Personne ne s’y attendait vraiment mais les tournois du Grand Chelem ont décidé d’uniformiser leur règle pour le 5e set validant l’idée d’un super tie‐break en dix points à 6–6. Une décision discutable, oubliant l’histoire pour un modernisme qui reste à prouver.
On se souvient que lorsque Kosmos est arrivée pour réformer la Coupe Davis, tous les grands penseurs se sont levés d’un seul homme pour dénoncer un sacrilège, un outrage. Ce sont presque les mêmes qui vont défendre demain l’idée qu’un 5e set peut être trop long et puisse nuire à un tournoi ainsi qu’aux organismes des champions. Un argument qui ne tient pas une seule seconde, mais qui est quand même plus acceptable que celui qui consiste à expliquer qu’une sorte de cacophonie régnait à chaque Majeur parce que les joueurs ne connaissaient pas la règle en vigueur.
Croire que la pensée unique, qu’une forme d’unité, voire qu’une harmonisation globale est un gage de qualité, est une vue de l’esprit qui semble faire recette en ce moment. Et pourtant l’histoire du monde nous a toujours prouvé le contraire.
Ce qu’il y a de plus dérangeant dans cette réforme, c’est qu’elle pénalise surtout Roland‐Garros.
Temple de la terre battue, Roland‐Garros est un mythe qu’il faut savoir respecter, il n’est pas un tournoi basé en banlieue entre deux autoroutes. Il est unique. Dans ce sens, son règlement avec les deux jeux d’écart était l’une de ses spécificités liée à l’idée que sur la terre battue, c’est la durée, l’échange, cette conversation entre les deux champions qui fait au final la différence et non une série de X points.
S’aligner sur les Anglo‐saxons, les premiers à avoir eu l’idée de raccourcir le jeu, n’est pas un acte progressiste, bien au contraire. C’est un renoncement à sa culture et à son identité.
Alors oui, certains vont nous expliquer que ces matchs épiques étaient très peu nombreux, on leur rétorquera alors que cette réforme était donc vraiment… inutile.
Publié le mercredi 16 mars 2022 à 20:34