Tous les deux jours durant cet Open d’Australie, retrouvez la chronique de Simon Alves « Slice/Décalé », traitant de façon totalement libre et farfelue d’un événement de son choix. Faits de jeu improbable, résultats « oufissimes » ou déclarations abracadabrantes… On peut rire, mais on ne se moque pas !
Cher lecteur, cet Open d’Australie, pour moi et certainement comme pour toi – je l’espère où je passerai encore pour un sombre idiot – est un véritable ascenseur émotionnel. On se retrouve avec un tournoi masculin jusqu’ici parfaitement réussi d’une part, affichant le retour tant attendu du King Federer à un niveau plus proche de celui qui l’a vu planer pendant tant d’années entre 2004 et 2006, la confirmation que Rafael Nadal restera pour l’éternité le guerrier le plus sauvage et le plus haineux – un champ lexical qui me sied – vis à vis de la défaite qui soit, le tout couplé à la qualification pour la finale de Stanislas Wawrinka, Stan le magnifique, Stan le laborieux récompensé pour son courage. D’autre part nous avons le tournoi féminin.
C’est vrai, c’est simple, c’est concis, c’est clair : on a toujours été très durs avec les femmes dans le sport. Du grand philosophe Gilles Simon en passant par le grand penseur influent de notre temps Bernard Lacombe, ils sont nombreux à avoir profité d’occasions diverses pour étaler en public leur délicatesse et leur richesse culturelle, théorisant ainsi la supériorité naturelle de l’homme sur la femme. Ils sont bien braves ! Soyons honnêtes malgré tout : il reste difficile de passer d’un match entre hommes frappant la balle comme des sourds à une vitesse ahurissante au jeu nettement plus lent de nos alter egos non‐barbues dont seules les capacités à nous donner des scénarios improbables peuvent parfois attirer notre oeil. Alors évidemment, ce tableau féminin a connu toutes les turpitudes qu’on lui connaît. Les têtes de série chutent dans des matchs visiblement à leur portée, des joueuses moins huppées en profitent avant de retomber dans l’ombre et résultat, on a une finale Na Li – Dominika Cibulkova. Que celui qui a misé sur l’éventualité de cette confrontation me contacte immédiatement par mail. Je suis au nul au jeu et je veux progresser. Merci.
Pourquoi ne pas avoir au moins une joueuse du top 10 face à la finaliste de l’an passé ? Bien que talentueuse, la Slovaque Cibulkova n’aurait probablement jamais dû se retrouver là. Qu’elle batte Maria Sharapova en huitièmes, c’est admissible puisque la Russe est sur le chemin du retour. Qu’elle franchisse son quart contre Simona Halep, là aussi c’est facilement explicable. Mais qu’elle domine Agnieszka Radwanska ? Une joueuse qui l’avait battue cinq fois jusqu’alors, ne lâchant qu’une seule rencontre sur leurs six duels ? Que s’est‐il passé ? Oui, mon titre est éloquent, j’ai mis le temps, mais j’y suis venu : Aga sera mon sujet.
J’ai un rapport assez bizarre avec la Polonaise. Je sens déjà venir quelques polissons bien connus du grand public sur WLT – je ne parle bien évidemment pas de ce type de rapport se dressant dans l’antre du privé et du désir charnel. Fripons ! Disons qu’elle m’exaspère. Mais pas comme Stan the Man mardi dernier, non ! Là, c’est une exaspération générale. De la sportive polonaise la plus populaire au pays de Lech Walesa, j’attends à chaque fois beaucoup. Déjà parce que son jeu tout en souplesse et contorsions en tout genre me fait doucement frissonner. Comment est‐il décemment possible de rester sur ses appuis tout en allant chercher aussi bas la balle ? Les lois de la physique sont constamment repoussées par cette esthète d’un genre si particulier, dont l’agilité éveille en moi… Non ! Non ! Mais alors n’y pensez même pas, ça devient vraiment indécent ! Ensuite, parce que depuis le temps qu’elle flirte avec les impératrices du circuit comme Sharapova, Williams ou Azarenka, il serait grand temps pour elle de faire le grand saut…
Mais rien à faire ! Tu veux ma mort ou quoi Aga ? A chaque fois que j’annonce l’éventualité de te voir sacrée dans un tournoi majeur, tu me fais faux bond ! Ah ! C’est bien les femmes ça ! Quoi ? Qu’est ce que… ? Sors donc de mon corps Gilou, et emmène Bernie avec toi ! Non mais… Pardon cher lecteur, les esprits frappeurs sont quelque peu taquins ces derniers temps. Plus sérieusement, Aga, Aga, I got you babe – celle‐ci était facile : que faut‐il que l’on fasse pour te mettre en conditions idéales ? A Wimbledon l’an passé, le titre était pour TOI. Pour personne d’autre ! A côté, les autres demi‐finalistes ne devaient pas pouvoir rivaliser. Et là, face à la fraîcheur et l’insouciance de Lisicki, tu as su déjouer non seulement les pronostics mais aussi ton tennis et ton mental. Bis repetita ce matin, donc, mais cette fois contre Dominika Cibulkova et avec la manière ! Tu t’es écroulée comme un château de cartes dont les bases vacillantes semblent impossibles à consolider. Faut‐il aussi que, dans ce flot de critiques, j’évoque ton attitude ?Ah parce qu’en plus, mademoiselle n’est pas contente ! D’une froideur telle qu’elle aurait pu étouffer le feu ardent qui anime RCV à la vue d’Ana Ivanovic, tu t’es encore montrée sous ton mauvais jour. Bouh, la boudeuse ! Avoir la défaite aussi mauvaise ne t’aidera pas à relativiser ! Et le respect de l’adversaire dans tout ça ?
Envolé ce sourire radieux qui illumine ton visage et enjolive tes courbes au crépuscule de tes nombreuses victoires ? Simplement pour… une défaite ? Ah oui, encore une qui te prive d’un titre te tendant les bras, c’est sûr. Mais c’est à toi et ton tout petit manque d’humilité qu’il faut s’en prendre. Et c’est par affection que je te dis ça. Alors on m’efface d’un revers de main cette mine renfrognée, on reprend sa raquette, on vise sa casquette et on se remet au travail ! Ah, les enfants…
Publié le jeudi 23 janvier 2014 à 19:30