La défaite de la France face à l’Argentine, en Coupe Davis, a créé une ébullition certaine et légitime sur Welovetennis. Vous avez été nombreux à la commenter, à la décortiquer à l’analyser. Le tout, en des posts souvent très intéressants, qui méritent d’être partagés plus largement. L’article de Jeremy Alen, « Il n’y a pas de fumée… » (NDLR : « On ne s’invente pas joueur de Coupe Davis »), a notamment provoqué des messages de grande qualité et d’avis très variés. Petites miscellanées de vos propos. Bravo à vous et merci de votre fidélité !
Sur : « Il n’y a pas de fumée… »
3. Le dimanche 07 avril 2013 à 23:59, par Pete Sampras
La gnaque, le courage, le mental sont certes des éléments indispensables dans les moments d’indécision qui émaillent parfois des matchs intenses de Coupe Davis, mais avant tout cela le plus important, et de loin, reste le niveau de jeu.
Dans le 4e match, Jo (qui possède les qualités sus‐citées) n’a pas eu à puiser dans ses réserves car il a tout simplement surclassé Monaco 6÷0÷6÷06÷3 en tenant son rang. Et je pense que c’est le problème d’un joueur comme Gilles Simon qui est classé 12e mais qui n’évolue vraiment pas au niveau de son classement, du moins au cours de cette rencontre.
Les 4 mousquetaires n’auront jamais existé que dans l’imagination de certains journalistes, ces joueurs‐là étaient plein de promesses, mais bien trop irréguliers, avec des carrières émaillées de blessures, pour pouvoir espérer quoi que ce soit.
On a une sensation de gâchis de voir tout ce potentiel gâché.
Jeremy Alen (auteur de l’article) divague surtout en invoquant des raisons d’ordre moral à l’échec des Bleus alors que le problème est surtout tennistique : il est anormal que Simon, qui fut sixième mondial il fut un temps, ne propose pas un jeu de meilleur qualité et se retrouve à s’embarquer dans un mano‐à‐mano grotesque, dont il a peu de chances de sortir vainqueur avec la surface, le public, la pression énorme contre lui. Il est censé gagner avant d’en arriver là.
18. Le lundi 08 avril 2013 à 08:15, par Denga
Ce type de défaite fait mal. Avec potentiellement des joueurs bien mieux classés alignés et d’autres en réserve très forts, on perd cette rencontre.
La responsabilité est collective. Ceux qui ont joué n’ont pas réussi à le faire à leur meilleur niveau. Et le sélectionneur n’a pas assez tenu compte de certains indicateurs.
Si Tsonga n’a pas joué à son meilleur niveau dans le premier match, dans le second il est là et est le seul à s’en sortir avec les 2 points apportés.
Le double a manqué de beaucoup de choses et surtout de concentration à des moments clefs. Llodra est loin de son meilleur niveau et rate des immanquables (je pense à plusieurs smashs).
Simon qui joue avec la peur au ventre et n’arrive pas à jouer comme il le fait sur le circuit. Nul doute qu’il bat Monaco demain s’il le rencontre sur le circuit.
Maintenant, les choix du sélectionneur. Il est nécessaire de faire un bilan sans lui jeter la pierre.
Clément n’a pas cru à la règle « jamais 2 sans 3 » et pourtant elle s’est appliquée en double. Deux rencontres sur terre perdues par ce double et maintenant 3 ! Il faut former un autre double pour jouer sur cette surface, cette sélection de double est une erreur, la poursuivre ainsi serait une faute.
Autre problème, c’est Simon qui n’arrive pas à se libérer ou se transcender dans cette compétition. Il est donc important de ne plus lui faire jouer un match décisif. On a en France, un joueur moins bien classé que Simon mais qui est très stimulé par l’enjeu collectif, c’est Chardy. Il faudrait repenser à lui dans le futur. Il sait aussi jouer en double autrement mieux que Simon.
