Votre Apolline a beau être a Rio à danser le samba (oui samba c’est aussi masculin qu’Apolline est androgyne) toutes les nuits tropicales qu’août abat dans sa grande gratitude carioca, elle n’a pas perdu le petit réflexe occidental d’allumer sa télé dès qu’elle sort des arches de Lapa.
Faut dire, quel drôle de truc ce tournoi olympique de tennis, sorte de machin hybride entre un Grand Chelem (pour le prestige), les Masters Series (pour le tableau resserre, les deux sets et la fréquence des matches) et la Coupe Davis (pour le t‑shirt a drapeau et les copains qui hurlent en tribune). S’il faut bien reconnaitre que le monde du tennis a longtemps douté sur le réel intérêt de sa présence aux Jeux, on doit quand même remercier Philippe Chatrier d’avoir tenu bon et gagné la partie en 1988. Car, ne tournons pas autour du pot, on vient d’assister a deux scènes qu’on avait plus vu depuis longtemps sur un terrain de tennis labellisé ATP ou ITF.
Voila d’abord notre Federer, terriblement déçu et recalé par Blake le jour précédent en simple, qui sort ses tripes en double et va chercher avec son copain Wawrinka une victoire de prestige sur la meilleure paire du monde, les frères Bryan, avant d’entamer une véritable danse du candomble. Et Apolline de lire le bonheur sur son visage et la possibilité d’être champion olympique, oui, champion olympique. Bien sûr le monde du tennis sait que cette médaille n’aura pas le même gout que la breloque du simple, mais que les lecteurs réfléchissent bien à ce que représente une médaille d’or d’escrime en équipe et si elle parait moins belle pour les détenteurs du précieux métal que celle de l’épreuve individuelle. Si en finale, Wavrinka balance son dernier smash pile dans le nez d’un Suédois, vous allez voir si Federer ne va pas faire des sauts de kangourou pour célébrer ça. On en bouillit d’impatience.
Mais un smash ça peut également sortir d’un bon mètre et c’est la terrible affaire qui est arrivée a Novak Djokovic sur sa balle de match contre Rafael Nadal. On veut pas savoir comment, on veut pas savoir pourquoi, on sait juste qu’on l’aurait mise exactement au même endroit et qu’on aurait pris le même poids de 16 tonnes sur la tête. Car la suite c’est cette scène terrible, incarnation des Jeux et de la redoutable épreuve qu’un tournoi quadri‐annuel fait subir quand sur une erreur à 10 secondes de l’horloge, vous prenez un énorme contre avec méga ippon derrière : c’est le temps qui défile devant vos yeux, interminable, putain encore 4 ans ! Quand il a compris ça, après avoir essayé de contenir sa peine 10 secondes de plus juste pour serrer la main de son adversaire, Novak a éclaté en pleurs sur le court.
C’était merveilleux, sublime et ça fait tellement bien de pleurer. Les Brésiliens savent cela. Novak et Roger, Apolline sent poindre en vous la ginga carioca et elle vous attend donc ce soir sous les arches de Lapa.
Beijos quente
Publié le samedi 16 août 2008 à 14:54