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Nadal, passé, présent, futur…

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Toni Nadal s’est exprimé, après la victoire de son neveu, Rafael, à Indian Wells. Dans des propos repris par Tennis World, l’en­traî­neur du Majorquin revient sur la stra­tégie mise en place et le scénario du tournoi. Mais égale­ment sur la saveur d’un tel titre après sept mois d’ab­sence. Quelques réflexions de passage… De passage…

« Après tous les problèmes que nous avons vécus ces derniers mois… » C’est un peu le leit­motiv du clan Nadal, ces derniers jours. Les diffi­cultés semblent être passées : enfin, revoilà Rafa sur le court en compé­ti­tion offi­cielle ; enfin, le revoilà qui gagne ; enfin, le revoilà qui bat ses plus farouches adver­saires. C’est certai­ne­ment ce qu’il faut retenir de cette phrase. Il y a « tous les problèmes », certes, et rétifs comme volon­taires n’y compren­dront jamais grand chose, de la maladie de Hoffa à ces soucis gastriques, tant la commu­ni­ca­tion et les infor­ma­tions données furent, dans l’en­semble, plus obscures qu’une leçon de philo­so­phie kantienne dispensée par un bègue – les plus fidèles le recon­naî­tront eux‐mêmes. A l’in­verse, on imagine bien faci­le­ment comme cette période fut diffi­cile à vivre pour Rafa, compé­ti­teur, grand angoissé. Ce garçon est anxieux. Très anxieux. Du genre à appeler sa mère 20 fois dans la soirée pour lui rappeler d’éteindre le feu dans la cheminée avant d’aller dormir. Le court de tennis demeure l’en­droit où il se sent le plus à l’aise, car il y régule toute une partie des para­mètres qui l’en­tourent, raconte son agent. Or, du jour au lende­main, Nadal se retrouve spec­ta­teur hitch­co­ckien de sa propre carrière, consta­tant un dérè­gle­ment qu’il ne peut maîtriser, dont il ne peut prédire l’issue – quand sera‐t‐il auto­risé à rejouer ? C’est alors qu’il ne contrôle plus rien. 

« Mais ça, c’était avant. » Ce qui compte, désor­mais, dans la phrase sus‐citée, c’est la prépo­si­tion « après ». Les diffi­cultés ont été surmon­tées. Toni peut ainsi faire le bilan du présent : « Obtenir une victoire aussi impor­tante et, en plus, dominer des joueurs du top 10 comme Federer, Berdych et Del Potro dans le même tournoi, cela démontre que notre niveau est toujours là et que nous pouvons conti­nuer dans la même voie. » Cette voie, selon lui, c’est l’agres­si­vité. « Rafa devrait toujours jouer comme il l’a fait, ici, à Indian Wells, plus agressif, comme nous avions essayé de le faire la saison dernière. » Certains diront que ce n’est pas flagrant, d’autres argue­ront que l’agres­si­vité n’est pas forcé­ment syno­nyme de montées au filet. C’est vrai. Le mangeur agressif est celui qui dévore sa blan­quette en deux minutes chrono, guidé par l’énergie de mois de priva­tions. Certes – et il fait peur. Mais il peut être aussi l’acharné qui mastique patiem­ment et tout réso­lu­ment, à gros coups de molaires et réduit en bouillie les quelques pièces de veau – ou de cheval – benouillant dans la sauce. L’agressivité, c’est un peu la longueur, un peu, qu’elle soit suivie ou non ; c’est la géomé­trie. Mais, surtout, c’est un état d’es­prit. Là‐dessus, point de doute… Même si Toni nous lâche une inco­hé­rence dont il a le secret en affir­mant quand même : « Quand j’ai su que Del Potro avait battu Djokovic, j’étais vrai­ment content de ne pas avoir à affronter le Serbe. » Réaliste, mais bien peu conqué­rant. Rassurez‐vous, Toni est plus Rafa que Rafa n’est Toni et, avec le temps, se creu­sera le fossé. Lui emploie le « nous », Rafa emploie le « je ».

Quant au futur ? « Rafa a une capa­cité de concen­tra­tion et une capa­cité à supporter la douleur extrê­me­ment élevées. Lui instiller une menta­lité forte, à partir de là, c’est facile. La diffi­culté, c’est de la main­tenir et, dans ce domaine, Rafael est vrai­ment très fort. Mais dans le tennis, on ne sait jamais. Aujourd’hui, vous gagnez, demain, vous perdez. Alors, à présent, on se concentre pour arriver en forme et bien préparés à Monte‐Carlo. On verra comme se portera Rafa, que ce soit du point de vue du jeu, que du point de vue du physique. On espère que tout ira pour le mieux ! » L’espoir. Mais, déjà, un signe positif avec ce retrait du tournoi de Miami. Là, le clan est cohé­rent. Nadal s’est rassuré sur dur et a testé ses limites face aux meilleurs joueurs du monde, ce qu’il n’avait pas vrai­ment fait au cours de sa tournée sud‐américaine. Place, désor­mais, au repos et à la récu­pé­ra­tion. La saison sur terre battue se profile. Avec elle, son lot de points à défendre. Mais aussi la confiance – le bonhomme part avec la faveur de nombreux pronos­tics, Novak Djokovic se posant comme seul vrai préten­dant. Et, à partir de juillet… La réga­lade. Aucun point à défendre. Du dur, oui, mais du dur inté­res­sant si le calen­drier est géré comme il se doit, avec des pauses comme celle qui vient.

En somme, un peu moins d’obs­cu­rité – mehr licht, mais ne décé­dons pas -, un peu plus d’éman­ci­pa­tion – ce « nous » divin… et tout pour­rait baigner…