Je ne partage pas la sinistrose ambiante. C’est terminé pour 2013 mais Clément peut reconstruire une autre équipe pour les années suivantes. L’analyse doit être faite sans complaisance de ce qui ne fonctionne pas.
Nul doute qu’il va réagir, lui qui sait ce qu’est réussir à sortir le meilleur de son jeu, en Coupe Davis.
28. Le lundi 08 avril 2013 à 09:23, par Fox88 ( déclin time…)
Je suis d’accord avec l’auteur dans son analyse.
Puisque tout à été dit sur les joueurs je vais plutôt parler du Capitaine.
A‑t‐il vraiment été dans l’erreur ?
Oui si on en juge par le résultat, mais si l’on se remet dans la situation de vendredi matin, les choix semblaient être assez logiques… Nous avons Jo qui doit garantir au moins 2 points, un double meilleur que la paire argentine, car oui ils perdent sur terre battue, mais, l’année dernière, contre les USA, ils faisaient face au Bryan Bros. A priori Zeballos/Nalbandian c’est loin d’être aussi dangereux.
Et enfin Simon, qui remplace Gasquet, pas à 100%. Simon, qui de toute façon est mieux classé que les deux joueurs qu’il va rencontrer. En voyant les choses comme cela il était même probable de remporter la rencontre 3–0.
Sauf que les argentins se sont sublimés devant leur public, et que nos joueurs, mis à part Tsonga, se sont plantés.
On a bien vu que Monaco n’était pas si redoutable que ça contre Jo. Vendredi soir, c’est donc bien Simon qui se déchire totalement contre un joueur qui depuis le début de la saison ne fait plus rien. Pareil pour le double, qui remet l’Argentine dans le match alors qu’ils doivent boucler le 3e sans difficultés et enchaîner. Il ne doit jamais y avoir de match 5.
Avec la compo mise en place par Clément, nous étions censés avoir de la marge. On pourra dire que Simon n’est pas un gage de sûreté, d’accord, mais nous avions tout de même de la marge.
La grande inconnue, et c’est ce qui me reste un peu en travers de la gorge, c’est le forfait de Gasquet. Déjà parce que ce n’est pas la 1ere fois, et ensuite parce qu’on nous dit qu’il pouvait jouer dimanche mais que, vendredi, il n’aurait pas été à 100%. Franchement, même un Gasquet à 60% pouvait prétendre ramener un point vendredi soir. Nous avons joué la sécurité, en pensant avoir assez de marge pour se passer de Richard, nous avons perdu.
L’erreur de Clément est là, avoir trop fait confiance à ses joueurs, la France se ne cesse de se féliciter de son homogénéité : 3 joueurs dans le Top 15, une vraie paire de double, de bons seconds couteaux. Mais on se fiche de la diversité ou du turn over, il faut être efficace, il faut s’appuyer uniquement sur Gasquet et Tsonga, même en double, et avec Monfils en renfort, qui n’est pas le même homme quand il joue pour la France.
Reste à savoir si c’est Clément qui a jugé bon de se passer de Gasquet, ou si c’est Richard qui a préféré ne pas jouer.
Si c’est un choix de Richard, c’est d’autant plus dommage que je suis sûr que, dans le même cas de fatigue ou de blessure lors d’un tournoi en simple, il serait allé sur le court, comme contre Berdych ou Murray à Indian Wells et Miami.
Difficile de lui taper dessus, car j’adore voir jouer Gasquet, mais il compte trop sur ses partenaires en Coupe Davis, il n’a pas le sens du sacrifice, il passe le relais, il envoie les autres.
Je pense que Simon a largement eu sa chance en Coupe Davis. Il faut s’en passer, sauf cas extrême, et tout miser sur Gasquet et Tsonga. Et, si Richard essaie encore de se préserver, l’évincer pour le restant de sa carrière et bâtir autour de Tsonga et Monfils.
Il faut arrêter d’être hypocrite. Ou on donne tout pour gagner la Coupe Davis ou on privilégie sa carrière en simple. Mais sachant que les français ne peuvent viser mieux qu’une victoire en Masters 1000 ou une médaille de bronze, à leur place, je penserai davantage à miser sur la Coupe pour marquer l’histoire de mon sport.
