permis de passer de la 700ème à la 100ème place. Il me connaît bien et il était le seul à qui je faisais confiance à l’époque. Dans son cadre d’entraînement, je savais qu’il ne me ferait pas de cadeau, même si j’étais 500ème, je savais que je pouvais vite revenir avec lui. Dès le début, il a été clair, en me disant : « Ce sera compliqué, on y arri­vera seule­ment si tu en as envie, mais ça prendra du temps. » Mais je lui ai dit que j’étais prêt et motivé. Aujourd’hui, je suis très content de mon choix. Grâce aux bons résul­tats du début de saison, j’ai fait un bond au clas­se­ment. La progres­sion est en bonne voie.

Est‐ce que tu te souviens de ton premier Roland ?

Oui, mais mes premières parti­ci­pa­tions n’ont pas été très brillantes. Toutefois, ma première parti­ci­pa­tion remonte à l’époque des Juniors. Je vais en huitièmes, puis je me blesse. Chez les seniors, j’ai obtenu des wilds‐card pour disputer les quali­fi­ca­tions, mais je me faisais éliminé très rapidement.

Qu’est ce que tu retiens de ta parti­ci­pa­tion en Junior. Une première à Roland Garros, ça doit être impressionnant ?

Non, pas vrai­ment. A l’époque, je connais­sais déjà bien les lieux car je m’entrainais là bas, et on dispu­tait les cham­pion­nats de France aussi. Par contre, un premier tour dans le grand tableau, ça marque et c’est beau­coup plus repré­sen­tatif à mes yeux. Par exemple, j’avais joué contre Del Potro, une de mes premières années dans le grand tableau. Ça c’était un grand souvenir même si j’avais perdu. Par contre, je n’étais vrai­ment pas passionné par le circuit junior, j’avais déjà l’esprit tourné vers le circuit ATP.

Alors raconte‐nous tes premier pas dans le tableau prin­cipal. C’est un rêve qui se réalise ?

Oui, c’est clair. Depuis tout petit, j’ai eu envie de jouer là‐bas. C’est vrai­ment un tournoi spécial pour moi, une de mes prio­rités chaque année. Deplus, comme je l’ai dit, je m’entraîne depuis des années à Roland. J’ai dormi sur place, ma chambre donnait sur le central. Pendant la quin­zaine, tu vois tous les joueurs défiler, ça donne envie d’être à leur place. La première fois que je suis rentré sur le central, ça m’a vrai­ment fait bizarre.

Ce Central t’a impressionné ?

Au début, oui, j’étais impres­sionné. Mais on avait parlé de ce moment spécial avec mon coach la veille. Il m’avait dit « Au début, Josselin, ça va être diffi­cile, mais bon, il faut bien passer par là car ce n’est pas ton premier match sur le Central et ce ne sera pas le dernier. Les premiers jeux seront sûre­ment compli­qués à gérer, mais, ensuite, tu te sentiras mieux sur le terrain. » A cette époque, j’avais déjà joué sur des grands courts, à Bercy, à Lyon… je pense que ça m’a aidé à faire face, mais c’est clair que le Central de Roland, c’est tout de suite une autre dimen­sion. Les trois, quatre premiers jeux passés, je me sentais bien dans mon match, le stress était passé. Oui, géné­ra­le­ment, j’arrive plutôt bien à gérer ce genre d’événements.

Qu’est ce que tu peux nous dire sur ce Philippe Chatrier ?

C’est un court énorme et j’ai beau­coup de bons souve­nirs. J’y ai joué de très bons joueurs comme Del Potro (ndlr en 2008, au 1er tour, défaite 6–3, 6–2, 6–3) En tout cas, je le préfère au Suzanne Lenglen. Je ne suis pas fan du tout car je le trouve bizarre. Après, j’aime bien le court numéro un, le numéro deux aussi.


Pourquoi le numéro un ? Qu’est ce qu’il a de spécial ?

Il est rapide d’une part. Puis, j’aime bien le son que ça produit quand tu frappes la balle. La réson­nance est parti­cu­lière. Enfin, j’adore la forme du court. Il possède une forme arrondie, on dirait une petite arène. Je m’y sens bien, j’ai toujours eu de bonnes sensations.

