En cinq manches, Jo‐Wilfried Tsonga est allé chercher une première qualification pour les quarts de finale à Flushing Meadows. Mené deux sets à un, le Français élimine finalement Mardy Fish, tête de série numéro 8, en 3h45 de match (6−4 6–7[5] 3–6 6–4 6–2). Il affrontera Federer ou Monaco pour une place en demie.
Quel match ! Dans un vent tourbillonnant, Jo Tsonga et Mardy Fish ont livré un vrai tennis d’attaque près de quatre heures durant. Et si le scénario a mis longtemps à se dessiner, la différence s’est faite, comme attendu, sur les plans mentaux et physiques.
Comme attendu, les deux hommes débutent le match tambour battant sur leurs engagements. Breaker son adversaire sera dur, chacun le sait. C’est mentalement qu’il faudra être costaud. Et cette première manche, le Français la gagne effectivement dans la tête. Plus relâché que son adversaire, tendu par l’enjeu et l’attente de son public, Tsonga sauve trois balles de break en milieu de set. Quelques jeux plus tard, à 5–4, le Tricolore se procure une et une seule occasion ; la convertit et conclut derrière. C’est propre, c’est solide. Mais l’on sent que le match n’a pas encore vraiment commencé.
Car Fish commence enfin à s’acclimater aux conditions. Mentalement, physiquement, l’Américain monte en puissance. Il tente beaucoup sur les jeux de retour, rate encore trop souvent, mais semble enfin rentré dans son match. En face, Jo ne faiblit pas. Ni au service (12 aces au total, 74% de points gagnés derrière la première), ni dans le jeu. C’est donc logiquement que les deux hommes doivent se départager dans un tie‐break. La tension est palpable. Ce jeu décisif est capital pour la suite du match, chacun le sait. A 4–4, Tsonga réussit un superbe lob tout en toucher. Il a deux services pour conclure le set. Mais rate un coup droit « easy » pour laisser revenir l’Américain. Une volée chanceuse et un service gagnant plus tard, Fish revient à un set partout. Tout est à refaire côté français.
Lancé par ce petit hold‐up, Fish passe la vitesse supérieure. Ses retours sont de plus en plus saignants, sa couverture de terrain s’améliore, tout comme sa précision en attaque. En face, Tsonga accuse le coup. Le jeu des vases communicants, évidemment… Et fort logiquement, le Français cède son service, pour la première fois du match. Il sera même breaké à nouveau en toute fin de manche (6−3 Fish). Signe d’un vrai coup de moins bien ? Témoin d’un début de renoncement ? Pas du tout ! Extrêmement calme, loin d’être gagné par l’affolement, le Français rejoint tranquillement sa chaise. Il a encore sa chance dans ce match. L’idée étant de ne pas la laisser passer.
Car Jo s’en doutait sûrement, le superbe passage de Mardy Fish ne pouvait durer éternellement. Petit à petit, le jeu de l’Américain s’étiole. Les fautes sont plus nombreuses, les retours moins tranchants. Tsonga, lui, reste constant. Et l’odeur du sang aidant, il s’empare du service adverse à 4–4, quatrième manche. La frustration contenue depuis deux sets est demie est enfin évacuée. Jo ne rate pas l’occaz’ sur son jeu de service suivant. Le voilà revenu à deux manches partout.
Avant d’attaquer le cinquième, Fish appelle le kiné. Physiquement, ce n’est plus ça. Et mentalement, c’est encore pire. Gagné par les remords, la fatigue et les doutes, l’Américain perd complètement le fil de son jeu. Le « body language » est catastrophique et la sentence ne se fait pas attendre. Breaké d’entrée (2−0 Tsonga), Fish cède même une deuxième fois son service à 3–1. Tsonga, lui, n’a jamais été aussi bien. Même après plus de 3h30 de match, les aces tombent encore et les coups droits fusent toujours. Et malgré la tension logique ressentie en toute fin de rencontre, le Français ne s’affole pas. Vers l’avant, il va chercher son match. Avec les tripes, il décroche sa première qualification pour les quarts à Flushing Meadows. En s’offrant, en prime « le tube de l’été ». Chapeau !
Publié le mardi 6 septembre 2011 à 01:51