Roger Federer a perdu, cet après‐midi, contre Novak Djokovic. Le Suisse a tenté de comprendre les raisons de cette défaite en conférence de presse. Mais lui‐même semble avoir bien du mal à saisir ce qu’il s’est passé sur le court.
6–4 7–5 5–2. Pour Djokovic. Roger Federer est au service. Son adversaire tient bien en retour. Le Suisse voit néanmoins une ouverture. Il monte au filet. Voit Novak tenter le lob. Saute. Arme. Se ravise au dernier moment, contenant un smash rageur. Se retourne… et voit la balle mourir à quelques centimètres de la ligne de fond, du bon côté du court. In. Une erreur de jugement plutôt rare chez Roger Federer… Une absence passagère, à l’image même de sa rencontre. Aujourd’hui, Roger n’était pas là. Quelques fulgurances, comme ces deux revers long de ligne lâchés dans le deuxième set, comme ce coup improbable dos au filet, tout en détente et poignet, comme ce lob pour recoller à 5–3 dans la dernière des manches… Mais une pléthore de fautes, d’erreurs et de frappes boisées. Mais que s’est‐il passé ? Réponse en conférence de presse. « Je ne sais pas. Novak a bien joué, dans des conditions difficiles. Je n’étais pas assez solide pour tenir la cadence. J’étais à la peine, j’avais du mal à garder ma balle dans le court. Les conditions n’ont pas favorisé mon jeu, c’est sûr. J’ai fait de mon mieux. »
Les conditions, donc. En partie, tout du moins. Soit le vent et l’humidité qui pourraient être en cause. Mais Roger, lui‐même, ne semble pas très bien comprendre. Un peu plus tard, il reconnaît : « C’est étrange, normalement, j’aime bien quand il y a du vent. Je me sens bien, mais, là, ça s’est bien passé pour Novak. » Et le physique ? Car il nous a bien semblé en vraie difficulté sur sa mise en jeu, par exemple. 51% de points gagnés sur son service, ce n’est pas habituel. De même que ces quatre breaks dans la deuxième manche. Lourd sur les jambes, souvent en retard, pas très mobile. Anguille sous roche ? « Non, je me suis senti bien physiquement. Je dirais même qu’après mes pépins physiques de ce dernier mois, c’est peut‐être aujourd’hui que je me suis le mieux senti des quatre semaines passées. » Mince, alors. Autre chose ? Une autre explication ? « Novak a bien joué. C’est lui qui dictait le jeu. Moi, j’avais du mal à trouver les bonnes trajectoires, les bons endroits du court. Je n’étais que dans la réaction, passif. C’était aussi difficile pour moi de bien servir, mais lui a également bien retourné. Quand ta première balle ne passe pas, c’est compliqué. »
Pour un constat final : « J’avais peut‐être plus à perdre que lui aujourd’hui. Lui n’avait pas de craintes, il lâchait ses coups. » Une conclusion édifiante. Roger est absent. Si Djokovic avait plus à perdre que lui aujourd’hui, c’est le soleil qui se met à tourner autour de la Terre et les ancres qui font s’élever les navires. Novak joue pour un Grand Chelem sur deux ans. Il garde forcément en mémoire un certain match contre le même adversaire, il y a juste un an. Il a du mal à fixer son jeu depuis le début du tournoi et s’est trouvé poussé à deux reprises aux cinq manches, de quoi le faire trembler, pourquoi pas, jusqu’au bout en cet après‐midi. Federer, lui, l’a déjà remporté, ce tournoi… Que joue‐t‐il vraiment de plus ? D’ailleurs, à l’heure de livrer son pronostic, le Suisse se contredit : « Ca va être un bon match. Ca ne sera pas forcément rapide, le court est plutôt lent. Pour moi, Rafa va gagner, il est favori. Djokovic, lui, a plus de pression. Il n’a encore jamais remporté ce tournoi et, quand on est dans cette situation, c’est toujours plus dur. On se dit que l’occasion pourrait ne plus jamais se représenter. Là, il ne devrait pas encore souvent gagner trois Grands Chelems d’affilée pour se retrouver dans la même position… »
Mine de rien, pour Roger, c’est la simple occasion de remporter un des quatre tournois majeurs une fois de plus qui semble se raréfier… Absence du jour, absence toujours ?
Votre envoyé spécial à Roland Garros.
Publié le vendredi 8 juin 2012 à 20:54