Comme durant toute cette quinzaine, la rédaction vous livre à travers son blog de la rédac’ son ressenti sur les événements de la journée écoulée. Une victoire, une défaite, une personnalité, un fait de jeu, une décla’… Tout est bon pour être passé au crible du jugement – qui n’engage que son auteur – des membres du site. Aujourd’hui encore, c’est Simon qui s’y colle, et comme vous vous en doutez, Gaël Monfils en sera le sujet. Musique !
Rageant. Tout simplement rageant. Et puis incompréhensible aussi. Sous nos yeux complètement horrifiés par un spectacle auquel nous ne pouvons rien changer, Gaël a tout lâché. Et on ne sait pas pourquoi. Et on doit réagir à chaud. Dur, dur, dur… On peut toujours tenter de trouver un semblant d’explication, mais ce serait supputer totalement sans même avoir les éléments que pourrait nous offrir le principal intéressé. M’enfin bon, c’est un peu l’excitant danger de l’exercice ! De se mouiller, au risque même de se voir conspué par une horde de fans enragée. Mais on n’a peur de rien, à Welovetennis, oh non ! Ni même du ridicule !
Alors tout d’abord le titre. Oui, « tout ça pour ça ». C’est à la fois la consternation et la désolation qui priment au premier abord. Celle du bon chauvin qui est passé par toutes les émotions qu’un showman avec les qualités de Gaël seul peut parvenir à procurer. Être parvenu à revenir à deux manches partout, après avoir été largement dominé lors des deux premiers exercices qui laissaient pourtant présager un sort « tsongaesque » au Parisien, pour finalement manger une grosse bulle en vingt petites minutes, le tout devant une foule médusée qui sera passée par tous les états, ça vous laisserait n’importe quel être humain dans un état de mort cérébrale certain. Je veux dire, suis‐je le seul à avoir imaginé une issue au total opposé de ce que nous avons eu le malheur de voir ?
Quand Gaël se retrouve à mener 5–1 dans le quatrième set en bombant le torse, alors que Murray commence déjà à se plaindre de ne plus avoir de jambes et de ne plus y voir clair, qui peut imaginer que le Français ne choisisse pas ce début de cinquième manche pour planter un clou de plus dans la croix de l’Ecossais ? C’est le scénario idéal ! Tout y est ! La remuntada ! Le public en délire ! La confiance ! Et patatra. Il aura suffit d’un petit sursaut du huitième joueur mondial pour remporter son premier jeu et ainsi voir le Français dégoupiller totalement sur son propre service. Cinq minutes. Cinq, ridicules, petites, minutes pour que la Monf’ sorte du match qui lui tendait les bras. Pourquoi ? Mais pourquoi ? Dans ces moments‐là, il n’y a que trois explications qui s’offrent à nous.
D’une part, Andy Murray maîtrise parfaitement le bluff. On le connaît, dès que le match lui échappe un peu, il est du genre à se plaindre d’à peu près tout ce qui est possible. Les jambes, le dos, la lumière, les papillons qui volent dans le ciel… Tout ça pour une bonne part de mauvaise foi certainement, mais aussi pour instiller dans l’esprit de ses adversaires des informations erronées. Cela a‑t‐il pu fausser le jugement de Gaël ? On peut le penser. Ensuite, il y a le physique de Monfils. Même s’il semblait clairement prendre l’ascendant sur Murray, penser qu’après un effort aussi incroyable pour recoller le Parisien puisse piocher n’est pas incroyable. D’autant qu’il faut replacer dans son contexte l’exploit déjà conséquent de voir le Français à ce stade de la compétition après une préparation tronquée par une blessure à la cheville qui l’a empêché de jouer la majeure partie des tournois sur terre. Peut‐être, oui, peut‐être que Gaël n’avait juste plus rien à donner.
Reste la troisième hypothèse : celle du mental couplée à l’attitude. Une explication fort probable qui pourrait très largement coller avec la première phrase lâchée par Gaël au sujet de ce cinquième set : « Je voulais finir ce soir, je me suis précipité et mon cinquième set est parti en fumée. C’est chiant qu’il n’y ait pas d’éclairage ». Ce que l’on comprend totalement vu l’état mental et physique de Murray. Mais qui n’était au final vraiment pas judicieux, pour ne pas dire totalement insensé dans un quart de finale de Grand Chelem. Gaël a voulu jouer à pile ou face. Gaël a perdu. Et nous, on le répète encore une fois : tout ça… pour ça. Dommage…
Publié le mercredi 4 juin 2014 à 23:44