Dimanche, Apolline était au Rwanda et ça change tout
1er set
Dimanche Apolline s’est levée très tôt car elle voulait aller tourner à la lumière rasante du soleil levant la scène secrète de son prochain film. Elle a posé sa caméra sur une des mille collines que compte ce beau pays en reconstruction et elle a attendu que ça se passe. A un moment ça s’est passé, pratiquement imprimé tout seul sur la pellicule. C’était une belle émotion.
A 8 heures, Apolline est revenue à Kigali où elle s’est rendue à l’église de Zion pour aller suivre la messe où une de ses amies dansait pour toute sa communauté. C’était une jolie cérémonie alternée de chants et de chorégraphies, deux heures d’une douce montée vers cette transcendance purificatrice qu’Apolline expérimente d’habitude par des dimanches soirs teintés de caipirinha et de samba. Mais il était un peu tôt pour transformer l’église en sambadrôme. Elle écouta donc tout ça religieusement. C’était une émotion vivifiante.
A 11 heures, Apolline avait rendez‐vous avec son ami Claude pour aller visiter un des mémoriaux consacrés au génocide d’avril 1994 dont Apolline rappelle pour information qu’il a provoqué la mort d’un million de personnes en cent jours juste avec des fusils, des gourdins et des machettes. Avant de se rendre au mémorial, Apolline avait déjà une solide connaissance de cette tragédie complétée depuis quelques jours par la vision des films de référence sur le sujet (J’ai serré la main du diable, Sometimes in April, Hotel Rwanda, Shooting Dogs), films visionnés en compagnie de la famille qui l’accueillait. Une famille, vous l’aurez compris, tutsie, soit l’ethnie rwandaise principalement victime de ce génocide. Arrivée au mémorial, votre Apolline a fermé la mâchoire et ne l’a plus desserrée de la visite. Elle a vu, lu et entendu des choses insoutenables mais qu’il faut malheureusement bien comprendre, bien saisir si on veut progresser dans la vie et ne pas commettre les mêmes erreurs. Elle a vu autour d’elle tous les visages des visiteurs se fermer les uns après les autres. Elle a vu tout le monde finir sa visite en apnée. Comme les autres, Apolline est sortie du mémorial pour respirer et retourner à la vie. C’était une émotion à part.
A 14 heures, Apolline avait rendez‐vous au Centre sportif de Kigali pour jouer avec Martin et Jimmy, les deux profs de ce petit club qui entretient dans des conditions difficiles six terres battues d’excellente tenue. L’ambiance y est sympathique, et Apolline bouillait tellement d’impatience à ne plus pouvoir jouer depuis maintenant un mois qu’elle avait décidé de sortir sa grande tenue de championne et de montrer de quel chip and charge elle se chauffe (car vous ne le savez peut‐être pas encore, mais Apolline joue comme Federer et c’est une information à retenir pour la suite de ce texte). Après avoir pris la mesure tennistique de ses deux hôtes (tout en leur laissant quelques jeux, sens de l’hospitalité oblige), elle voit un jeune vingtenaire trainer le long du court avec un air de dire « Toi, la blanchette, tu fais la mariole mais dans dix minutes tu ne vas plus rigoler du tout ». Et quand effectivement, Martin et Jimmy ont fait comprendre à Apolline que le dénommé Dieudonné avait très envie de jouer avec elle, elle s’est exécutée, et quelle ne fut pas sa douleur.… Passé la stupéfaction d’un jeu à se faire attaquer sur son premier service par des chops plein centre et des volées claquées au cordeau, Dieudonné a très vite réglé son service kické, puis son passing shot de revers et enfin son coup droit lifté décroisé, et six jeux plus tard c’était marre. Le revers chopé de votre Apolline et surtout cette volée qui fait l’admiration des bambins venaient littéralement de voler en éclats devant les coups de boutoir du champion local. En sortant du court, ce dernier, charmant garçon, révélait qu’il était le numéro 3 de l’équipe de Coupe Davis du Rwanda. Apolline était un peu soulagée mais n’en restait pas moins sonnée par cette impression terrible de ne pouvoir maitriser « physiquement » le lift et la puissance de feu de Dieudonné. Et c’est une sensation tenace qui la poursuit encore à l’heure d’écrire ces lignes.
Et puis à 16 heures (heure locale) démarrait la finale qu’Apolline a suivie avec tous les gens du club devant la petite chaine du câble qui retransmettait la rencontre. Et ce fut une sensation unique au monde.
Pourquoi Apolline vous raconte tout ça ? Pour plein de raisons, mais retenez la principale, tirée du grand enseignement de ce mois autour du monde. Nous ne vivons pas dans un monde de faits mais dans un monde d’émotions. Transcrit dans le langage techno : toutes les données sont numérisables à l’exception du divin présent en soi, cette poiesis, cette capacité qu’a le siège de nos émotions à relier des choses qui n’ont rien à voir, qui ont tout à voir.
Dimanche, Apolline était au Rwanda et ça change tout.
