Apolline va commencer par une mise en garde aux lecteurs. Qu’ils ne croient pas qu’ils peuvent dauber impunément sur les gens sur un site comme Welovetennis. On avait déjà fait le tri des trolls qui se permettaient des propos outranciers à l’époque du blog de GrandChelem. Vous l’avez vu dernièrement, on ne tolérera aucun dérapage sur le site. Quant aux propos trop nombreux encore qui ne concernent pas le tennis, ils seront purement et simplement éliminés. La toile est large, personne ne retient qui que ce soit sur GC/WLT.
Apolline rajoute également que la clique moins outrancière mais tout aussi ridicule des gens qui ont balancé sur Nadal au tout début, qui ont balancé sur Tsonga au tout début et qui présentement sont en train de balancer sur l’équipe de France à ses tout débuts sont en train de creuser leur tombe pour les temps futurs où le vent tournera. Ca inclut d’ailleurs l’imbécile qui chez Libération a titré « La France presque éliminée » à la sortie du double de ce samedi. Il doit peut‐être être très fier d’avoir vu juste ce lundi mais journalistiquement, tennistiquement, intellectuellement, il n’a rien compris à ce sport et il n’a rien compris au sport, à son esprit. Ce qui vaut pour lui vaut pour d’autres.
Apoline racontera d’ailleurs cette histoire. Du temps où elle était rédactrice en chef de Sport24, elle a filé un jour une petite leçon d’esprit du sport à un journaliste stagiaire. Nous étions à dix minutes de la fin du France‐Italie de l’Euro 2000, et le jeune stagiaire répétait devant toute la rédaction ce que des millions de franchouillards complexés devaient dire devant leur écran « C’est fini, de toute façon on est des chèvres, et Lemerre, faut qu’il dégage ». Alors Apolline lui a dit un truc très simple : « Quand on va égaliser et que la rédaction va se sauter dessus pour faire une jolie pyramide, je te demanderai de rester sur ta chaise et de n’exprimer aucune émotion ». C’était dit en rigolant, mais dix minutes plus tard, le jeune a subi son bizutage, privé de jouir et d’aimer la vie une première fois. Et puis une deuxième fois dans une soirée où il comprit qu’on a le droit de juger la prestation des sportifs quand un match est fini, mais certainement pas d’espérer que ça se passe mal en direct, juste pour se gargariser de l’échec futur des responsables et pour dire que d’autres auraient dû jouer, propos qui n’ont cesser de pulluler pendant tout le week‐end sur ce site et dont aucun, sans exception, ne fait sens, reléguant d’ailleurs les auteurs à la triste réalité de leur inexistence.
Au début du 3ème set du match Simon‐Stepanek, Apolline a redit qu’elle défendait à qui que ce soit d’annoncer quoi que ce soit sur la suite de ce match. Et encore ce matin, elle vient de lire l’ensemble des réactions des joueurs tchèques et français, et c’est bien le même sentiment qui en resort : tout le monde a été à la hauteur des deux côtés, les choix des capitaines ont été les bons (Forget sait très bien que son voeu secret était effectivement impossible et irrespectueux des joueurs), les tensions liées à la réalité des situations de chacun (expérience et niveau de jeu des Tchèques contre inexpérience et niveau de jeu des Français) ont joué leur rôle à plein. Mais, et c’est l’esprit du sport qui se joue là, tout est resté possible pendant tout ce week‐end, à chaque instant, et l’on aimerait donc lire autre chose avant et pendant les matches que « c’est tous des merdes, ils vont perdre, faut mettre machin à la place de bidule ».
