Andy Murray est longuement revenu en conférence de presse sur sa défaite face à Andy Roddick en demi‐finale de Wimbledon (6÷4 4⁄6 7⁄6 7⁄6). S’il admet que l’Américain s’est montré très performant, notamment au service, il refuse pour autant de voir des lacunes dans son jeu du jour.
.
Andy, vous semblez avoir été confronté au Roddick de 2003. Vous attendiez‐vous à cela ?
Andy Murray : Vous vous attendez toujours à ce que vos adversaires jouent bien, particulièrement à ce stade de la compétition. Et puis il a formidablement bien servi. Notamment dans les tie‐breaks où il servait vraiment, vraiment bien. Je crois qu’il n’a raté que 2 premiers services dans le second tie‐break ! Et puis vous savez, dans le premier jeu décisif, je n’ai eu que très peu de chances. En fait, des occasions j’en ai eues au début du 3ème set. Et je n’ai pas su les saisir.
Comment évaluez‐vous votre performance ?
AM : Je crois que j’ai bien joué. Je veux dire, regardez les statistiques : j’ai frappé plus de points gagnants, fait moins de fautes directes, réussi plus d’aces. Je suis certain que nous avons gagné à peu près le même nombre de points tous les deux. Ça s’est joué à quelques points près, ici ou là sur son service. Et puis je le redis, il a extrêmement bien servi, très près des lignes. Servir à cette vitesse, avec un aussi haut pourcentage, je crois qu’il était au dessus des 70% la plus grande partie du match, c’est fort. Vous savez des fois vous ne pouvez pas faire grand chose dans ces conditions. Mais définitivement, je n’ai pas fait un mauvais match.
Pensez‐vous avoir joué trop passivement, ou jouait‐il trop bien ?
AM : Je ne crois pas avoir été si passif. Je pense avoir frappé un certain nombre de points gagnants. Et puis vous savez, mon style de jeu face à lui n’est pas de tenter un coup gagnant à chaque frappe ! Parce qu’il sert si bien, vous avez besoin d’essayer de rentrer dans le point en retournant dans le court.
J’ai très bien utilisé mon slice. Par contre, je n’ai pas aussi bien passé habituellement. En même temps, il montait derrière un gros service et réussissait de belles vollées. Et voilà ce qui s’est passé. Comme je l’ai dit, je ne crois pas avoir été trop passif, ni avoir joué un mauvais match.
Avez‐vous été surpris par la superbe qualité de son jeu au filet ?
AM : Non, je veux dire, il a fait de belles vollées. Vous savez, celle qu’il a réussie sur ma balle de 3ème de set, où il s’est excusé. Il l’avait complètement ratée. En fait il voulait la mettre de l’autre côté et elle est retombée très courte, si bien que je n’ai pas pu la rattraper. Habituellement, il ne rate pas beaucoup au filet. Vous avez juste à faire un passing, et je n’en ai pas réussi suffisamment. Mais rien de ce qu’il a fait aujourd’hui ne m’a surpris. Je m’attendais à ce qu’il joue très bien.
Avez‐vous eu un problème au genou pendant le match ?
AM : Non, ça n’a absolument pas eu de conséquences sur le résultat du match. Je crois que vous êtes toujours un peu raide, courbaturé, avec des douleurs musculaires à la fin de ce genre d’événements. Mais cela n’a en aucun cas gêné mes mouvements ou quoi que ce soit d’autre.
Pouvez‐vous nous parler des retours de service d’Andy ? Et deuxièmement, pensez‐vous qu’il ait une chance contre Roger ?
AM : Je veux dire, beaucoup de gens pensent qu’il ne retourne pas si bien que ça. Mais il a un retour tout à fait décent ! Ce n’est certes pas le meilleur relanceur, mais définitivement pas le moins bon non plus. D’ailleurs il n’a pas manqué tant de retours que cela sur deuxième balle. Parce qu’il sert si bien, il devient capital que vous serviez bien aussi. Si vous ne le faites pas, il se crée des occasions. Il est notamment venu de nombreuses fois au filet aujourd’hui. Je pense que s’il sert de la sorte, il a une chance contre n’importe qui. Parce que, comme je l’ai dit, cela se joue à quelques points près dans chaque set. Donc, sans tenir compte de la personne en face de lui, que ce soit Roger, ou moi, ou n’importe qui d’autre, s’il sert au dessus de 70% de premières avec la vitesse qu’il a au service, il a une belle chance.