2ème set
Ce premier set empoché 6–4, Apolline a envoyé à Laurent Trupiano ce SMS qu’elle vous retranscrit fidèlement « Et de un ! Ceci dit, quel vent ! Federer va être très menaçant. Il monte dès qu’il peut ».
Comme les lecteurs de GrandChelem le savent car elle l’a longuement expliqué il y a dix mois dans son dernier texte en 5 sets, Apolline est nadalienne. Dimanche, elle était donc pour Rafael Nadal. A bloc. A fond derrière l’Espagnol. Mais comme beaucoup de jeunes lecteurs de Welovetennis n’ont pas connu GrandChelem, Apolline va prendre la peine de rappeler ce que ça veut dire « être nadalienne ». Et elle va venir fustiger la grosse erreur que les commentaires laissés sur le site font encore transpirer.
Une bonne fois pour toutes, tenez le vous pour dit, l’objectivité, la réalité et la vérité ne sont pas de ce monde. Ne demandez à personne sur cette terre et encore moins à un journaliste d’être objectif, il n’en est pas humainement capable et pour en connaître qui marchent encore à ce genre d’imposture pour se donner bonne conscience, quand Apolline entend un journaliste parler de vérité, de déontologie, d’impartialité, d’objectivité, elle sort son fusil. Au contraire si Apolline revendique une compréhension des arcanes d’un certain nombre de sujets de société dont celui du tennis, c’est qu’elle laisse parler sa subjectivité, sa sensibilité et ses émotions personnelles avec le plus de liberté de ton possible, et c’est là où elle gagne la partie. Dimanche, Apolline a vécu mille émotions avant le match, mille pendant, mille après et c’est ce mélange de tout : de la scène de cinéma du matin, des chants et des danses dans l’église, des témoignages du génocide, de la branlée encaissée contre Dieudonné avec des images de volées qui flottent au ralenti dans l’air rwandais et de l’état d’apoplexie dans lequel l’a mis le passing de revers de Federer qui vont construire son papier, qui vont lui donner sa force, une force qu’elle tentera alors de transformer en petits ou grands mots selon son inspiration du jour. Mais sans parti pris, sans favoris, sans chouchous, ajoutons même, sans une certaine forme de fanatisme, et pour exagérer le propos de fanatisme religieux, pas de grands mots à disposition, pas de grands textes en conséquence, pas de communion à la clé, pas de lien social au bout. Dans un envoi récent, Apolline a retourné toute sa mailing liste personnelle, toute la colonie d’athées mollassons et d’incultes du culte qui lui tient lieu d’entourage, avec deux textes consacrés au fait religieux, expliquant pourquoi non seulement Dieu ne disparaitra pas mais surtout s’il disparaissait, la nécessite de lien social sur une idée abstraite mais confortable, celle de Dieu, serait réinventée dans les dix minutes pour permettre à l’être humain de pouvoir reprendre de la hauteur, c’est à dire de l’espoir. Nous avons besoin de prendre parti et nous avons besoin de croire que ce parti est bon pour respirer à plein poumons. Nous avons besoin de ce sectarisme‐là, il est fondateur et ordonnateur pour la hiérarchie de nos émotions, même pour leur bon fonctionnement cardiaque. Il est désormais démontré que la religion est médicalement conseillée, tant pour se rattacher à une communauté qu’à une idole, y compris dans ce qu’elle implique d’exclusion des autres groupes ou des autres idoles. C’est un sentiment qui permet de se rassurer et de se structurer, c’est terrible mais c’est comme ça. Car si c’est de ce réflexe mal conditionné que naissent les actes génocidaires ou ostracisant, c’est aussi de ce réflexe bien conditionné que nait la société. Appliquée au sport, une étude récente montrait à quel point il était nécessaire à tout néophyte confrontée à la vision d’un match dans un sport inconnu de devoir rapidement choisir son camp afin d’y attacher l’intérêt nécessaire à la construction et la solidification de ses émotions. Sans ce parti pris, rien ne s’imprimait en lui, rien ne lui permettait d’établir la différence entre être heureux ou être déçu en relation aux agissements du clan choisi. Sans ce parti pris, pas d’identification, pas de rêve de faire parti du clan, d’en être une des composantes actives et donc pas de possibilité d’être soi. Relisez bien ça : pas de rêve d’être un autre et donc pas de possibilité d’être soi ; on ne peut pas être soi si on ne peut pas imiter les autres, ceux du clan dont on a envie de faire partie. Sans chouchou et sans totem, nous ne sommes que des chiens perdus sans collier.
