La gentillesse est une valeur saine, elle est aujourd’hui logiquement mise en avant par tous les psychologues car elle vous rend meilleur sur la durée. Au tennis, en revanche c’est un ennemi qui peut s’installer insidieusement dans votre tête, puis votre raquette. Gaël Monfils en a encore fait la cruelle expérience. On peut aimer se faire peur, donner du plaisir et offrir du spectacle mais encore faut‐il que ce poker menteur ait un sens. Le sport ce n’est pas du show‐business, c’est avant tout donner le meilleur de soi même, essayer de ne pas rendre la chose facile pour son adversaire et maintenir son niveau de concentration à son maximum. Quand le Tricolore mène 6–3, 2–0 et obtient une balle de double break, le duel est à sens unique avec un patron et un teenager. Quelques minutes plus tard, c’est tout l’inverse. Il n’y a pas d’explication rationnelle à part l’idée d’une forme d’empathie et de peur. Empathie parce qu’au préalable le Tricolore a évoqué que le match allait être forcément dur, peur parce qu’assumer son statut n’a jamais été la force de la « Monf » quoi qu’il dise. Au final, on a certes un jeu décisif haletant surtout possible parce que l’Italien craque nerveusement à 5–3 quand il sert pour le match. Quelques minutes plus tard, il clôt finalement la rencontre 7 points à 5 alors que son adversaire connu pour être un vrai serveur commet deux doubles‐fautes. Certains appelleront cela un suicide, d’autres un manque de mental. Peu importe la raison, avec Gaël on connaît maintenant la chanson.
Publié le jeudi 5 septembre 2019 à 00:55