Malgré son palmarès contre Roger ?
AM : J’avais un très bon palmarès contre lui en arrivant aujourd’hui. Comme je l’ai dit, si quelqu’un sert de manière constante au delà de 200 km/h pendant tout un match et en plus, avec 75 à 80% de premières balles, ça devient très dur de le breaker, particulièrement sur un court comme celui‐ci, très rapide.
Comment évaluez‐vous votre tournoi dans sa globalité ?
AM : Je crois que ç’a été très bon. J’ai fait mieux que tout ce que j’avais pu faire auparavant. J’ai disputé quelques excellents matches. Et puis vous savez, je crois avoir joué du bon tennis.
Je reviendrai l’année prochaine et essaierai de mieux faire. Mais c’était tout de même un bon tournoi.
Vous avez été un tour plus loin que l’an passé. Vous avez 22 ans. Allez‐vous repartir d’avantage convaincu que vous pouvez gagner Wimbledon ?
AM : Oui, je crois que j’ai une chance. Et puis le niveau de jeu que j’ai développé cette année m’a permis d’être très, très proche d’atteindre la finale. Je crois que je peux gagner un Grand Chelem, que ce soit à Wimbledon, l’US Open, l’Open d’Australie ou quoi que ce soit, je vais en tout cas m’en donner les moyens. Et puis j’ai réussi une superbe année jusqu’ici. Je suis très proche du top du jeu. L’US Open, je l’ai toujours dit, est ma meilleure surface, et par conséquent ma meilleure chance de gagner un majeur. Je vais donner mon maximum là bas.
Roddick disait qu’avec toute la pression que vous deviez supporter, il avait peut‐être pu évoluer plus tranquillement et librement que vous ? Etes‐vous d’accord ?
AM : Je ne crois pas. Il est évident que je me mets de la pression pour bien jouer. Mais je ne pense pas qu’il y ait eu de moments où je me suis senti trop crispé pour ne pas m’investir totalement dans mes frappes. J’ai peut‐être fait quelques fautes que j’aurais dû éviter dans le premier tie‐break. Mais si vous regardez le nombre de points gagnants que j’ai frappés en le comparant avec le sien, je ne crois pas que l’on puisse dire que je n’évoluais pas librement. D’ailleurs il me semble que j’ai réussi 2 fois plus de coups gagnants que lui.
Dans quel secteur du jeu souhaitez‐vous le plus progresser ?
AM : Venir au filet est une chose que j’ai beaucoup travaillée mais je ne m’en sers pas tant que ça pendant les matches. Ce qui est très dur maintenant, de part le fonctionnement du classement et tout le reste, c’est que chaque tournoi devient très, très important. Il devient donc difficile d’entrer sur le court et de travailler certaines choses en match. Mais je travaille beaucoup sur mon jeu au filet et je veux essayer de devenir meilleur dans ce compartiment du jeu.
Parlez nous du match à venir entre le service d’Andy et les incroyables retours de Federer. Comment cela va‐t‐il se passer ?
AM : Je crois que Federer a un bon retour. Mais je ne pense pas qu’il soit « incroyable ». Il ne breake pas autant ses adversaires qu’un certain nombre de joueurs. Mais il va faire jouer Andy. Et si Andy lui donne suffisamment de chances, Roger les saisira. Une chose est sûre, il devra très bien servir, particulièrement au début de chaque jeu, pour essayer d’être devant au score, et ainsi ne pas donner à Roger la chance de s’engager pleinement, librement et sans pression dans ses frappes. S’il parvient à toujours se retrouver à 15–0, 30–0, cela sera difficile pour Roger. Pour autant, et de manière évidente, Federer est le favori. S’il joue à son meilleur et qu’il est efficace en passing, il n’y a aucune raison qu’il ne puisse pas gagner.
Publié le samedi 4 juillet 2009 à 00:20