Si Apolline, fan compulsive (même dans un combat de coq, elle n’attend pas plus de 5 secondes pour sentir sur quelle crête elle a envie de miser) a pris le statut de chroniqueuse des passions, c’est bien parce que les gens qui lui ont donné envie d’écrire sont ceux qui ont pris le parti le plus clair de cette sensibilité et de ces choix radicaux. Richard Evans est le plus grand journaliste du monde du tennis parce que quand Apolline lui demande devant la caméra pourquoi il est tombé amoureux de McEnroe au premier regard, Richard répond « Pour deux raisons. D’abord parce que nous sommes tous les deux verseaux. Et la deuxième raison… ». Mais la deuxième raison, la plus sérieuse, Apolline s’en fout. Richard Evans est grand parce qu’il sait ça, il sait que la vie, la passion pour quelqu’un, ça peut ne tenir qu’à ce genre de détails, ce petit totem qui dépasse de la poche, un signe astrologique et toutes les croyances un peu sottes que nous y attachons pour nous sentir liés les uns aux autres. Apolline en sait quelque chose… elle est verseau (premier décan). Ecoutons encore le plus grand journaliste de tennis français, l’écrivain Denis Lalanne (qui n’est pas verseau ; nobody is perfect) signer dans Tennis Magazine à la sortie du match McEnroe‐Lendl de Roland Garros 1988 un texte intitulé « Le Crépuscule éclairée » et entamer le deuxième paragraphe par ces mots : « Mais je tiens à évoquer sans le secours d’aucune note, plutôt comme un croquis de mémoire, comme un billet griffonné le cœur battant sous un parapluie de circonstance le rendez‐vous que ce génie avait donné à Paris et à son tournoi ». Vous lisez ? Vous entendez ? « Sans le secours d’aucune note », « comme un croquis de mémoire », « un billet griffonné le cœur battant », « un parapluie de circonstance ». Ces mots‐là, dans cet ordre‐là, dans ce rythme‐là, Apolline les connait par cœur depuis 20 ans et ça, ça lui parle, ça la fait vibrer, ça la fait voler, ça lui donne envie de jouer au tennis et d’écrire dessus. Ajoutons encore cet élément essentiel qui entérine la force des artistes comme Evans et Lalanne. On a beaucoup reproché aux deux de soutenir John McEnroe dès le premier papier et de laisser transpirer ça dans leurs écrits tout au long de leur carrière. Mais c’est bien là l’honneur de cette profession que d’avoir joué ce rôle : être un observateur qui voit clair, qui voit tôt et qui explique que « Non, on se trompe. Non, on n’a pas compris. Non, il faut bien regarder à deux fois ». Evans et Lalanne soutenaient McEnroe dès 1977 quand la majorité des scribouillards en étaient encore à parler de Borg la larme à l’œil en 1982. Ces derniers sont aujourd’hui tombés dans l’oubli, demandez‐vous pourquoi ?
En cela, Apolline est une artiste, imprimant sa vision d’artiste libre, impudente, égotiste. Les statistiques, ça ne lui parle pas. La soi disante objectivité des statistiques et des conclusions qu’il faudrait en tirer, ça ne lui parle pas. Si elle avait envie de reprendre chacune des feuilles de statistiques des matches en tennis, et par exemple celle de cette finale, elle montrerait que toutes les chiffres sont faux, voilés par l’aveuglement grossier qui stérilise tous les critères et les rend inopérant. Apolline ne reconnaît pas la moitié des fautes directes qu’on impute à Roger Federer dans ce match. Ce ne sont pas des fautes directes, ce sont des points indirects de Rafael Nadal, ce sont des troisièmes, quatrièmes ou cinquièmes coups lourds et longs de suite que Federer ne parvient plus à contrôler avec un revers à une main, pas plus lui qu’un autre d’ailleurs ; même à deux mains, le Rafa il aurait du mal à les contrôler ses propres balles. Apolline ne reconnaît pas plus le nombre d’erreurs qu’on met sur le paletot du Suisse en retour de service. Si on ne prend pas en considération la monstruosité qu’est devenue la combinaison d’effets que met Nadal sur son engagement, on ne comprend pas pourquoi Federer passe la moitié des jeux à dévisser en retour. Combinez les stats et faites le compte (Apolline ne le fera pas pour vous) et vous verrez que ça n’a pas de sens de venir comparer les coups gagnants de Federer et de Nadal. Ceux du premier mettent l’Espagnol à trois mètres de la balle, ceux du second mettent le Suisse sous l’éteignoir en revers pendant près de 4 heures. Mais pour faire entendre ça il faut laisser parler sa sensibilité, humer l’air, sortir son doigt et le mouiller, rattacher des sensations passés et présentes, passer des heures et des heures au stade, arrêter de tout commenter depuis sa télé, même si pour la circonstance c’est du même endroit que la majorité des lecteurs qu’Apolline s’exprime. Et voyez vous, l’intérêt de cette passion, c’est que ça permet également de voir clair sur l’adversaire, ici Federer, et de comprendre sa problématique surtout quand deux heures avant, l’ami Dieudonné vous a mis la même pression et vous a démonté vos deux coups forts.
