Serena Williams, Victoria Azarenka et Maria Sharapova. Dans l’ordre. Serena est élue « Joueuse de l’année », choisie par les internautes, quand la Rédaction, elle, avait plutôt voté pour Vika. 69,75 points pour l’Américaine ; 66,54 points pour la Biélorusse. Sharapova est créditée de 20,63 points. Sara Errani, elle, a été le deuxième choix de deux de nos journalistes, pour ses performances en simple… et en double !
Serena Williams est élue « Joueuse de l’année 2012 » par WLT. Avec 69,75 points, elle devance Victoria Azarenka de peu, créditée, elle, de 66,54 points. Serena voit récompensée une année forte de titres à Wimbledon, aux Jeux Olympiques, à l’US Open et au Masters. La numéro trois mondiale, désignée Championne du Monde par l’ITF, est également couronnée pour notre Rédaction.
Les WLT Awards sont organisés en partenariat avec « Roger, mon amour », le livre tennis événement sur Roger Federer.
Janus. Deux visages. De l’un à l’autre ? L’évolution : l’apanage de cette divinité latine. Serena Williams pourrait en être grande prêtresse. Si, si, imaginez bien, fermez les yeux… Une toge blanche, sa peau noire et ses yeux en amande. Et le cœur sanguinolent d’un bouc fraichement sacrifié entre ses mains levées – ah non, le bouc était généralement réservé à l’adoration de… Vénus. Bref.
Cette année a, une fois de plus, révélé la double nature profondément ancrée de Serena Williams. Miss Serena, la sérénité et une certaine manière d’envisager la vie. Et Miss Williams, l’ogre des courts de tennis, aux cris crépusculaires, résonnant comme le tragos du bouc précédemment cité à chaque coup de raquette. Miss Serena, l’enfant au monde de princesse, qui fait parler ses chiens et s’est construit son petit univers de plaisirs et gâteries. Armure de soie rose pour mieux se protéger ? On ne rappellera pas son histoire toute particulière, de l’assassinat de sa sœur à la paranoïa aiguë d’un racisme environnant, jusqu’au contexte militaire des entraînements concoctés par le père. Miss Williams, qui – avouez‐le – nous a tous effrayés un jour ou l’autre par sa puissance, sa carrure et son jeu tout en démolition. Des épaules herculéennes, des cuisses comme les deux troncs d’un Ent – l’heure est à Tolkien, alors profitons‐en – et un corps sculpté pour le combat. Ce qu’elle aime d’ailleurs et elle a fait parler ses ressources mentales tout au long de la saison.
Double nature, double visage. Qui imprègne jusqu’à son sort en un mimétisme forcené. Son année 2012 n’échappe pas à la règle. Miss Serena a pris le pas durant tout un semestre. Avant que Miss Williams ne s’impose le semestre d’après. Quart de finale à Brisbane, huitième de finale à l’Open d’Australie, quart de finale à Miami… Trois mois, trois tournois, trois déceptions. La faute à une Ekaterina Makarova en feu et une Caroline Wozniacki retrouvée. Etrangement, la saison sur terre sonne un premier réveil. Notre ogresse préférée remporte le titre à Charleston et bisse à Madrid. Avec, en plat de résistance, de la Sharapova mijotée sur son lit d’Azarenka fraîchement débitée. Son physique souvent défaillant lui remet ensuite les pieds sur terre, puisqu’elle est contrainte au forfait à l’aube d’une belle demi‐finale face à Na Li, à Rome. Avant de voir son orgueil de championne humilié sur la terre de la Porte d’Auteuil par une Virginie Razzano étonnante, 4–6 76(5) 63. Pour la première fois de sa carrière, l’Américaine est sortie au premier tour d’un Grand Chelem, devant 6,5 millions de téléspectateurs français ébahis.
« J’étais trop nerveuse, j’ai fait tellement de fautes ! Je suis très déçue, mais c’est la vie. Quant à l’arbitre, ce n’est pas celle qu’on préfère sur le circuit… »
Une manière de dire : passons à autre chose. Exit Serena, voici Williams. Le visage change et la volonté s’affermit avec la confiance du physique. A Wimbledon, c’est le début du show. Non, pas tout en facilité, mais à force de hargne et de démolition progressive. Sur les courts du All England Club, elle souffre face à Jie Zheng, souffre contre Yaroslava Shvedova et souffre encore en finale, face à Agnieszka Radwanska. Mais gagne et dans l’esprit Williams, c’est tout ce qui compte. Titre en poche, elle enchaîne à Charleston dans un tableau déserté. Se balade aux Jeux Olympiques, en écrasant successivement : Jankovic, Radwanska soeur, Zvonareva, Wozniacki, Azarenka et Sharapova. 17 jeux concédés en six matches, faites le calcul vous‐même et partez en courant. La série s’arrête à Cincinnati, en quarts, sous les coups de boutoir d’Angelique Kerber. En attendant, Williams a remporté 12 matches sans laisser le moindre set à ses adversaires. L’US Open est déjà là… Le temps de distribuer les baffes, dirait un autre ogre aux formes bien dessinées. Hlavackova prend 6–0 6–0, Ivanovic un et trois, Errani un et deux. Seule Victoria Azarenka fait de la résistance, mais baisse finalement pavillon, 6–2 2–6 7–5. Le temps de faire une nouvelle pause. Williams revient et remporte le Masters. Elle termine numéro trois mondial, mais vient de remporter 56 victoires en 60 matches. A 31 ans, elle n’a jamais semblé aussi en forme. Et réalise sa meilleure saison depuis bien longtemps.
« Je pourrais dire que c’est la meilleure saison de ma carrière, même si j’ai peut être eu un peu de mal à démarrer. Mais 2013 arrive… » Et c’est la grande question. Oui, Serena Williams est LA joueuse de l’année. Oui, elle a été désignée Championne du Monde par l’ITF. Non, elle n’est pas numéro un mondiale et l’éternelle discussion du « mérite à cette place » n’a pas lieu d’être : le tennis est un sport, entre jeu et physique, et cette deuxième composante ne peut être négligée. Azarenka est parvenue à enchaîner les épreuves, quand le corps de Serena, lui, s’est vu fragile et malmené, comme ses forfait durant le premier semestre le révèlent. Mais de quoi sera faite l’année prochaine ? Verra‐t‐on Serena ou verra‐t‐on Williams ? La voilà qui, déjà, se fait opérer du pied. Comment va‐t‐elle attaquer le mois de janvier ? Pis, comment va‐t‐elle se comporter face à la contestation des Vika et autre Maria ? Azarenka s’incline face à l’Américaine 6–1 6–3 en mai. 6–3 7–6(6) en juin et 6–1 6–2 en juillet. Mais résiste 6–2 2–6 7–5 en septembre.
En attendant, à WLT, on n’hésite pas à le dire, en témoins des époques, d’Evert et Navratilova à Steffi Graf et Seles : Serena Williams n’est pas la meilleure joueuse de tennis de l’histoire, mais elle est la plus forte. Elle tentera de montrer ce visage dès janvier. Le mois de Janus.
Les WLT Awards sont organisés en partenariat avec « Roger, mon amour », le livre tennis événement sur Roger Federer.
Publié le vendredi 21 décembre 2012 à 13:00