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Rosol‐Nadal, exploit de l’année 2012

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C’est l’élu… de peu ! Lukas Rosol est crédité de « l’ex­ploit de l’année 2012 » par WLT. Vous, inter­nautes, lui avez accordé 41,82% des voix. Auxquels se sont ajoutés 32 points déli­vrés par six membres de la Rédaction. Soit 73,82 points. Sept de plus, seule­ment, que Virginie Razzano, pour sa perf’ face à Serena Williams, à Roland Garros. Virginie récolte 38,45% des votes. Avec 28 points décernés par la Rédaction, elle baisse pavillon de peu. Mais place à l’élu du soir !

Lukas Rosol a réalisé l’exploit de l’année 2012. Le Tchèque a créé la sensa­tion en élimi­nant Rafael Nadal au deuxième tour de Wimbledon. Une victoire qui réson­nait comme un véri­table séisme, tant personne ne pouvait prédire une telle issue à ce match.

Ce devait être un match comme un autre…

Jeudi 28 juin 2012. Rafael Nadal dispute son deuxième tour de Wimbledon face à Lukas Rosol, alors classé 100ème joueur mondial. Un adver­saire large­ment à la portée du récent vain­queur de Roland Garros. Nadal a débarqué à Londres avec la ferme inten­tion de remporter un troi­sième titre sur le gazon du All England Lawn Tennis and Croquet Club. La veille, Rafa avait, à n’en pas douter, savouré la quali­fi­ca­tion de la sélec­tion natio­nale espa­gnole pour la finale de l’Euro de foot­ball. Etant présent en Espagne à ce moment‐là, j’ai le souvenir que la presse titrée sur sa Roja, si fière de l’exploit qu’elle était en train d’écrire. Un choix tota­le­ment logique au vue de la perfor­mance incroyable de la part de la sélec­tion de Vincente Del Bosque. La rencontre de Nadal était attendue bien évidem­ment, mais à aucun moment les Espagnols ne pouvaient envi­sager une défaite de leur cham­pion. Autrement dit, ce match était un match comme un autre. Et Rafa devait se quali­fier pour le troi­sième tour et pour­suivre sa route. Car il faut le rappeler, s’il s’imposait à Londres, il récu­pé­rait la première place mondiale… 

Rosol en état de grâce

Cela devait donc être une simple forma­lité. En face, Lukas Rosol arri­vait sans pres­sion, tota­le­ment décom­plexé par l’enjeu de la rencontre. Le Tchèque allait faire rentrer ce jeudi 28 juin dans l’histoire du tennis. Rosol a déve­loppé un tennis abso­lu­ment incroyable. Il s’est appuyé sur une énorme première balle. Les statis­tiques le prouvent, avec 22 aces et plus de 70% de points gagnés derrière son service. Il jouait fort, il tapait très fort dans la balle, et les coups droits tombaient alors comme des missiles sur Nadal. L’Espagnol ne pouvait abso­lu­ment pas respirer, Rosol frap­pait tout ce qu’il pouvait. Mais Rafa est un immense cham­pion. Il réagis­sait dans le quatrième set pour égaliser à deux manches partout. On se disait alors que la dyna­mique semblait être du côté espa­gnol. Mais c’était le moment choisi par les orga­ni­sa­teurs pour inter­rompre la rencontre et déplier le toit, pour faire face à la nuit tombante. Peut‐on dire qu’il s’agit du fait de match qui a fait basculer la rencontre ? Peut‐être, mais en aucun cas cela n’enlève au mérite du Tchèque. Car d’entrée de cinquième manche, il prenait le service de Rafa, pour ne plus jamais le lâcher. Sur son service, Rosol fut impé­riale. Et comme un symbole, le Tchèque concluait le match sur un nouvel ace. En s’imposant 6–7 6–4 6–4 2–6 6–4, Rosol infli­geait la première défaite au second tour pour Nadal depuis l’US Open 2005. C’est dire à quel point l’exploit est immense pour ce joueur. Et il n’y se trom­pait pas à l’issue de la rencontre. « Où se situe ce match dans ma carrière ? C’est le plus grand moment ! Ça ne m’est jamais, jamais arrivé. Et puis, là, sur le Centre Court, à Wimbledon… Je ne m’y atten­dais pas. J’étais entré sur le court avant juste pour voir à quoi il ressem­blait, combien de personne il y avait… Je n’arrive pas y croire. » La façon dont a joué Rosol paraît presque irréel, tant il était en réus­site ce jour‐là. Auteur de 65 points gagnants pour 29 fautes directs, il a réalisé le match parfait. 

Alexis Tetang, agent de Rosol, n’est pas surpris du jeu de Lukas Rosol. « Lukas joue toujours comme ça. Il frappe fort, très fort même, et surtout il ne se pose pas de ques­tions. La première fois que je l’avais vu joué il m’avait épaté et donc par la suite je l’ai vite contacté pour le faire venir en France (…) Lukas est très cool en fait. Je suis parti avec lui à Bordeaux pour jouer le club de Primrose, ce fut un séjour très agréable. Après c’est vrai qu’il n’est pas très apprécié car on n’aime pas ce type de joueur. Il tente toujours des choses impos­sibles et peut égale­ment refuser de jouer. Contre Nadal c’est clair que quelques fois sur les jeux de retour sans « balancer », il tentait des coups impro­bables. C’est une atti­tude pas acceptée sur le circuit. D’ailleurs l’Espagnol n’a pas vrai­ment apprécié je pense. Si on rajoute à cela sa première balle, il est évident que lorsque l’on est en face cela peut devenir vite éner­vant. Lukas est comme un boxeur, il te rentre dedans tout le temps. Il est évident qu’il n’a jamais laissé Rafa installer son jeu, ou plutôt il ne le lui en a pas donné la possi­bi­lité. Il y a eu peu d’échanges de plus de quatre frappes, et quand il tentait réel­le­ment de faire le break, il l’agres­sait tout le temps sur son premier coup. Tactiquement, il a été impec­cable. C’est facile de dire après coup qu’il pouvait le faire mais sincè­re­ment quand il est dans cet état mental, Lukas peut rester constant dans sa bulle et rien lâcher. »

La sensa­tion est monu­men­tale. Ce que vient de réaliser Rosol appa­raît comme un véri­table séisme, qui dévaste le monde du tennis. En état de grâce du début à la fin, il réalise le match de sa vie. Son atti­tude semble en marge de la majo­rité des autres joueurs comme le disait Tetang. C’est sans doute une raison de plus qui rend cet exploit encore plus surréa­liste. Ce vendredi 29 juin, l’Espagne se réveille avec la sensa­tion que le spec­tacle proposé la veille n’était pas réel…

Pour ceux qui n’auraient toujours pas vu les meilleurs moments de cette rencontre, les voici.

Les WLT Awards sont orga­nisés en parte­na­riat avec « Roger, mon amour », le livre tennis événe­ment sur Roger Federer.

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