Pour autant quand elle lit que Welovetennis devrait se tenir justement à un équilibre des fans, genre « S’il y a un papier pro‐Nadal, il en faudrait aussi un pro‐Federer pour contre‐balancer », elle lève les yeux au ciel. Et pourquoi pas un article sur chaque joueur du top 10 pendant qu’on y est ! Une cuillerée pour Djokovic, une cuillerée pour Murray et une cuillerée pour Gasquet ? La fessée oui ! Celle qu’Apolline a administrée à Richard il y a 7 ans sur Sport24 le jour même où il venait de remporter la finale junior de l’US Open. Une fessée qui ne mérite aucune contre‐partie « pour faire la balance », encore moins au regard de ce qui se passe depuis ce jour‐là. Et si Apolline a un jour besoin de remettre une couche, elle en remettra une sans se demander si c’est le moment ou pas de le faire, si c’est de l’acharnement ou non. Un journal n’est pas une campagne présidentielle avec temps de parole égal pour tous calculé à la seconde près par le CSA, ce n’est pas non plus une réunion d’alcooliques anonymes à niveau de témoignages semblables, c’est un lieu d’expression d’une vision du monde passionnée et assumée, certes remise en jeu chaque jour mais passionnée et assumée. On y vient pour faire part de sa sensibilité qui est une énorme charge de sélectivité et de subjectivité en essayant de faire en sorte que cette sélectivité et cette subjectivité fassent sens pour le lecteur, qu’elles l’obligent à se poser des questions, à réagir, à s’interroger, à se situer sur l’échiquier des maitres, à trouver ceux qui méritent l’admiration et ceux qui ne le méritent pas, à voir ce qui définit un champion de ce qui ne le définit pas.
Depuis deux ans, Apolline ne cesse d’interroger les lecteurs et elle ne peut pas le faire mieux qu’en prenant foncièrement partie, en dévoilant ses gouts, en avouant ses attentes, ses espoirs, ses irritations. C’est un jeu sacrément risqué parce que depuis deux ans tout le monde l’attend au tournant. Mais c’est ça le haut niveau. Apolline annonce « Tenez » (bien prononcé le z sinon l’Anglais ne comprend pas), elle sert et derrière elle envoie la sauce du fond du court, elle gratte, elle fritte, elle martèle, elle pousse tout le monde dans ses retranchements, elle ne fait de cadeau à personne. Est‐elle breakée 4–1 par une lettre de départ d’Elmar, fan de Federer (qui est prié d’arrêter de bouder quand ça ne va pas dans son sens) ? A partir de là, elle ne va plus faire une seule faute. D’abord elle va prendre tout son temps pour écrire son papier, aller chercher la limite des 25 secondes après chaque phrase. Qui le lui reprochera ? Qui ose encore reprocher à Apolline de prendre du temps pour préparer son service ? Qui n’a pas encore compris que c’est bien dans ces moments‐là qu’Apolline réintroduit du cérémonial, de la respiration, du temps faible et du temps fort, de ces temps faibles qui font encore plus ressortir le gros temps fort. Alors Apolline revient, point par point, jeu pas jeu, à sa main, à son rythme, à son tempo.
Elle empoche le deuxième set 6–4. Elle mène deux sets à zéro. Ne cherchez pas ailleurs, il est là le tournant du match.
3ème set
La dernière question en date qu’Apolline a posée à ces lecteurs était pourtant claire, elle tournait justement autour de cette notion de rêve, c’est à dire une fois de plus d’émotion. Cette problématique, on pouvait d’ailleurs la voir de différentes façons : « Qui Federer fait‐il rêver ? Qui a envie d’être Federer ? Après Roland Garros, qu’est‐ce qui peut encore transpirer de nouveau du Corps‐Federer ? ». Pourtant personne n’a vu qu’Apolline l’avait posé d’une manière très spécifique, très personnelle en fait. Elle l’a posé du point de vue cinématographique, qui est celui de la mémoire. En gros qu’est‐ce qu’il reste de Federer quand on a tout oublié et si on avait donc un film à faire sur Federer, on parlerait de quoi ? on montrerait quoi pour que le long‐métrage soit un tantinet intéressant ?
Or Apolline est désolée de commencer le 3ème set sur le même rythme que les deux premiers mais elle a lu les commentaires, et elle n’a strictement rien trouvé de concluant ni même de passionnant dans la soixante‐dizaine de posts rédigés. Bien sûr Elmar a tenté de nous expliquer que Federer c’était la petite musique des rivières souterraines, que c’était intérieure, qu’on ne pouvait pas comprendre si on n’était pas là au début. Mais on était là au début, ami Elmar, et les contours de l’intime peuvent encore trouver quelques mots pour déployer leur essence. Cela s’appelle la poésie. On vous vit plus inspiré, camarade.
Alors afin de mettre à nouveau tout le monde à contribution, votre Apolline va lancer un petit défi à ses lecteurs : écrire un bon scénario. Attention, un bon scénario ne fait pas forcément un bon film, cela n’assure pas le succès de l’entreprise mais ça indique très vite si le réalisateur a un goût de chiottes ou non. Apolline va demander à nos artistes en herbe de définir une histoire en cinq scènes clef sur Federer.
