Younes el Aynaoui, ancien numéro 14 mondial en 2003, quart de finaliste à Melbourne et New York, est toute la semaine à l’Open de Moselle pour soutenir l’ARSLA, Association pour la Recherche sur la Sclérose Latérale Amyotrophique. Avec Younes, on parle famille, voyages, tennis marocain et Ivanisevic. Au fait, pour cey Open, Younes vote Monfils !
Alors Younes, que fais‐tu depuis que tu as rangé les raquettes ?
« Officiellement, je suis conseiller du ministre des sports marocain, mais j’en profite surtout pour passer plus de temps avec la famille et les enfants, faire tout ce que je faisais moins étant joueur. Ceci dit je m’entraîne encore et participe à quelques tournois sur le Senior Tour ».
Je rebondis sur ce que tu as dis à propos du fait que tu prends le temps de faire des choses que tu n’avais pas le temps de faire avant : est‐ce que tu retournes dans les villes où tu as disputé des tournois ?
« Oui ça m’arrive, mais par contre je pratique plutôt les voyages en voiture, l’avion me rappelle la routine aéroport‐hôtel qui n’est pas franchement ce qu’il y a de plus sympa sur le circuit. Donc je ne vais jamais trop loin de chez moi, ceci dit j’étais quand même à New York, c’était agréable de retourner dans cette ville sans le stress du tournoi ».
Peux‐tu nous parler de l’ARSLA ?
« C’est une maladie incurable neurodégénérative qui touche aussi bien les enfants que les adultes. Un jeune tennisman nancéien que je suivais est tombé malade, ça m’a beaucoup touché, tu ne peux pas être indifférent à ce genre de drames. Je viens ici pour faire de la sensibilisation et récolter des fonds avec une tombola ».
Les analystes du tennis actuel sont partagés entre deux opinions : soit on a, avec Federer et Nadal, qui trustent pas mal de Grands Chelems, le meilleur top 2 depuis longtemps ; soit on a le pire top 10 depuis longtemps ! Qu’en penses‐tu ?
« Il y a quelques années, le top 10 était installé, avec des joueurs difficiles à déloger, maintenant il y a beaucoup de mouvement. Je trouve que ça rajoute du piment, à part Federer et Nadal il y a des places à prendre, même si Murray et Djokovic sont solides aussi. Le tennis actuel est plus homogène, je pense, peut‐être parce que les joueurs sont plus impressionnables ».
A l’époque, quels étaient tes potes sur le circuit ?
« On se retrouvait souvent avec Goran (Ivanisevic), Marat (Safin), Marc Rosset, Zabaleta, c’était les copains. Mais attention, la nouvelle génération est super aussi, j’ai joué contre Nadal et Federer, ils sont sympas et accessibles ».
Est‐ce que tu peux nous dire sur l’état actuel du tennis marocain, vous avez Reda el Amrani qui s’est distingué à Casablanca, y’a‐t‐il d’autres joueurs qui se comportent bien ?
« Je ne vais pas mentir, la relève tarde un peu, il y a toujours un vide après une bonne génération je pense et notre fédé n’a pas profité des performances de ma génération. On avait quand même trois joueurs dans le top 50, Hicham (Arazi), Karim (Alami) et moi‐même. Là on est au plus bas en Coupe Davis, notre numéro est dans le top 200 seulement. Mais je pense qu’il faut surtout retenir le côté exceptionnel, peut‐être unique, d’il y a quelques années ».
As‐tu eu l’occasion de voir des matches depuis que tu es arrivé ?
« Oui, bien sûr, je prendrai toujours du plaisir à regarder les matches, ça ne me quittera jamais, j’ai vu Kohlschreiber, les adieux d’Ascione. Attention à Philipp ».
Sur qui mettrais‐tu une pièce pour gagner le tournoi ?
« Monfils, clairement. C’est le champion en titre, devant son public, pour un joueur charismatique comme lui, ça compte ! Ceci dit attention à Richard et aux Croates (Cilic et Ljubicic, ndlr) ».
Propos recueillis par Vincent Esse, aux Arènes de Metz.
Publié le mercredi 22 septembre 2010 à 19:00