C’est la semaine du JEU et du JOUEUR sur Welovetennis ! Au programme, interviews, articles et vidéos sur ce qui fait la passion du tennis, ses problèmes, la manière dont vous la vivez au quotidien et ce qui la provoque. Place au craquage et au pétage de plombs, qui constituera l’un de nos fils rouges cette semaine !
Le tennis, sport de gentleman ? Oui, mais que… Car ce qui fait son charme, ce sont aussi ses craquages ou ses joueurs caractériels, que chacun d’entre nous a déjà rencontrés sur un court. Ou dont on fait peut‐être partie… Au haut‐niveau, nul n’est à l’abri, au cours de sa carrière, d’un éclat impromptu et/ou régulier. Autant de moments cultes qui s’expliquent de différentes façons.
La faute au… public
Que serait le tennis sans ses joueurs aux caractères bien trempés, aux « pétages » de plombs devenus légendaires ? Pour certains, l’énervement est le résultat d’une intervention tierce. Oui, vous l’avez compris, il s’agit du public. Cela a peut‐être même pu vous concerner, pris en grippe par un joueur pour un encouragement trop prononcé ou trop chauvin. Un des exemples les plus frappants remonte à 2010. Richard Gasquet, de retour sur le circuit après une suspension pour une certaine histoire de cocaïne, se retrouve en finale du tournoi de Nice face à Fernando Verdasco. Les deux joueurs se livrent un match particulièrement intense et disputé que le Biterrois finit par remporter 6–3 5–7 7–6(5). Mais l’Espagnol réalise un véritable show au cours de la rencontre. Très énervé, il fait admirer son vocable : « Su puta madre ! Puto frances de mierda… Es el peor publico del mundo, los putos franceses… » Bref, inutile de maîtriser la langue de Cervantes pour comprendre. Comme un fin politicien, l’Espagnol fait son mea culpa juste avant Roland Garros. « Après avoir analysé ce qui s’est passé en finale contre Richard, je souhaite demander pardon aux fans, à Gasquet et, bien sûr, au public français. Ceux qui me connaissent bien savent que j’ai toujours eu beaucoup de respect pour mes adversaires et le public, peu importe leur nationalité. Ce qui est arrivé est le fruit de la provocation de deux fans, précisément, qui ne représentent en rien le public français. Jamais je n’aurais dû entrer dans ce jeu. J’aurais dû rester plus calme. » Hasard ou pas, le Madrilène n’a depuis plus retrouvé le chemin menant à Nice…
La faute à… l’arbitrage
Ils sont les premiers concernés par toutes les décisions sur un court, donc les premiers visés. Arbitres et juges de lignes ont un rôle essentiel, certes, mais ingrat. Les joueurs n’hésitent pas à faire savoir leur mécontentement et à les prendre pour cible avec plus ou moins de classe. Serena Williams en a fait la démonstration. En demi‐finale de l’US Open 2009 face à Kim Clijsters, elle est sanctionnée d’une faute de pied sur une deuxième balle, synonyme de double faute. L’Américaine s’emporte, insultant la juge de ligne. « Si je pouvais, je prendrais cette balle, je te l’enfoncerais dans la gorge et je te tuerais », aurait‐elle déclaré. Des propos que la juge de ligne rapporte à l’arbitre et au superviseur. La cadette des sœurs Williams écope d’un deuxième avertissement, soit un point de pénalité, scellant le sort de la rencontre – il s’agissait d’une balle de match. Bilan : 82 500 dollars d’amende, une mise à l’épreuve pendant deux ans en Grand Chelem et une interdiction d’US Open en cas de récidive. Mais comment aborder un tel thème sans citer John McEnroe, joueur génial au comportement insupportable ? L’Américain avait le diable en lui ; il était même devenu la terreur des arbitres. Au premier tour de l’édition 1981 de Wimbledon, il est opposé à son compatriote Tom Gullikson. Et, comme prévu, John est intenable. Il traite les juges de lignes d’incapables, jette des raquettes, lance des insultes et… lâche à l’arbitre de chaise une phrase devenue culte : « You cannot be serious ! » Une expression indélébile qui a écrit la légende de John McEnroe.
