Dans le cadre du numéro 73 de Welovetennis Magazine, nous sommes partis interroger Jean‐René Lisnard, fondateur de l’Elite Tennis Center de Cannes où s’entraîne Daniil Medvedev. Une interview que vous retrouverez en trois parties.
Fondateur de la structure Elite Tennis Center (ETC) basée au Cannes Garden Tennis Club, Jean‐René Lisnard est aussi connu pour son franc‐parler. Après la belle saison 2019 de Daniil Medvedev, pensionnaire de l’ETC, son regard sur le circuit est plus que jamais éclairant. Entretien.
Jean‐René, si je te dis que tu es un artisan…
C’est ce que je répète tous les jours. Bien sûr que je suis un artisan, un artisan‐traiteur si on nous compare aux supermarchés du tennis, aux très grandes académies. J’assume ce statut et j’en suis même très fier.
Qu’est-ce qui t’a conduit à devenir entraîneur ?
J’ai toujours été un vrai passionné. J’ai arrêté ma carrière la mort dans l’âme après une méningite et une opération de la hanche. Je ne pouvais plus m’entraîner correctement. Immédiatement, je me suis dit qu’il fallait que je reste dans le tennis, que c’était ma vie, que ça n’avait pas de prix d’aimer ce que l’on fait. J’étais alors un peu utopique, mais cela m’a aidé car comme je n’avais pas bien évalué les risques, je suis parti tête baissée sans me poser de questions. J’ai un défaut : quand j’ai envie d’accomplir quelque chose, je fonce. Mon dernier match a eu lieu à Monte‐Carlo, je voyais que je n’arrivais plus à me battre. Dans le second set, je savais que c’était fini. Pour me consoler, je suis parti quatre jours à Prague avec ma femme. Quand je suis revenu, la fédération américaine m’a proposé d’entraîner Jennifer Brady. Depuis, je n’ai plus arrêté de former des joueurs.
Mais as‐tu été formé pour cela ?
Ma formation, ce n’est pas mon diplôme de DE, mais ma carrière, mes expériences de joueur. Et puis vous apprenez aussi sur le tas. Je sais qu’aujourd’hui, je suis un meilleur entraîneur qu’à mes débuts. Être travailleur, arriver à l’heure et avoir été joueur professionnel, ce sont déjà de bonnes bases pour commencer à bosser correctement.
As‐tu eu un mentor ? Un passage dans une académie qui t’a marqué ?
Non, pas vraiment. Je pense que l’on s’enrichit de beaucoup de rencontres et l’on prend à chaque fois quelque chose. C’est comme cela que je me suis construit en tant que joueur, mais aussi entraîneur.
Publié le mercredi 4 décembre 2019 à 10:15