1) La scène d’ouverture, généralement une scène qui pose d’entrée le personnage ou l’intrigue que soulève ce personnage (par exemple pour un film sur John McEnroe : McEnroe est en train de contester sur un arbitre et se fait siffler)
2) La scène portemanteau : le fameux fil sur lequel on tire et toute la pelote du personnage se déroule. Cela peut être un lieu symbolique, un jour symbolique, un match symbolique (par exemple les deux sets et demis joué sous la pluie à Paris contre Lend en 1988)
3) La scène miroir déformant : une scène qui révele la face cachée du personnage (par exemple La biographie de McEnroe qui balance une vanne à sa mère « How much is enough ? »)
4) La scène momentum : un moment soit de gloire, soit de chute du champion (par exemple : McEnroe perd en 1984 après avoir mené 2 sets 0 et 4 balles de break contre Lendl. Il est effondré sur sa chaise et ne bouge plus pendant 5 minutes)
5) La scène finale : la scène qui boucle la boucle soit par une anecdote, soit par un petit pied de nez qui répond à la scène d’ouverture (McEnroe sur le Senior Tour discutant avec les arbitres avec les gens qui applaudissent).
Voilà, vous avez dix minutes et pendant que vous réfléchissez, Apolline bâche le terrain car on annonce un peu de pluie sur la Tamise.
1ère Interruption
Quand Federer et Nadal sont revenus à 2–2 dans le 3ème set, Apolline a envoyé un deuxième SMS à son amie Zelia : « Le vent est tombé. C’est un nouveau match qui commence. Nadal en grand danger ».
Le vent.
Apolline est surprise que personne n’ait relevé ce facteur essentiel dans cette finale. C’est pourtant un élément que Federer a pointé en conférence de presse et sur lequel il s’est finalement plus attardé que sur la question très embarrassante de l’obscurité. Le vent a été très pénalisant pour le Suisse pendant les deux premiers sets. Apolline entend déjà les commentaire : le vent, c’est pour les deux. Oui mais non. Cela n’a pas la même influence dans l’archétype de l’échange nadalo‐federien. Les conséquences pour celui qui bombe la balle avec son coup droit ne sont pas les mêmes que pour celui qui défend à plat ou en slice avec un revers à une main.
Cette affaire du vent avait déjà marqué une finale de Grand Chelem, celle de Gustavo Kuerten contre Alex Corretja à Roland Garros. En 2001, il y avait un zef à décorner les bœufs à la Porte d’Auteuil pendant un set et demi, et l’horloge Kuerten avait semblé longtemps grippé, entrainant l’irritation à peine cachée du futur triple vainqueur. Là aussi le lifteur Corretja avait eu plus de facilité que le puncheur Kuerten a tenir la balle dans le court, à se régler et à jouer avec les éléments éoliens. Mais le vent une fois tombée, c’était un autre match qui avait commencé, un match où le Brésilien retrouvant son placement et pouvant s’appuyer sur une balle qui cessait de tourbillonner comme une feuille morte avait pu prendre petit à petit la mesure du trop tendre Alex. Quand l’an dernier Apolline a discuté avec ce dernier pour le dossier Federer à Roland, c’est la première chose que l’Espagnol lui a dit : « Dès que le vent est tombé, il m’a mis en difficulté ».
Bon c’est pas tout ça mais ça y est, vous les avez vos cinq scènes ? Non ? Ah oui mais, mes enfants, là il y a déjà trois balles de break pour Rafael. Dans 10 minutes, ça fera 6–4 6–4 6–4 et le plus grand joueur de tous les temps, il pourra aller relire tous les textes d’Apolline depuis deux ans, et il ne pourra pas dire qu’elle ne l’avait pas prévenue.