31. Le lundi 08 avril 2013 à 09:32, par aboulivan
Cette défaite pourrait – et ça semble souhaitable – marquer la fin d’une équipe constituée autour d’un double inamovible.
Llodra baisse, il est de moins en moins incontestable.
La Clé n’a pas jugé bon de bouger ce dogme et, pourtant, il faut arrêter de raisonner en fonction du double qui n’apporte plus de garantie. Surtout à l’extérieur et a fortiori sur terre.
Il fallait oser, il faudra oser, une sélection qui reposera sur de vrais choix. C’est bien beau de se planquer en tant que sélectionneur sur la base du classement ATP. On s’est pointé pour jouer l’Argentine sans spécialistes de terre. ???
Alors, certes, il y a le contretemps Gasquet. Mais Gasquet, les archives sont là, n’est pas ce qu’on appelle une option sûre et fiable.
Si on raisonne en fonction du dimanche, avant de penser double, on ouvre d’autres options, qui nous auraient été très précieuses.
Bref, au‐delà des joueurs sur la faute desquels on pourra ad nauseam discutailler, c’est une vraie réflexion sur la sélection qui doit être menée. En fait, c’est assumer l’idée de sélectionner.
Sur cette base, Llodra ne devait pas jouer.
43. Le lundi 08 avril 2013 à 13:24, par Mandoline
Ah… Escudé en Australie, c’était un peu irrationnel, ce match contre Hewitt (alors numéro 1 mondial, et chez lui) où il se fait passer continuellement, mais il accepte et continue d’avancer bravement vers le filet en se disant que l’autre finirait par craquer, quelle force de caractère, et avec le panache, oui, c’était beau, et ce n’est pas une question d’intelligence…
Et Leconte atomisant Sampras à Bercy, là non plus pas très raisonnable de la part de Noah de sélectionner ce has been ! Il y a de la folie dans les dernières victoires françaises (la Suède, on était carrément dans le mystique paranormal avec le scientologue Boetsch et ses balles de match contre lui)…
Simon est un joueur très intelligent. J’ai, par certains côtés, de l’admiration pour lui. Son parcours notamment force le respect : s’il a le même âge que Nadal, j’ai appris que, quand ce dernier gagnait son premier Roland Garros, lui était… classé 0 ! Quand je pense à ça, et que je vois qu’il a depuis battu au moins une fois tous les cadors, je lui tire mon chapeau !
Hier, il s’est bien battu, oui, sans doute était‐il blessé. Mais Simon, et c’est sa force, est un rationnel, un raisonneur, qui pense tactique, bravo à lui, et en chiffres (voir sa croisade pour obtenir plus d’argent pour ses potes garçons en dénonçant les copines joueuses « trop bien payées »), ça, j’aime moins, il a déjà dû se faire un plan retraite, je l’imagine assez bien « investir dans la pierre » pour ses vieux jours… C’est bien, ce côté « je prévois tout », je gère, je rationnalise, mais ça ne prépare pas à un match de coupe Davis, que cela soit contre un Berlocq en feu, ou un Stepanek itou, mon grand bonheur tennistique de l’année dernière (avec Fed à Wim)… C’est sans doute ce qui manque à cette équipe (à côté de l’incontestable Jo), un Escudé, un Stepanek, un type qui aime cette dimension un peu dingue de la Coupe Davis, et ce n’est pas la faute de Clément, il ne peut pas inventer ce qui n’existe pas, des joueurs capables d’accepter, voire de jouir de l’ivresse de la Coupe Davis pour se transcender.