En d’autres termes, l’équipe de France de Coupe Davis ce week‐end ? RAS. Pour une première sélection « générale », elle est à son niveau. Elle va désormais avoir plein de matches à jouer pour s’aguerrir, en tant qu’équipe sur le terrain, en tant qu’équipe en dehors du terrain. En terme d’ambiance, visiblement ça tourne et le match de barrage ne fera que souder plus encore ce collectif car c’est dans la douleur et la peur qu’on découvre ses grandeurs et ses limites. Maintenant et pour les cinq ans à venir, l’équipe de France doit avoir quelques objectifs clairs pour les simples et pour les doubles. Patrice Dominguez a tiré trois pages de notes de ce week‐end, on espère qu’il aura marqué les deux remarques qui suivent
1) On peut gagner un match de Coupe Davis en restant au fond, mais on ne peut pas gagner un week‐end de Coupe Davis et encore moins quatre week‐ends de Coupe Davis en restant au fond. Les deux joueurs de simples doivent donc être des attaquants et on inclut là les attaquants de fond de court. Pour l’instant la France a un attaquant naturel, un phénomène même (ce qu’ont l’air de découvrir les spectateurs, les internautes et journalistes français alors qu’on répète que Tsonga avait déjà tout dit dès sa demi‐finale contre Nadal en Australie), il lui manque un deuxième agresseur officiel. A charge pour Simon, Monfils, Gasquet ou un autre (Chardy ?) de devenir ce deuxième joueur qui fait mal au service et en coup droit, qui fait peur à tout le monde pendant un week‐end aussi sûrement que Stepanek et Berdych nous ont fait peser cette menace permanente de claquer les premiers services et de venir nous coller le filet sur les balles de break.
2) On peut gagner un double de Coupe Davis avec deux bons volleyeurs mais on ne peut pas gagner quatre doubles décisifs en jouant quatre fois dans l’année ensemble. C’est rien de le dire mais c’est maintenant tout de le faire. Premier problème : Llodra joue toujours avec Clément. Question immédiate : est‐ce un problème ou une solution ? Gasquet et Tsonga seraient également envisageables mais ils ont cette petite récurrence à la blessure qui les prévient de multiplier les doubles en plus de leur carrière en simple. Bref pour la première fois depuis très longtemps, la France a un double qui flotte légèrement. Mais ce qui flotte plus encore, c’est finalement ce que la présence de Llodra privé de sa moitié Clément pose comme soucis pour un des quatre autres joueurs amenés à composer le futur de l’équipe de France et pour l’instant choisi à la courte paille pour regarder le week‐end sur son banc. Forget peut continuer à jouer la politique du groupe de 5 et de l’homme en forme, il peut aussi se dire qu’il y aura toujours un blessé qui lui facilitera la tâche dans l’embarras de ses choix, mais si avant de passer la main (ou pas) en 2010, il veut vraiment lancer l’aventure de cette génération‐là, il va falloir à terme la laisser vivre sa vie en lui filant les manettes, en la responsabilisant, en reconduisant un groupe de joueurs plusieurs fois de suite. On aura alors l’occasion de voir si les 4 Fantastiques sont une série pour enfants ou ont vocation à devenir un programme pour adultes.
Car c’est une vérité qu’il faut rappeler, ce n’est pas Guy Forget qui a joué les matches de ce week‐end, ce n’est pas Guy Forget qui a empêché ses joueurs de bien jouer ce week‐end, on a même des informations selon lesquelles il aurait plutôt essayé de faire tout le contraire. Mais l’équipe de France est tombée sur plus forte qu’elle. Les Tchèques c’était du très solide. On rajoutera pour finir avec un petit peu d’humour qu’en ces temps de mondialisation lissant tous les folklores et toutes les cultures pour en faire un truc aseptisé, c’est un bonheur de se faire sortir dans un stade qui résonne comme une antre soviétique à l’époque du Mur et, cerise sur le gâteau, Navratil et sa coupe de cheveux qui n’a plus bougé depuis le Noah‐Smid de 1982, c’est l’image du week‐end.
Vive la Coupe Davis, vive la diversité culturelle !
Publié le lundi 9 mars 2009 à 09:48