Car les jeunes lecteurs de Welovetennis et les anciens de GrandChelem sont malvenus de dire que mademoiselle Apolline (oui elle est célibataire) a enclenchée la curée à la sortie du dernier Roland Garros. Au contraire si on connait bien la chronologie des faits, elle bouclait là la fin du tir groupé sur cible mouvante, un côté « Que Toto se fasse déchirer définitivement dans son propre jardin et qu’on puisse enfin passer à autre chose, y compris pour lui ». Le début de sa campagne anti‐Federer, Apolline l’a en effet déclenchée le soir de sa finale à l’Open d’Australie 2007 contre Gonzalez. Oui, vous avez bien lu. Le soir où après avoir étrillé tout le gratin du tennis mondial en 3 sets secs avec sa nouvelle K‑Factor, les journaux du monde entier ont commencé à déblatérer sur le Roi Roger, parti pour dominer encore 5 ans, avec plus de 20 Grands Chelems à la fin de sa carrière et tout le bastringue. Quand tout le monde s’est caressé sur son Word pour faire le texte le plus orgasmotron sur la future carrière du Suisse, Apolline a écrit simplement« S’il veut rentrer dans l’histoire, il y a trois problèmes qu’il va devoir résoudre bien au‐delà de la question des titres : 1) gagner Roland Garros, le tournoi symbolique où les prétendants précédents ont chuté en masse, le tournoi le plus dur pour les attaquants, 2) dominer Rafael Nadal au nombre de leur duel sinon ça va poser un problème à tous les fans 3) rentrer en transe parce qu’un joueur mythique c’est avant tout un corps, une façon de bouger qui laisse une impression sur la rétine. A ces questions‐là, Apolline a laissé entendre au premier soir austral qu’elle avait les plus sérieux des doutes sur leur probable réalisation. Alors que pour tout le monde, et dans l’euphorie du sans‐faute à Melbourne, ce n’était plus qu’une question de mois. Mais un an et demi plus tard, 1) Roger Federer n’a toujours pas gagné Roland Garros et paraît en posture de plus en plus difficile pour les prochaines éditions, 2) Il perdait 6–3 contre Rafael Nadal, il perd maintenant 12–6 et vient de se faire battre sur sa surface préférée, 3) Pour la transe, on attend encore mais c’est pas avec ce qu’on a vu à Roland et pendant les deux premiers sets à Wimbledon qu’on est rassu…
Et Apoline n’a pas eu le temps de finir sa phrase qu’un petit courant d’air lui est passée dans le dos entrainant un léger frisson traumatique. Ce petit courant d’air de Kigali qui annonçait la tombée vertigineuse de la nuit à 18 heures pétantes et simultanément celle du vent à Londres. L’effet papillon sûrement. Le t‑shirt de Nadal arrêtait de voler, le col de Federer se tenait droit. Alors Apolline a fait un calcul rapide : Federer mené pour la 1ère fois de sa vie deux sets à zéro dans une finale de cette importance (avec Nalbandian à Shanghai, c’était spécial), dans l’impossibilité totale de lâcher la partie vu le prix du match dans sa carrière, commençant enfin à pouvoir rentrer dans le terrain, et de moins en moins emmerdé sur son service, ça commençait à sentir l’ouverture de la messe à l’église de Zion. Les Kigaliens à mes côtés s’inquiétaient un peu vite pour ces fameuses trois balles de break au milieu du 3ème mais Apolline n’avait pas desserré les dents : « Il va revenir ». D’où l’envoi du SMS. Quelques jeux plus tard et multipliant les décalages de coup droits décroisés, c’est logiquement que Federer glanait ce premier tie‐break qu’il avait dominé.
Deux sets à un. Mais deux sets à un, quand on est Nadal, ça veut dire qu’on a toujours qu’un set à gagner alors que l’autre il en a deux. C’est pour ça que le tournant du match se situe à la fin du second.
4ème set
Et tout à coup, Federer a mis du wasabi dans les sushis d’Apolline, et la mère Apolline, elle est devenue toute rouge
« Du wasabi dans les sushis », beau titre pour un film, non ? C’est que ça fait déjà dix minutes et Apolline n’a toujours pas reçu de projet de script en 5 manches. Elle prend donc les devants. Du wasabi dans les sushis, ça marcherait bien pour un film comique, et il faut bien avouer que la première fois qu’Apolline a lu cette expression sous la plume de Roger Federer, elle s’est franchement fendue la poire.
Souvenez‐vous, c’était l’an dernier, la semaine où Roger assurait la tenue du blog sur le site de l’ATP. Dans une chronique qu’il avait nourri avec beaucoup de sérieux et son honnêteté habituelle, avouant sans complexe que ses journées avaient quelque chose d’assez réglées et chiantes en terme d’horaires mais qu’après tout c’était comme ça qu’il se sentait bien, on avait compris que la grande affaire de la semaine, c était l’histoire du wasabi dans les sushis. Marque de son intrépide espièglerie, Roger avait mis discrètement du wasabi dans les sushis de Mirka, sa compagne, et Mirka était devenue toute rouge. Voilà la bonne blague qu’il lui avait faite et dont il pensait qu’elle allait bientôt entrainer des représailles de la part de sa fiancée.
Que dire ?
