Deux scènes pour résumer le parcours de Jo‐Wilfried Tsonga depuis le mois d’avril. Celle d’un Jo, dépité, agacé, qui reprend de volée un journaliste critiquant son jeu au filet, à Monte‐Carlo, et celle d’un Jo tout sourire, soulevant le trophée du Moselle Open, ce dimanche. Un point commun pour ces deux instants : l’adversaire, un certain Ivan Ljubicic, vrai étalon du circuit mondial. Reste que malgré ce sixième titre de sa carrière, à Metz, la route semble encore longue pour titiller le Big Three.
« Le mieux que je puisse faire, en Grand Chelem, c’est d’aller en demie, car, à eux trois (Djokovic, Nadal, Federer), ils se partagent tout. » Exit le Big Four, place au Big Three pour Tsonga qui reconnaît, aujourd’hui, les limites de l’exercice du haut niveau. Pourtant, le Manceau se « sent bien dans ses baskets », il s’éclat, et se trouve de « plus en plus fort ».
Lorsqu’il avait annoncé qu’il se séparait de son coach, Eric Winogradsky, on ne donnait pas cher de sa peau. Pis, on l’avait senti malheureux comme une pierre, à Monte‐Carlo… Jo devait sûrement chercher sa voie, son mode de fonctionnement. Ses doutes dissipés, il a très vite trouvé la bonne carburation et réalisé de vraies performances, notamment sur herbe où son jeu de puncheur, tout en puissance, a fait des dégâts. Mais on se souvient aussi d’un premier set très convaincant face à Andy Murray, en finale du Queen’s. Tsonga est d’ailleurs le seul « frenchie » à pouvoir régulièrement pousser les meilleurs dans leurs derniers retranchements, mieux, à les faire tomber. Il a battu, au moins une fois, tous les joueurs du top 5 actuel.
Alors, maintenant, que faire pour passer le cap, pour aller plus loin qu’un ATP 250, voire qu’un Masters 1000 – un succès qu’il a déjà connu avec sa victoire en 2008, à Bercy ?
Déjà, il faut peut être s’inspirer des plus grands. A ce sujet, on avait été plus que surpris de lire dans notre quotidien favori que Jo n’avait pas pris la peine de regarder la finale entre Nadal et Djokovic, à l’US Open. « J’avais besoin de dormir », avait expliqué Tsonga. Pourtant, ce match aurait dû lui servir de référence, au moins en termes d’intensité et de capacité de réaction. A Wimbledon, Jo n’avait pas été très loin de pousser Nole dans une cinquième manche, manquant notamment de capacités mentales pour donner un second souffle à sa partie.
Et pourtant, côté tricolore, on le répète, il est de loin, le seul à pouvoir prétendre à un titre suprême. Cette fin de saison s’annonce donc plutôt palpitante, d’autant que le format proposé en deux manches, en indoor, profite largement à son jeu et son physique. C’est peut‐être pour ces raisons qu’il veut à tout prix en découdre au Masters : « Je vais tenter de prendre des points à Pékin et Shanghai, car je serais super excité d’aller à Londres et de jouer. » Jouer et, surtout, y défendre de réelles chances.
Si les tournois du Grand Chelem sont une vraie chasse gardée, le Masters a toujours été une épreuve plus ouverte, souriant aux joueurs ayant encore de la fraîcheur et de l’envie. Au vu des efforts déployés cette semaine après un périple New York‐Cordoue, Jo fait partie de cette catégorie.
Publié le lundi 26 septembre 2011 à 13:00