La faute à…personne
Si les joueurs et joueuses trouvent toujours des prétextes plus ou moins justifiés pour s’emporter, ils peuvent aussi s’énerver sans raison apparente, même lorsqu’ils sont en tête d’un match. Un comble, diriez‐vous. En finale du Queen’s 2012, David Nalbandian a tout simplement disjoncté. Alors qu’il menait face à Marin Cilic (7−6 3–4), l’Argentin shoote dans le panneau publicitaire posé aux pieds du juge de ligne. La planche heurte ce dernier qui finit légèrement blessé, une plaie apparente. L’Argentin semblait confus : « J’ai commis une erreur. On est parfois frustré sur le court. C’est difficile de se contrôler. Je suis désolé. » Des excuses qui n’ont pas empêché le superviseur de prononcer sa disqualification. Le Croate remporte le titre. Même s’il déclare vouloir « gagner d’une autre façon », Cilic peut tout de même remercier l’Argentin pour le coup de pouce. Dans un autre style, la finale féminine de Roland Garros 1999 reste aussi dans toutes les mémoires. Martina Hingis, étoile montante à l’époque, est opposée à Steffi Graff, qui joue pour la dernière fois Porte d’Auteuil. La Suissesse, qui mène 6–4 2–0, conteste une annonce « faute » sur un échange anodin (15−0). Elle fait pression sur l’arbitre de chaise pour vérifier la marque. Une vérification qui donne raison à la juge de ligne. Sûre d’elle, elle franchit le filet pour voir elle‐même la marque. Un crime de lèse‐majesté dans le monde de la petite balle jaune qui lui vaut un avertissement. Les personnes présentes restent incrédules. Hingis perd complètement le fil du match : jets de raquettes, service à la cuillère. Le public se range derrière l’Allemande et hue la Suissesse à chacune de ses contestations. Perdue mentalement, Hingis veut boycotter la cérémonie de remise des prix, mais sa mère la convainc de rester pour assister au couronnement de Graff. Marquée par cette douloureuse défaite, Martina n’a jamais gagné Roland Garros.
La faute à… mon niveau
Le tennis est un sport particulièrement frustrant. Un joueur, qu’il soit professionnel ou amateur, passe par différents états psychologiques au cours d’une rencontre. Un aspect qui nous permet de comprendre ce que peuvent ressentir nos idoles. Et lorsque le niveau de jeu auquel on aspirait n’est pas atteint, la frustration peut vite nous gagner. Demandez à Guillermo Coria. Spécialiste de l’ocre, l’Argentin se présentait en favori de l’édition 2003 de Roland Garros. Sauf que, sur sa route, en demi‐finale, il ne pensait pas rencontrer l’ouragan hollandais Martin Verkek, modeste 46ème joueur mondial. Gros serveur, Verkek enchaîne les aces et les services gagnants. Frustrant, presque lassant tant les jeux défilent. Après la perte du premier set au jeu décisif, Coria perd complètement son sang froid et balance sa raquette de rage. Sauf que celle‐ci manque de peu de toucher la tête d’une jeune ramasseuse, Perrine Veque. Cette dernière, que nous avons rencontrée, se souvient : « Ma première réaction est de me protéger, mais je ne me sens pas visée. Je comprends qu’il puisse péter un plomb sur une balle de set car moi‐même je joue au tennis et je sais que certains moments sont frustrants au cours d’un match… » Si Perrine se montre compréhensive, l’Argentin n’en reste pas moins proche de la disqualification. Le natif de Rufino sait ce qu’il encourt. Il s’excuse et offre son polo à la ramasseuse. Une tunique qui, aujourd’hui encore, fait son bonheur : « Oui je l’ai toujours ! (sourire) » Coria s’en sortira avec un simple avertissement. Verkek, lui, atteindra la finale, avant de disparaître de la circulation, aussi vite qu’il était apparu. Doublement rageant.
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Publié le mercredi 24 septembre 2014 à 19:00