La belle victoire sur James Blake et la perspective de disputer la première finale en MS de sa carrière font de Jo‐Wilfried Tsonga le porte‐drapeau du tennis français. Avec ses potes Simon, Gasquet et Monfils.
On a beaucoup jasé, nous les premiers, sur la place de n°1 tricolore attribué par la FFT à JWT, dans une période où Gilles Simon semblait le mieux placé pour recevoir cette récompense. Le Manceau n’avait pas fait des tonnes, mais nous avait confié à Lyon qu’il était « très heureux de recevoir ce titre. Quand on est petit, on se place toujours par rapport au classement français. On rêve d’être un jour le premier de tous ces joueurs français. Moi, j’y suis arrivé ».
La saison de Jo est belle. Normale, puisqu’il est en passe de se qualifier pour le Masters, donc de finir dans les huit premiers mondiaux, ce qui induit forcément de beaux résultats. Mais la saison de Jo est belle, parce qu’il y a aussi la manière, ce qui est beaucoup plus difficile à offrir, et c’est ce qui est reproché souvent à des joueurs comme Ferrer, Davydenko, voire Roddick. Parce que la manière, le panache, ça ne s’invente pas.
Finaliste en Australie, où il va y retourner le cœur gros et les yeux émus dans deux mois, Jo s’est dévoilé aux yeux de la France et du monde. Il y a tout de même battu Andy Murray (1er tour), Richard Gasquet (1/16ème), Rafael Nadal (1÷2), avant de prendre un set à un Djokovic qui marchait sur l’eau. L’exploit fut retentissant, mais cette fois‐ci, contrairement à d’autres dans le passé, il a eu une suite. Passons sur les mois qui ont suivi, difficiles à gérer pour Jo, qui perd à Indian Wells (face à Nadal quand même !), Miami, et qui traverse la saison de terre battue en coup de vent. Il faut dire que ce n’est pas à première vue la surface où il se sent le plus à l’aise.
Blessé fin mai à Casablanca, il doit dire adieu à son rêve de disputer Roland Garros, ce qui, il nous l’a répété, l’a vraiment marqué : « Ne pas jouer à Roland a été l’une des décisions les plus difficiles que j’ai eu à prendre. Mais c’était impossible de prendre ce risque. C’est pour ça que je ne veux pas me louper à Bercy. Je veux gagner ici. » Voilà un autre aspect remarquable chez Jo, qu’on retrouve aussi chez Gaël et Gilles : Ils savent ce qu’ils veulent, n’ont peur de rien, assument et vont au bout. C’est assez rare dans le sport français en général pour être souligné.
Retour à Jo, et à son come‐back, après les Jeux Olympiques de Pékin, à l’US Open. Sans aucun match dans les jambes, il passe deux tours avant de craquer face à Robredo. Il enchaîne en s’imposant à Bangkok, en explosant au passage Gaël Monfils en demi‐finale et prend sa revanche sur Djokovic en finale. Son entraîneur Éric Winogradsky confiait récemment : « S’il avait eu un autre matche face à Djokovic avant cette finale à l’Open d’Australie, je pense qu’il aurait gagné. Parce que ça aurait changé pas mal de choses psychologiquement. Mais bon, il faut bien une première à tout. Et s’il a perdu le premier, il a remporté les deux autres. »
Chose jamais vue dans le tennis français, pour la première fois, deux Masters Series consécutifs auront vu un Français en finale. Après Gilles Simon à Madrid, Jo va donc affronter pour la première fois de sa carrière le tenant du titre David Nalbandian, qui plus est à Paris.
L’événement est exceptionnel, ne le minimisons pas. Cela fait sept ans qu’aucun français n’a remporté un Masters Series. La dernière fois c’était Sébastien Grosjean, qui avait dans la foulée atteint la finale du Masters, défait par Lleyton Hewitt.
Publié le dimanche 2 novembre 2008 à 08:45