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« Le tennis, c’est une guerre »

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Au sortir de son match face à Stanislas Wawrinka, Jo Wilfried Tsonga était tout sourire. Et il y a de quoi : Jo atteint les quarts de finale à Roland Garros pour la première fois et égale ainsi Jean Borotra, qui était alors l’unique Français à avoir atteint tous les quarts des Grands Chelems. En confé­rence de presse, le Français était déjà  foca­lisé sur son prochain adver­saire : Novak Djokovic. Rien que ça !

Hier, alors que le soir tombait et que tu ne savais pas si tu pour­rais terminer le match ou pas, tu as eu des diffi­cultés à te concen­trer sur le cinquième set ? Comment t’es‐tu préparé menta­le­ment pour cette matinée après l’interruption ?
Oui, c’était très intense parce que le match a été inter­rompu hier, comme vous le savez. Et toute la nuit, ce matin, j’ai pensé à ce que j’al­lais faire, comment j’al­lais jouer. Est‐ce que je vais gagner ? Est‐ce que je vais perdre ? Lorsque j’ai remporté le dernier point, je me suis senti libéré. C’est pour ça que j’avais beau­coup d’émotions.

Tes émotions aujourd’hui, quand tu es entré pour jouer pas très long­temps fina­le­ment et que tu gagnes ?
C’était très intense parce que le match a été inter­rompu hier, comme vous le savez. Et toute la nuit, ce matin, j’ai pensé à ce que j’al­lais faire, comment j’al­lais jouer. Est‐ce que je vais gagner ? Est‐ce que je vais perdre ? Lorsque j’ai remporté le dernier point, je me suis senti libéré. C’est pour ça que j’avais beau­coup d’émotions.

Sur le court, tu disais que c’était une victoire mentale, une guerre des nerfs. Par quel état es‐tu passé et comment as‐tu réussi à gérer tes émotions ? C’est une victoire sur toi‐même aussi j’ima­gine aujourd’hui ?
Oui, depuis hier soir, cela trotte dans ma tête, cela n’ar­rête pas. Tu dis : Qu’est‐ce que j’ai mal fait ? Qu’est‐ce que je peux mieux faire ? Est‐ce qu’il faut que j’ar­rive chaud ? Est‐ce qu’il faut j’ar­rive détendu ? Ou vaut‐il mieux être relax pour bien aborder le truc ? Toutes ces ques­tions me passaient par la tête hier. Quelque part, c’était un peu un supplice jusqu’au moment où fina­le­ment, j’ai tapé ma première balle, je me posais quand même 100 000 ques­tions. J’avais vrai­ment envie de gagner ce match. Cela a été diffi­cile. Je n’ar­rê­tais pas de sautiller sur le match tout simple­ment parce que j’avais les jambes qui ne tenaient pas très bien. Je préfé­rais plutôt les activer, plutôt que de rester trop impassible.

Tu as l’im­pres­sion d’avoir évolué dans tes inten­tions quand tu as été agressif ? Début du cinquième, ce qui fait la diffé­rence par rapport à l’année dernière, c’est que tu es de nouveau rentré dans le court.
Oui, je suis de nouveau rentré dans le court. Le tennis, c’est une guerre, un gagne terrain. C’est souvent celui qui va être plus dans le terrain qui va gagner. Quand l’ad­ver­saire arrive à prendre le pas sur le jeu, c’est lui qui domine et inver­se­ment. Le but du jeu est de trouver la bonne tactique ou la faille qui fait que tu arrives à être plus souvent que l’autre dans le terrain. Il se trouve pendant 2 sets, j’étais bien. Après, il a eu une super phase où il a joué un super tennis. Il s’est mis à me gêner avec son revers le long de la ligne et à jouer beau­coup le long de la ligne, ce qui m’empêchait d’être dans le terrain. J’étais obligé de reculer pour aller cher­cher les balles sur la droite. Il m’a fait mal. Dans le cinquième set, j’ai décidé de couper court à tout cela, quitte à perdre, au moins à aller prendre la balle encore plus tôt au retour, encore plus tôt dans tout. Cela a fonc­tionné. C’est le tennis ! Je sais très bien que quand je suis dans le terrain, c’est là où je fais le plus mal, quand je n’y suis pas, je suis le plus mauvais. Mais ça ne tient pas qu’à moi.

C’est une première pour vous d’aller en quarts de finale à Roland Garros, un mot là‐dessus. Cela fait quoi d’ac­céder pour la première fois aux quarts ? On a envie d’aller plus loin, bien sûr.
Je suis heureux d’être en quarts de finale. Pour un joueur qui n’est pas censé être bon sur terre battue, c’est déjà une bonne étape. J’espère que je vais conti­nuer. Je crois en moi, je crois en ce que je fais depuis que je suis tout jeune, je me bats. Je n’ai jamais été le plus doué de ma géné­ra­tion. J’étais bon mais je n’ai jamais été le plus doué. Je n’ai jamais été le joueur qui avait le plus de « talent » Je donne tout ce que j’ai et j’es­père que cela va conti­nuer à me sourire comme ça me sourit depuis quelque temps.

Jo, avant le tournoi, tu as dit : « Aucune chance qu’un Français gagne les inter­na­tio­naux de France cette année ». Que dis‐tu aujourd’hui ?
Toujours la même chose. Je ne suis encore qu’à 30 % du parcours et le plus dur reste à venir. Avant le tournoi, ce que je disais, c’est qu’à l’heure actuelle, personne n’est en mesure de remporter ce tournoi pour le moment car on n’a jamais remporté un tournoi sur terre battue. Peut‐être qu’un jour, cela se produira.

Pour votre prochain match face à Novak, tu l’as rencontré à Rome récem­ment et il t’avais battu. Penses‐tu que cette fois‐ci, tu aura l’avan­tage de jouer à la maison ?
De toute façon, ce sera diffé­rent. Tous les matches sont diffé­rents. Vous ne savez pas comment se sentira votre adver­saire, comment vous vous sentirez. De toute façon, ce sera diffé­rent parce que je serai devant mon public. C’est trois sets à gagner et c’est un match en 5 sets. C’est diffé­rent. Ce sera plus dur pour lui parce que lui a besoin de gagner. Pour moi, pour l’ins­tant, j’ai réalisé mon meilleur résultat jusqu’à présent. Tout ce qui est à venir, c’est du plus. Bien entendu, je serai libéré sur le court parce que je n’aurai stric­te­ment rien à perdre contre ce joueur qui est numéro un mondial. De toute façon, je pense que la pres­sion sera sur ces épaules.

Qu’est‐ce que tu as tiré de l’en­sei­gne­ment du match de Rome pour demain, ces inter­dic­tions de reculer par rapport à ce que l’on disait tout à l’heure ?
Je pourrai reculer mais pour mieux avancer ! Pour moi, cela va être impor­tant de pouvoir le repousser, de temps en temps de le faire décro­cher de sa ligne. Et pour le faire décro­cher de sa ligne, il faudra que je joue assez profond et que je prenne les choses en main dès le retour. Le retour, cela va être impor­tant pour moi de varier, de venir parfois très tôt et de temps en temps de prendre un peu plus derrière pour arrondir et vrai­ment essayer de le faire sauter de sa ligne.

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