Toujours être honnête, c’est à dire avouer avec la même franchise qu’en révélant le genre de farces qui agrémentaient son quotidien, Federer incarnait par ce petit bout de la lorgnette tout ce ce qui gonflait gentiment Apolline au‐delà même du joueur de tennis. Cette façon d’endormir tout le vestiaire depuis 3 ans en chantant « Bonne nuit, les petits ». Cette façon de filer les bons de sortie et les mauvais points pour les nouveaux arrivants : Djokovic invité à s’expliquer sous prétexte qu’il disait vouloir devenir d’ici peu le numéro 1 ; le même prié de se calmer sur ses imitations alors qu’elles concernaient très peu le Suisse et qu’elles avaient fait l’unanimité de tous les fans en terme de drôlerie. Vous voyez, ce petit côté fils bien peigné de la tradition, chéri de Wimbledon, jouant l’aristocrate gentleman pour montrer qui était le nouveau gérant de la maison ITF. A la vision de cette finale de Wimb 2007 où un joueur, en nage et en tenue, était rentré avec sa raquette pendant que l’autre en pantalon de pique‐nique faisait comprendre qu’il avait laissé la sienne au bureau, Apolline n’avait pas pu s’empêcher de balancer « C’est vraiment le directeur du Crédit Suisse de Bâle. Faites gaffe, il ferme le guichet à 17h15 ». Apo pensait alors se rabattre sur sa biographie pour trouver quelque chose de passionnant, elle n’enfilait que les pires des poncifs sur son enfance et sa carrière. Elle croisait un jour les mecs de Nike, et elle comprenait qu’ils étaient également tous très emmerdés avec Federer, ne sachant pas quoi faire de lui et de son image (il suffit de voir leur dernier film avec Roger qui navigue entre la parodie de James Bond et celle de Peter Sellers dans la Panthère rose pour comprendre le malaise du corps Federer). Elle grattait un peu sur ses investissement à Dubai. Dubai, tu bailles, oui. Son amitié avec Tiger Woods ? On imagine les folles soirées entre les deux couples à parler d’invincibilité en regardant la lune se découvrir.
Restait le wasabi.
Pour ceux qui ne le savent pas, le wasabi est la petite pâte verte épicée que l’on met sur le bord d’un plateau de sushis. Elle relève le goût de ce petit paquetage riz‐saumon ou riz‐thon de plus en plus prisé dans le monde. Et maintenant qu’elle a fait le tour du monde, Apolline peut vous certifier qu’on trouve des sushis dans tous les pays avec du wasabi sur le coin du plat. Partout… sauf au Japon.
Au Japon, le wasabi est directement intégré dans le sushi, caché entre le riz et le saumon. Et ça, ça change tout. Ca fait que si on engloutit le sushi sans faire gaffe, le condiment peut se diluer directement dans le palet, et ça fait comme avec la moutarde : vous devenez tout rouge avec les naseaux qui fument.
Dimanche, dans le tie‐break du 4ème set, à 8–7 service pour Nadal, Apolline a fait une erreur grossière. Elle a englouti son sushi sans voir que Federer avait mis deux fois plus de wasabi sous la tranche de saumon. Après deux heures passées sans pouvoir tirer un revers gagnant, après avoir pris dans les dents un passing monstrueusement nadalien au point précédent, Federer au bord du gouffre a sorti son coup de « plus grand joueur de tous les temps » et Apolline est devenue toute rouge. Deux points plus tard, Roger sautait comme un cabri en rigolant de sa bonne blague, pendant qu’Apo était à deux doigts de s’étouffer sous la table.
Deux sets partout. On a apporté une énorme bouteille d’eau à Apolline qui a bu un litre en une seule gorgée, les yeux encore embués d’émotion et qui a promis devant témoins que plus jamais elle ne se moquerait de Roger Federer.
Roger, tu es définitivement le plus grand joueur de tous les temps. Même Rafael Nadal le dit.
5ème set
Nadal a aussi dit ce que lui avait inspiré la perte du 4ème set : « Eh bien c’est la finale de Wimbledon, donc je dois continuer à me battre avec une attitude positive. Je joue bien alors pourquoi je devrais m’incliner, hein ? J’ai gagné deux sets 6–4 6–4, j’ai perdu deux tie‐break et je n’ai pas été très chanceux. J’ai joué deux points terribles à 5–2 sur mon service, et après il a très bien joué. J’ai accepté ça, avant tout accepté l’idée d’avoir très mal joué à 5–2 et que lui ait très bien joué. Donc j’ai juste essayé de rester concentré sur moi, de bien jouer. S’il avait eu un break dans le 5ème et m’avait battu, je l’aurais félicité et je serais rentré chez moi. C’est tout ».
Si depuis deux ans, Apolline a été le plus fidèle soutien de l’Espagnol et si à son attitude au début du 5ème set, elle a compris qu’il irait au bout (ne croyez pas qu’Apolline se la raconte, là elle a carrément décider d’appeler la France pour dire que Nadal allait gagner parce qu’il avait mené 2 sets à 0), c’est pour ce genre de déclaration et pour tout ce qu’elle doit inspirer à tous les jeunes qui nous lisent. Soit exactement le contraire de ce qu’on leur seriné depuis le début et qu’Apo a démonté pièce par pièce, patiemment, en essuyant tous les quolibets du monde pendant deux saisons.
Non Rafael Nadal n’est pas un bourrin surdopé avec des gros bras, c’est exactement le contraire, et c’est la chose qui frappe la première fois qu’on le rencontre : Nadal est grand, élancé, avec des segments longs, un très beau port de tête et une musculature tout ce qu’il y a de plus normal. Si Federer et Nadal échangeaient leur tenue, que Rafa recouvrait ses bras avec une chemise large pendant que Roger découvrait les épaules avec un juste au corps, les gens seraient très étonnés du résultat. La baraque n’est pas forcément celui qu’on pense.
