Une fois que le grand tournoi qui suit un tour de Coupe Davis a fini de démontrer que Machin n’était pas mieux que Bidule qui aurait gagné si Choupinette n’était pas partie à Acapulco, soit 90% des posts de GrandChelem rédigés au conditionnel de l’hypothétique qui ne sert à rien et qui ridiculise immédiatement son auteur, parlons de Gilles Simon.
Il en a pris pas mal dans le pif pendant un long week‐end et les jours qui suivent, le père Simon. C’était d’une franche injustice au regard de ses bonnes intentions, mais les champions marchant également un peu à la paranoïa, à la frustration et au sentiment d’injustice, on dira que les retombées de cette Coupe Davis lui auront encore fait entrer de l’expérience dans la caboche. On sent surtout que le week‐end en Tchéquie a fini de convaincre notre Gilles de la nécessité de faire évoluer son jeu. Il s’y emploie depuis le début de la saison, ayant accepté d’essuyer les défaites qui coulent forcément d’un jeu hybride, transition entre ce que vous saviez très bien faire (contrer) et ce que vous savez un peu moins bien faire (attaquer). Et c’est encore ce type de défaite qu’il a dû encaisser contre Ivan Ljubicic : un match à courant alternatif où Gilles Simon enchaîne le meilleur de son prochain jeu et le pas complètement calibré, des erreurs qui l’obligent alors à revenir pendant quelques points à ses vieilles habitudes… sauf que ses vieilles habitudes il n’a plus la confiance et les résultats nécessaires pour les rendre complètement efficaces, et tout à coup Simon fait des fautes directes du fond qu’il ne faisait jamais avant. Il perd assez logiquement sa partie pour avoir lâché le premier set. Mais il y en a eu un deuxième, et celui‐là Apolline ne l’a pas oublié.
Le boulot du bon observateur dans ces moments‐là – et si on va l’expliquer précisément, c’est qu’une partie de ce boulot est totalement réalisable par nos internautes et c’est ce qu’on attend aussi d’eux, cette qualité d’intuition, cette finesse d’analyse sur des question de tennis, en lieu et place de diatribes singulièrement bourrines et ad hominem qui polluent le site et empêchent certaines âmes d’avoir envie de poster quoi que ce soit dans un tel marais de polémiques vulgaires et stériles – c’est d’oublier le score, de regarder les matches au détail et de sentir qu’il se passe quelque chose, une évolution ou une régression, un travail particulier sur certains points de jeu créant un motif d’espoir ou quelque chose de très inquiétant. Concernant Simon, Apolline a bien regardé ce deuxième set contre Ljubicic, et elle voit de nets progrès en service, en coup droit et quelques volées qui enfin revenaient dans la catégorie « Jouées par un professionnel ». Ces trois points étant les trois points d’achoppement soulevés à la sortie du week‐end de Coupe Davis, c’est donc que Gilles Simon et Thierry Tulasne continuent de travailler dans le bon sens. C’est qu’ils ont clairement décelé les limites de la progression du numéro 1 français. On peut battre Nadal et Federer en semaine et en deux sets en contrant du fond, mais on ne les bat pas cinq fois par an dont deux en Grand Chelem en ne faisant planer aucune menace d’offensives terrestres sur les balles de break qu’on sera amenées à jouer aux temps chauds. Or tout cela commence par jouer les balles de break en attaquant face à Ljubicic à Indian Wells. Cet effort psychologique « anti‐naturel » de Simon lui coûte encore des points, des breaks, des sets, des matches. Il en perdra encore plein mais son avenir de top player passe par là. Il n’a de toute façon pas le choix. C’est ce chemin qu’ont pris Wilander, Chang, Kafelnikov pour aller décrocher des Grands Chelems, des finales, et des places de numéro 1 ou 2 mondial, c’est ce chemin que n’ont pas réussi à prendre Grosjean, Ferrer, Davydenko et qui les a fait stagner à la 4ème place avant de lâcher doucement l’affaire.
Bon travail, la Chose.
Publié le mercredi 18 mars 2009 à 09:59