Roland et Josselin Ouanna, c’est surtout ce match contre Marat Safin…

Le scénario du match est assez magique pour moi. Il s’agit seule­ment de mon deuxième match en cinq sets. D’ailleurs, j’avais déjà gagné en cinq sets au premier tour. Face à Marat, je mène deux sets à zéro, puis je me relâche un peu, sûre­ment la peur de gagner en trois sets. De là, il s’encouraage, retrouve un meilleur niveau, se remet dans le match. Il fait même le break dans le cinquième set. Mais je reviens à mon tour, puis je m’impose 10–8 dans la manche déci­sive. A ce moment là, il fait quasi­ment nuit, je bats Safin dans un match incroyable, un joueur qui fait partie des idoles de jeunesse…. A cet instant, il n’y a pas de mots pour décrire ce que je ressens. C’est complè­te­ment fou ce qui m’arrive.

De grosses émotions….

Oui, des émotions de fou ! D’autant plus que la famille, les amis étaient dans les gradins. Et tout le public était derrière moi. C’était génial !

Ce public, juste­ment, t’as aidé à tenir ?

Oui, clai­re­ment, car au bout de 4 heures, j’étais claqué, je me souviens qu’à la fin, je jouais, sans sentir la fatigue. Je n’entendais même plus les gens. Je jouais, je tapais la balle car il le fallait mais je ne me souciais même plus du score. Lors des balles de match contre moi, je n’étais pas affolé, ni excité, sans doute à cause de la fatigue. C’était vrai­ment une sensa­tion unique. Je n’avais encore jamais ressenti un truc pareil.

Si tu dois revenir quelques années en arrière, Roland, qu’est-ce que ça évoque pour toi ?

Je regar­dais tout le temps Roland à la télé. Je me souviens des matchs de Bruguerra, de Courier, ce sont des gars qui ont marqué la terre battue de Paris. Plus récem­ment, il y en a surtout un que j’appréciais, que j’aimais voir joué, c’est Kuerten ! Son histoire avec Roland Garros, c’est unique. Enfin, je me souviens du match Grosjean contre Nadal. Je me rappelle bien de cette rencontre car on l’avait regardée avec Jo Tsonga sur place, à la télé. L’ambiance était dingue, on avait limite des fris­sons pour lui. Cela avait été un grand moment.

Roland, c’est le plus beau des Grands Chelems ?

Oui, pour moi ça l’est. Je ne suis pas du tout fan de Wimbledon. Le gazon, c’est une surface que je n’apprécie pas du tout. Les anglais et leurs tradi­tions, je n’arrive pas à m’y faire. L’US Open, ça me plaît bien aussi. Je mettrais Roland en 1, l’US Open en 2, Melbourne en 3 et Wimbledon en 4.

Lorsqu’on évoque la délo­ca­li­sa­tion de Roland, qu’est-ce que ça t’inspires ?

Je ne suis pas vrai­ment pour. J’aime Roland comme il est. C’est vrai qu’on peut toujours faire mieux car, par rapport aux autres tour­nois du Grand Chelem, c’est certai­ne­ment le plus petit. Mais je suis un peu privi­légié. Comme j’habite Paris, je n’ai pas besoin de rester sur place toute la journée. Pour les autres, c’est peut‐être un peu plus gênant car il y a beau­coup de bruit, beau­coup de monde, on s’y sent un peu à l’étroit, les vestiaires sont trop petits. Masi, ça ne me choque pas. Et de toute façon, je n’ai pas vrai­ment d’éléments de compa­raison. Par contre, les trois courts prin­ci­paux sont géniaux. On s’y sent super bien et n’ont rien à envier aux autres tour­nois du Grand Chelem. La délo­ca­li­sa­tion vise surtout à agrandir le court central.

Quels sont tes objec­tifs à Roland ?

Je veux améliorer mon meilleur résultat (ndlr 3ème tour, défait par Fernando Gonzalez 7–5, 6–3, 7–5). J’aimerais aller en deuxième semaine, ce serait génial. Mais aujourd’hui, je peux juste en rêver, mon contexte ne me permet pas de viser aussi haut. Il faut y aller étape par étape. Je veux tout d’abord me quali­fier pour le tableau prin­cipal, ce serait déjà très bien. D’autant pkus que l’an dernier, j’avais été ridi­cule sur le terrain (ndlr : défaite au premier tour des quali­fi­ca­tions contre Marinko Matosevic, 6–4, 6–3), cette saison, j’ai une petite revanche à prendre.