Ce jeudi 13 décembre, WLT remet son Award du trentenaire de l’année.
Le ou la trentenaire. Trois joueurs et trois joueuses nominés, pour un seul prix. Un prix qui vise à récompenser la performance d’un joueur approchant de la fin de sa carrière. Mais qui, cette année, a rappelé qu’expérience et résultats pouvaient marcher de concert. Exit les Federer et Serena – une autre catégorie, plus prestigieuse, les attend. Ici, il s’agit de valoriser qui une belle histoire, qui une étonnante abnégation, qui une constance, qui un retour en forme.
Vous ne trouverez ni de Roger Federer, ni de Serena Williams dans ce listing. Ces trentenaires sont hors‐catégories… ou, plutôt, réservés à une autre catégorie un peu plus prestigieuse. C’est le parti pris de WLT.
Je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître… Un temps qui sacrait Tommy Haas dauphin du tennis mondial. Le 13 mai 2002, à 24 ans, il accède à la deuxième place à la suite d’une finale à Rome. Derrière Lleyton Hewitt, mais devant Andre Agassi, Yevgeny Kafelnikov et Marat Safin. Cette année‐là, il passe 20 semaines dans le top 3. Etrangement, il n’y gagne aucun titre et cette finale italienne reste la seule de cette saison. Mais il se hisse jusqu’en demi‐finales de l’Open d’Australie – avec un succès en cinq manches sur un certain… Federer ; en huitièmes à Roland Garros et à l’US Open ; et enchaîne les demies à Toronto, Indianapolis et Long Island. Les années d’avant, il avait remporté cinq trophées et joué huit finales, dont une lors de la prestigieuse Grand Chelem Cup, en 1999.
Dix ans après cette année 2002, revoilà Tommy Haas sous le feu des projecteurs, élu « comeback de l’année » par l’ATP. 205ème mondial en janvier, il termine 21ème mondial, mais a retrouvé, deux semaines durant, les honneurs du top 20. Ceux, également, d’une 500ème victoire sur le circuit. Vainqueur de Roger Federer pour s’adjuger le titre à Halle, il a également joué les finales des tournois de Hambourg et Washington. Ainsi que deux quarts de finale en Masters 1000… Et a battu rien moins que neuf joueurs du top 15, dont Federer, évidemment, Berdych, Tsonga, Simon, Almagro, Tipsarevic… De quoi lui laisser beaucoup de satisfaction : « Parfois, j’ai moi‐même du mal à y croire. Je n’ai jamais baissé les bras parce que j’ai cette confiance dans mon physique qui me dit que je suis toujours capable de bien jouer. Si on croit en soi, tout est possible. Evidemment je ne m’attendais pas à revenir dans le Top 20 cette fois mais j’ai toujours su que lorsque j’étais en bonne santé je pouvais très bien faire. » Un déclic particulier ? « Je me suis senti bien dès le début. A Munich j’ai atteint les demies et j’ai pris de plus en plus confiance en mon jeu au fur et à mesure que la saison avançait. La victoire à Halle contre Federer a été sacré tremplin. C’est un double défi : physiquement et mentalement. Vous devez passer par d’énormes efforts afin de revenir en condition à ce niveau, et aussi effacer les peurs et les pensées négatives liées aux précédentes blessures. Cela veut dire beaucoup. Ma 500e victoire et mon titre à Halle me satisfont aussi énormément, parce que personne ne s’y attendait, et je suis honoré d’avoir reçu cette récompense pour mon comeback. J’espère rester sur le rythme de cette année fantastique en 2013. »
Et oui, car si ce « comeback » fait plaisir, c’est bien parce qu’il en est – et profondément. Un comeback. Un retour de l’enfer. On n’imaginait pas que Tommy Haas puisse retrouver la gloire à 34 ans passés, après les galères qu’il a vécues. Après cette fameuse année 2002, il a, en effet, chuté au classement, suite à un accident qui laissa son père dans le coma. Il met alors sa carrière de tennisman de côté tout au long de la saison 2003. Et ne reprend qu’en 2004. Une remontée fulgurante de nulle part jusqu’au top 20. De bonnes années en 2006 et 2007, mais de nouveau des blessures… 18 semaines en 2008 ; une dizaine en 2009 ; et, surtout, cette opération de la hanche en 2010 qui le laisse 15 mois sur le carreau. Hanche, dos, épaule, fièvres et infections en tout genre, jusqu’à la grippe A… Tommy s’est, toute sa carrière durant, trimbalé un physique aussi fragile que la flamme d’une bougie en haut du col du vent.
Un vrai gâchis, pour un joueur au talent exceptionnel, servi par l’un des plus beaux revers du circuit et une finesse comme on n’en fait plus. Mais en 2012, avec la maturité, Tommy semble avoir retrouvé la saveur d’un vin âgé, d’autant plus excellent. C’est l’une des surprises de l’année, sans aucun doute. L’un des trentenaires. Et l’espoir qu’une certaine idée du tennis subsiste encore en ce monde de brutes.
Les WLT Awards sont organisés en partenariat avec « Roger, mon amour », le livre tennis événement sur Roger Federer.
Publié le jeudi 13 décembre 2012 à 12:30