AccueilWimbledonNadal-Murray, ça sent la poudre !

Nadal‐Murray, ça sent la poudre !

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Rafael Nadal‐Andy Murray. C’est l’affiche de la deuxième demi‐finale, aujourd’hui, à Wimbledon.

Et quelle affiche ! Français chau­vins, ne la délais­sons pas. Ce match rassemble tous les ingré­dients pour un plat des meilleurs : le numéro un mondial, tenant du titre, face au numéro quatre, porté par tout un peuple le voulant succes­seur d’un certain Fred Perry. 

Certes, au jeu des confron­ta­tions directes, la tambouille attire moins : Rafa a remporté 11 de ses 15 face‐à‐face avec Mister Andrew, dont leurs deux sur gazon, en trois sets un peu secs. Mais ne nous y trom­pons pas : cette année, Andy a – peut‐être – les armes pour tromper la hiérar­chie. Après sa finale perdue à l’Open d’Australie, en janvier dernier, quatre mois de galère se sont offerts à lui. On le croyait perdu… Mais, à Roland, petit à petit, jusqu’en demi‐finale, il s’est redé­cou­vert : souvent dilet­tante en posi­tion domi­nante, il a retrouvé, dominé, dos au mur, un esprit offensif qui pousse à l’optimisme. Titré au Queen’s – son premier depuis huit mois –, il fait preuve d’un allant inté­res­sant depuis le début de la quin­zaine. On l’imaginait en danger face à Richard Gasquet, il l’a fessé sans conces­sions ; on sentait le piège face à « Deliciano » Lopez, là encore, il n’a pas trembloté. 

Le voilà en demie : on l’y atten­dait, pas plus, pas moins. Cette année, il semble avoir moins de pres­sion, drainer moins d’illusions – la faute à sa première partie de saison. Pour lui, c’est peut‐être le moment idéal de sortir de sa boîte et surprendre son monde. « Ce n’est pas un match qu’il espère pouvoir gagner, mais un match qu’il pense pouvoir remporter », écrit Simon Barnes, dans le Times. C’est tout ce qu’on lui souhaite.

« Murray pense pouvoir gagner »

En face, Rafael Nadal nous laisse scep­tique. En forme ? Pas en forme ? Friable ? Sûr de lui ? Il laisse un set à Mardy Fish, bon. Face à Del Potro – et malgré ce que beau­coup en dissent –, il n’a pas été inquiété plus ça. Son niveau de jeu, dans l’ensemble, était supé­rieur à celui de son adver­saire – trop incons­tant, entre puis­sance et longueur, et mi‐courts occa­sion­nels et surpre­nants. Mais ce n’est pas tant ses produc­tions on‐court qui nous inter­roge, mais ses sorties off‐court, dans les médias anglais. Un Rafael Nadal aussi offensif dans ces propos, on en a peu souvenir, tant il s’est fait messager des dieux Prudence et Consensus. Petite piqure de rappel : « Personnellement, je ne prenais aucun plaisir à regarder un match entre Pete Sampras et Goran Ivanisevic, ou des joueurs de ce type. Ce n’est pas vrai­ment du tennis, mais juste quelques mouve­ments de raquette » ; « le tennis de cette époque était moins attractif que celui de la notre, tout le monde préfère le tennis que nous prati­quons aujourd’hui » ; « pour moi, dans le passé, le tennis se limi­tait à servir, servir et encore servir » ; « on parle souvent du ralen­tis­se­ment du gazon, mais, moi, depuis que j’ai commencé à jouer à Wimbledon, depuis 2002, je n’ai vu aucun ralen­tis­se­ment, les courts sont exac­te­ment les mêmes » ; « aujourd’hui, les joueurs que vous avez en face sont trop bons pour monter au filet ; quand vous faites service‐volée, vous voyez souvent la balle vous passer sous le nez aussi vite » ; mais égale­ment : « Les riva­lités d’avant n’étaient pas bonnes, à mon sens, pour les enfants, surtout, car l’éducation est vrai­ment impor­tante ; si ceux qui nous supportent nous voient nous chamailler chaque semaine, il feront certai­ne­ment la même chose plus tard ; à mon sens, ce n’est pas comme ça que le monde doit fonc­tionner. »

Nadal offensif… médiatiquement

Ca décoiffe ; avouons qu’on ne sait quoi en penser. Est‐ce la mani­fes­ta­tion d’un certain malaise, d’une assu­rance perdue ? Ou la modi­fi­ca­tion et le travail d’une image qu’on voudrait faire passer du trop asep­tisé au carac­tère affirmé ? L’interrogation est posée, peut‐être aura‐t‐on des éléments de réponse dès dimanche soir.

Quoi qu’il en soit, pour aujourd’hui et ce qui nous concerne, un gros match nous attend. « Ce sera très diffi­cile, car Andy joue à un très, très haut niveau. Un beau chal­lenge, en somme, et j’aime ce genre de rencontres. » Dixit le King tenant du titre. « Je crois pouvoir le battre ; j’ai eu des chances l’année dernière, on avait joué à un bon niveau tous les deux. Je dois juste avoir, aujourd’hui, un meilleur plan de jeu. Parfois, ça se joue à la tactique, parfois, à l’expérience. Mais, de toute façon, je devrai bien servir, arriver avec de bonnes inten­tions et croire en mes chances. » Dixit le préten­dant à la couronne.

Soit : que le meilleur gagne !