« Federer, roi aujourd’hui avant demain… »

La rédac­tion sélec­tionne des commen­taires inté­res­sants dans sa rubrique « Vous avez la parole ». Aujourd’hui, Efty nous livre son avis sur l’en­goue­ment provoqué par le record de semaines passées au sommet du clas­se­ment ATP fraî­che­ment battu. Selon lui, toutes les louanges que reçoit le Suisse sont évidem­ment méri­tées, mais s’in­quiète des prochains mois de Roger en cas de baisse de régime.

Roger Federer > Edberg fait l’éloge de Federer – Le lundi 16 juillet 2012 à 22:10, par Efty

Tous ces éloges sont évidem­ment mérités, mais la démul­ti­pli­ca­tion de ces propos dithy­ram­biques a une étrange réso­nance avec les propos très mesurés, pour ne pas dire plus, que commen­çaient à tenir certaines sommités de notre sport il n’y a encore pas si long­temps, quand Fed’ bloquait sur les surfaces plus lentes comme il ne manquera proba­ble­ment pas de le faire de nouveau dès lors que les mêmes causes produi­ront les mêmes effets.…

Alors, sans aller jusqu’aux propos de simply the best, qui disait hier qu’il en arri­ve­rait à prendre des distances avec Roger tant la dégou­li­nante et siru­peuse admi­ra­tion dont il fait l’objet peut devenir pesante : je me contre­fiche de ce que pensent les autres de lui et ne placerai jamais le curseur de mon admi­ra­tion sur celui de la grande commu­nauté tennis­tique. Ni pour abonder, ni pour prendre de la distance…

Il n’en reste pas moins que ce revi­re­ment d’ap­proche chez certains est pure­ment écoeu­rant. Et symp­to­ma­tique de la fragi­lité extrême de nos petites âmes humaines : l’Equipe de France de foot, par exemple, unani­me­ment conspuée ces dernières semaines, aurait fait l’objet de tous les éloges si elle avait gagné le précieux trophée : envo­lées les récri­mi­na­tions, pardonnés tous les excès, balayées du revers de la main toutes les inci­vi­lités, oubliées toutes les médio­crités, toutes les rancoeurs, pourvu qu’on ait le spasme de la victoire, quelle que soit la manière dont elle est acquise.……

Fed est un roi aujourd’hui, un empe­reur demain peut être, on glorifie son style épuré, sa faci­lité décon­cer­tante, son élégance rare, son effi­ca­cité redou­table, sa tech­nique impa­rable, on se repaît de ses high­lights qu’on déroule au km.… . Mais demain,quand souf­flera le froid, quans les balles rede­vien­dront lourdes d’ennui, on souli­gnera son manque de ceci ou de cela, et on portera aux nues la capa­cité hors normes de tel ou tel de renvoyer inlas­sa­ble­ment la balle , tel un métro­nome perpé­tuel, en des super­la­tifs plus gran­di­lo­quents encore, car il faut une esaca­lade à la vie et aux senti­ments qu’il l’animent, faut de quoi on croit à du sur place où à un recul…
Et de ce point de vue, dans ces revi­re­ments coupables, dans ces volte face piteux, nous ne sommes collec­ti­ve­ment pas très glorieux.…

Publié le mardi 17 juillet 2012 à 10:19