55. Le lundi 08 avril 2013 à 17:08, par ced33
Personnellement, je pense que ce qui a joué, c’est que Simon s’est manifesté de lui‐même pour jouer ce cinquième match, et étant donné qu’en 2010 Forget avait choisit Llodra en cinquième match contre la Serbie, il était dur, une nouvelle fois, d’en priver Simon, puisqu’il a eu les couilles de demander lui même à jouer ce match, avec l’ambiance qu’on sait. L’histoire ne nous dira jamais si Simon aurait battu Troicki en 2010 (perso, je pense que oui) et si Benneteau aurait gagné hier soir (il y a des chances…).
56. Le mardi 09 avril 2013 à 00:46, par Félébraire
Si c’est le cas, c’est encore plus grave que ce que ce que je pense. Ca voudrait dire que les sélectionneurs contractent des dettes envers des joueurs. On aurait choisi Simon pour le dédommager de ne pas avoir eu la finale il y a trois ans… C’est délirant. Mais si ça se trouve, c’est vrai. On serait dans une situation où c’est l’entraîneur qui a des comptes à rendre aux joueurs… Si c’est le cas, je n’ai pas honte de le dire, je suis content du résultat.
Plusieurs indices ne trompent pas sur le mauvais choix annoncé de Simon. Absolument tous les commentateurs y ont vu quelque chose qui relevait d’une mission impossible sur ce match, alors que Simon est 13ème et Berlocq, 71ème. Pourquoi ? Parce que la balle de Simon est une aubaine pour un terrien. Déjà qu’il est incapable de faire la différence en attaque sur surface rapide, on imagine sur terre… Le fait que Berlocq se soit retrouvé complètement rincé et que Simon n’ait pas pu ou su profiter, il y a, là encore, plusieurs explications… Mais à ce moment un Benneteau aurait enfoncé le clou.
Il était déjà impensable de faire confiance à Simon dans un match décisif, mais alors, sur terre, contre un joueur qui n’est bon que sur terre, c’est surréaliste. Ca m’énerve de voir Simon incapable de tirer des pénalties, des smash, de choisir systématiquement le mauvais coté. Mais, en même temps, il ne sait pas le faire. Pour moi, il a essayé, il n’a pas été complètement passif comme certains l’ont dit, il cherchait à prendre sa chance quand c’était possible.
Non, ce qui m’énerve, c’est qu’on demande à Simon de jouer contre nature en étant offensif, alors que Benneteau fait cela beaucoup mieux. Il n’y a pas de logique là‐dedans, sauf à entrer dans des explications de coulisses.
Conclusion : s’il y a un match décisif à jouer en 2014. On sait déjà que c’est Benneteau qui le jouera.
Sur : « Que pensez‐vous de l’équipe de France ? »
42. Le mardi 09 avril 2013 à 00:42, par zigonaldo
Je trouve cette défaite alarmante, inquiétante et, en même temps, révélatrice de gros défauts dans notre mode de fonctionnement.
Tout d’abord, on est tous d’accord pour dire que Simon a raté son week‐end, mais est‐ce cela le plus surprenant quand on voit ses statistiques en Coupe Davis ?!
A mon sens, les fautifs sont à chercher du côté de notre Capitaine et de l’attitude générale de cette fameuse génération…
Est ce normal de nommer un capitaine qui n’a AUCUNE expérience de coaching à la tête de l’équipe de France ? Moi, je trouve cela totalement incohérent, voire irresponsable.
Nos joueurs sont‐ils de réels champions (hormis Tsonga qui a une attitude irréprochable) ?
Pour gagner une Coupe Davis, il faut quatre guerriers. Or, on n’en n’avait qu’un sur le week‐end (Jo) !
Cette défaite remet en question la formation de nos joueurs, qui sont d’excellents techniciens, mais nullement des champions (sauf Tsonga, encore une fois) !
Il va falloir arrêter de s’attarder sur la technique (Nadal et Djokovic sont loin d’avoir des techniques irréprochables ; par contre, ce sont des guerriers hors pair !)
Bref, une profonde remise en question s’impose et j’espère que cette défaite servira de leçon pour la suite. Mais, malheureusement, j’en doute. Le mal me semble être social, c’est bien là le plus inquiétant.
Publié le mardi 9 avril 2013 à 11:43