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La pres­sion selon Tsonga

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Retour sur un petit moment de off avec Jo lors de la confé­rence donnée mardi à Roland Garros. 

On est à la fin de la confé­rence. Jo traîne un peu dans les travées de la salle. Toujours cool, pas prise de tête, démarche altière, voix douce, mec décon­tracté du survet. Votre Apolline le chope. « Jo, t’as vu le dernier GrandChelem ? ». Jo tout sourire « Oui ». « Alors ?». « Pas mal, pas mal ». Il reprend un exem­plaire qu’Apolline lui tend, le feuillette. « Mais il y a un truc que je n’ai pas trouvé très gentil… c’est pour Richard ». Apolline : « Quoi, l’homme invi­sible ? ». « Oui, c’est pas très gentil », « Ah, c’est les 4 Fantastiques, on a pris les person­nages qui exis­taient. Toi t’es la Torche Humaine. A la limite, le plus chaud c’est Simon en Chose ». « Ah si, ça ça lui va plutôt bien ». On rigole. « Mais moi pour­quoi la Torche Humaine ? », « Parce que tu consommes et que tu te consumes ». Il sourit, il repart dans le journal, s’étonne du titre et des propos de l’interview de Gilles Moretton. Un collègue profite du silence pour faire une demande d’interview rapide, pendant que tout le monde s’en va. Toujours aussi cool, Tsonga se retourne, et désolé, si votre Apolline a cette habi­tude de dauber sur la majo­rité de la profes­sion, mais comme elle est assise à 3 mètres de l’action et qu’il est diffi­cile de ne pas lever les yeux au ciel en enten­dant la conver­sa­tion, les ques­tions que ce gars va poser pendant 5 minutes à Tsonga sont tout ce qui explique que les cham­pions en aient plein le cul d’aller se rendre à ce genre de confé­rences. C’est cliché, recliché, rere­cliché, et comme le disait aujourd’hui un de nos inter­nautes, on saisit toute la gran­deur des Nadal, Federer ou Tsonga à la patience qu’ils peuvent avoir face à cette machi­nerie quoti­dienne de ques­tions insi­pides. Je vous passe sur l’ensemble de l’oeuvre de ce corres­pon­dant d’un grand journal national, arri­vons direc­te­ment à la dernière ques­tion qui cerise roya­le­ment le gâteau. « Est‐ce que vous n’allez pas avoir plus de pres­sion en 2009 ? ». Là Tsonga, qui est le genre de mecs à qui le terme de pres­sion déclenche des sourires, dit le plus genti­ment du monde : « La pres­sion, je ne sais pas, c’est quoi la pres­sion ? la pres­sion que je me mets ? la pres­sion qu’on me met ? la pres­sion, c’est quoi, c’est de jouer au tennis ? ». Dans un moment de luci­dité, le jour­na­liste devrait sentir que Tsonga s’ennuie, que la ques­tion ne ques­tionne pas grand chose, mais non rien ne se passe entre les deux hémi­sphères céré­braux du pauvre bougre. Alors, Tsonga, toujours calme, vient à sa rescousse : « La pres­sion, je ne sais pas, le mec qu’est dans la rue, qui a faim et qui sait pas où il va aller dormir ce soir, lui je crois qu’il a vrai­ment la pres­sion, mais moi… ». Apolline opine du regard avec bien­veillance. Merci, Jo, d’avoir rappelé ça. Merci et bon vent à toi.