Non Rafael Nadal n’est pas un idiot bredouillant un discours creux de veau espagnol bêlant l’anglais avec plein de « no » interrogatifs, c’est un mec super intelligent, doué pour son âge d’un bon sens et d’une capacité d’analyse hallucinante sur ce qu’il fait de bien et sur ce qui lui reste à améliorer. Pour vous situer le personnage il y a deux ans, Apolline vous avait repris une de ses citations après sa défaite à l’US Open 2006 contre Youzhny. Pas plus ennuyé que ça par une correction pourtant assez sévère, Nadal avait utilisé quatorze fois le mot « Improve » en 5 phrases. Et tout était dit.
Non Rafael Nadal n’est pas uniquement un gratteur du fond du court débitant du lift à 3000 tours/minute, c’est aussi un joueur de toucher subtil, qui a claqué des amortis et des contre‐amortis à un Federer pourtant passé maitre dans l’exercice. Nadal c’est également un revers glissé croisé qu’il joue désormais à merveille. Nadal c’est encore une volée que son intense pratique du double a ciselé et rendu tout à fait valable. Nadal c’est enfin des coups de squash impossible comme cette balle de Federer qui l’a dépassée et dont il a fait le tour pour aller la remettre dos au jeu avec un coup de patte félin.
Non Rafael Nadal n’est pas un tricheur qui joue avec le règlement pour récupérer son souffle mais quelqu’un qui a appris à calmer sa suractivité par un certain nombre de rituels qui lui prennent du temps. Trop ? Ce n’est pas à lui d’en juger, il y a des arbitres pour ça et quand ils mettent un avertissement pour dépassement à l’Espagnol, ce dernier ne bronche jamais.
Et enfin non le jeu de Rafael Nadal n’est pas le genre de jeu que joue Apolline et qu’Apolline aimerait fait jouer à ses enfants. Elle défendra toujours le jeu de Federer en conséquence, elle n’a cessé de le faire depuis deux ans. Mais la passion pour un joueur, ce n’est pas là‐dessus que ça se déclenche. L’amour, le love at first sight, c’est ce truc que la personne dégage, c’est cette histoire de mojo. C’est comme ça. Parce que c’est lui, parce que c’est moi. Parce que son oncle a raison : Nadal a un truc que les autres n’ont pas. Un truc auquel une femme est très sensible. On peut même aimer Nadal parce qu’on trouve qu’il a un beau p’tit cul. Et Nadal a vraiment un beau p’tit cul.
Mais Apolline est déjà toute mouillée. Oh non pas l’excitation, juste la pluie.
2ème Interruption
Quand Federer et Nadal sont revenus sur le terrain pour la dernière fois, ils ont fait rentrer le jeu dans une autre dimension, cette espace temporel où la victoire et la défaite n’ont plus aucune importance. C’est pour ça que le sport est unique, parce qu’il doit redoubler la crudité de son résultat d’une sorte de victoire morale qui, elle, se discute jusqu’au bout de la nuit. Il n’est qu’à lire Welovetennis depuis deux jours pour le comprendre. L’herbe était trop longue, les balles trop grosses, la nuit trop noire, tiens fais tourner.
Elle est pourtant bien jolie l’expression qu’a trouvé Fabrice Santoro avec cette notion de match nul en tennis. On tournait autour depuis pas mal de temps au fil des rencontres entre les deux joueurs. On sentait que ces deux‐là avaient une capacité réelle à faire rentrer leur match dans un sauf conduit de neutralisation par le haut, d’émulation à sommes nulles.
C’est pour ça qu’il faut être moins dur avec Mats Wilander. C’est un immense joueur de tennis, à coup sûr le plus intelligent de l’histoire du tennis et ça, Apolline peut vous dire qu’elle ne lâchera pas un pouce de terrain sur cette question. Pour ceux qui ne le savent pas, c’est Wilander le premier qui à la sortie de la défaite de Nadal face à Muller en 2005 balance : « Le plus gros rival de Roger à Wimbledon, ce sera Rafael ». C’est lui qui a mis la puce à l’oreille d’Apolline. Elle vous a raconté tout ça l’an dernier après la finale. En choisissant cette année de prophétiser sur le fait que Federer devait envoyer des fleurs à Nadal car c’est ce dernier qui allait obliger le Suisse à se remettre au travail pour reprendre son bien, Apolline remercie là aussi le Mats, le Ingmar Bergman du tennis, car ce soir, enfin revenue en France, enfin reposée, enfin sortie d’un jetlag qui creuse les cernes et grille les neurones, elle a compris quelque chose.
Nadal et Federer sont le plus grand joueur de tous les temps, et le documentaire à faire, ce n’est ni sur l’un, ni sur l’autre mais sur les deux. Bien sûr c’est votre Apolline qui s’en chargera. Ce sera pour vous l’occasion de découvrir le plat préféré de Rafael Nadal.
Publié le mercredi 9 juillet 2008 à 10:21